Critique : Serial noceurs

Vincent Julé | 9 août 2005
Vincent Julé | 9 août 2005

En France comme aux Etats-Unis, le grand écran n'a jamais pu se passer du petit. Surtout en ce qui concerne ses talents comiques. Des viviers ou espaces d'expression comme Canal + ou le Saturday Night Live ont nourri, et nourrissent encore la majorité des comédies mises en boîte chaque année. Dan Aykroyd, Billy Crystal, Bill Murray, Mike Myers, Eddie Murphy, Adam Sandler, Jimmy Fallon, Ben Stiller, Will Ferrell… tous – et pour ne citer que les plus emblématiques - ont fréquenté l'école SNL, avant de tenter chacun de leur côté, et avec plus ou moins de réussite et de longévité, l'aventure hollywoodienne. Pourtant, mine de rien, depuis quelques années, un petit groupe tend à truster le paysage comique américain – chez nous, il est seul et il s'appelle Jean Dujardin (sic !). Leur représentant actuel : Vince Vaughn !?! Oui, le Norman Bates de Psycho (1998), le seul à ne pas sortir du SNL, et que la presse américaine consacre pourtant comme le nouveau roi de la comédie. Les autres, ce sont les frères Wilson (Luke et Owen), Ben Stiller et Will Ferrell. Le cercle est bien sûr extensible avec Todd Phillips (Road Trip, Old School, Starsky & Hutch), Jon Favreau (acteur dans Very Bad Things et réalisateur de Elfe) ou encore les énergumènes du Daily Show, mais ces quatre-là forment un noyau dur que l'on retrouve dans Zoolander, Old School, Dodgeball, Anchorman et aujourd'hui Serial Noceurs (Wedding Crashers en VO). Autant dire parmi les films qui condensent le plus de morceaux de bravoure, de fous rires et de bras cassés.

Basé exclusivement sur le comique de situation (servi à toutes les sauces bien sûr), leur humour agit beaucoup dans l'instantanéité – héritage direct de la télévision -, et c'est pourquoi leurs films tendent à ressembler à une succession de sketchs, que l'incontournable apparition de Will Ferrell (bientôt un « running gag » ?) bouffe parfois presque littéralement le reste du métrage. Ainsi, Serial Noceurs paraît un bon compromis, puisqu'il s'agit en fait d'une comédie… sentimentale. Après quelques jetés de donzelles topless sur lit, que ne renieraient pas un Julio Lopez ou un Eddy Adam (et dont vous aurez un aperçu ), le récit se ressert sur le coup de foudre d'Owen Wilson pour Rachel McAdams, et le calvaire traversé par un Vince Vaughn d'habitude plutôt épargné. Deux revers d'une même pièce qui donnent au film une teneur moins iconoclaste, plus équilibrée à l'image d'un Mon beau-père et moi ou Mary à tout prix. Deux atouts charmes en plus : la lumineuse Rachel McAdams (N'oublie jamais, Lolita malgré moi) et la délurée Isla Fisher (I Heart Huckabees). Elles font tellement tourner la tête de nos deux compères à leur manière (à savoir diamétralement opposée), que les moments entre Vince Vaughn et Owen Wilson deviennent privilégiés. Comme si, leur alchimie et leur verve retrouvées, ils rechargeaient les batteries avant de retourner au casse-pipe.

Si Serial Noceurs n'a pas la folie furieuse d'un Old School ou un Will Ferrell à plein temps comme Anchorman (et non Ma Sorcière bien-aimée, très mauvais exemple), l'été, entre chef d'œuvre furtif et île casse-couilles (The Island, pas Lost… quoique), est propice à un joli 8/10 qui deviendra en toute logique un sympathique 7/10 a posteriori.

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