Critique : L'Amour aux trousses

Erwan Desbois | 21 juin 2005
Erwan Desbois | 21 juin 2005

Au sein de la succession de comédies françaises qui vont tenter de se faire une place au soleil du box-office estival (Camping à la ferme, Au suivant !, Emmenez-moi, Un vrai bonheur, tout ça d'ici le 13 juillet prochain), deux choses distinguent L'amour aux trousses de ses concurrents : son intrigue policière qui permet de varier les plaisirs, et la présence au générique de Jean « J'ai KC la barre des quatre millions de spectateurs » Dujardin. Ce dernier interprète Franck, flic de la brigade des stups qui travaille en duo avec Paul (Pascal Elbé) depuis des années… et qui couche avec sa femme Valeria (Caterina Murino). Lorsque Paul découvre ce secret au cours d'une mission, le décor est planté : les deux hommes vont devoir continuer tant bien que mal à travailler ensemble pour mettre la main sur le dealer qu'ils recherchent, tout en évitant de trop se tirer dans les pattes.

Grâce à la mise en scène rythmée et jamais pataude de Philippe de Chauveron (dont le précédent et premier long-métrage, Les parasites, remonte à 1998) et à des seconds rôles savoureux, la partie policière est une vraie réussite. Claude Brasseur (en oncle de Franck et homme d'affaires méditerranéen qui cache tant bien que mal ses activités mafieuses à son neveu), le brésilien Tarubi (qui joue un homme de main… brésilien, donc fana de football) et l'excellent François Levantal dans le rôle du dealer poursuivi par Franck et Paul donnent vie à des personnages excessifs mais jamais caricaturaux, qui peuvent donc représenter un danger plausible tout en restant amusants. Le dernier nommé en particulier, « gueule » dans des dizaines de films français depuis La haine, réalise une prestation jouissive et s'offre la scène la plus hilarante du film, lorsqu'il s'assure d'une façon plutôt musclée que le couple de retraités chez qui il a installé sa planque s'hydrate suffisamment pour résister à la chaleur.

Face à ces méchants très réussis, le duo de héros a bien du mal à exister, la faute en particulier à une répartition bancale des rôles entre les deux hommes tant dans leur relation privée que professionnelle. Franck est beau, drôle, perspicace et a toujours les meilleures idées pour faire rebondir l'enquête ; Paul est renfrogné, coincé dans une représentation très beauf du mari cocu et jaloux, et fait toujours rater les opérations de poursuite ou d'arrestation. Jean Dujardin n'a alors aucun mal à prendre le dessus sur Pascal Elbé et à faire une nouvelle fois valoir tout son talent de comédien en conservant en permanence l'équilibre entre le sérieux et la déconne, puisqu'il rend très crédible son personnage de flic tout en s'avérant aussi drôle que dans ses pures comédies comme Un gars, une fille et Brice de Nice.

L'amour aux trousses possède ainsi bon nombre d'atouts pour devenir un réel succès tous publics (on peut encore citer le charme sensuel mais jamais vulgaire de Caterina Murino). Malheureusement, le film laisse en définitive une impression d'inachevé due à des ambitions trop limitées : de Chauveron ne tire jamais réellement profit de sa situation de départ, repoussant sans cesse le moment où Franck avouera à Paul que son aventure avec Valeria n'est pas qu'une passade comme il le lui a assuré initialement. Le scénario fait donc du surplace dès que l'on quitte l'intrigue policière, ressassant sans cesse les mêmes situations qui finissent par devenir lassantes. Voilà tout le paradoxe de L'amour aux trousses : plus réussi que ce que l'on en attendait, mais décevant malgré tout car il aurait pu être encore meilleur.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire