Ghost Rider : critique

Laurent Pécha | 6 février 2007 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Laurent Pécha | 6 février 2007 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En attendant Les 4 Fantastiques et le surfer d'argent et surtout Spider-Man 3, c'est à un squelette en flammes chevauchant une moto d'avoir l'honneur d'ouvrir la déferlante comic 2007 au cinéma. 

Bien moins connu que ses illustres compagnons de jeu de la maison Marvel, le Ghost Rider a l'immense atout d'être interprété par une vraie star de cinéma, un comédien que l'on pensait de prime abord bien loin de ce genre de production, Nicolas Cage. Un constat primordial qui caractérise parfaitement la schizophrénie du projet et pour ainsi dire son échec artistique. Ghost rider n'est pas un blockbuster comme peuvent l'être les autres licences Marvel et à vouloir tenter de le rendre séduisant pour un public plus large, les auteurs du film, Mark Steven Johnson le réalisateur et scénariste en tête, ont eu presque tout faux. Ghost rider ne satisfera jamais pleinement le fan hardcore du comic et risque fort de laisser de marbre le spectateur lambda venu zyeuter un spectacle pyrotechnique impressionnant.

 

Photo Nicolas Cage

 

Déjà auteur d'un Daredevil foireux (même si sa director's cut, on ne le répétera jamais assez, réhabilite en partie la qualité du film), Mark Steven Johnson bien épaulé par sa star masculine, lui aussi fan du comic depuis sa plus tendre enfance, propose un Ghost rider aseptisé et propre sur lui - pas une goutte de sang, quelques effets horrifiques en CGI guère convaincants, le Rider écoute Karen Carpenter et mange des Jelly beans ! –. On assiste ainsi à un décalage constant entre la noirceur évidente du personnage (une relecture pas inintéressante du mythe de Faust) et le rendu visuel de la chose sur grand écran (du bruit et de la fureur mais aucune tripe, aucune réelle émotion). Outre cette volonté de ratisser large, l'échec du projet vient de son incapacité à proposer une histoire attractive. Réussissant le petit exploit de se tirer admirablement bien du piège relatif à la genèse du héros, un passage obligé toujours très délicat dans un premier opus rendu ici relativement attrayant grâce à la performance haute en couleurs de Cage, Johnson et consorts se vautrent lamentablement dans ce qui est le cœur du récit, à savoir la confrontation entre le Ghost Rider et ses nemesis. 

 

photo, Peter Fonda, Nicolas Cage

 

Entre un Peter Fonda sobre mais visiblement pas à l'aise dans les guêtres de Méphisto (les fans du comic peuvent pleurer d'avance) et un Wes Bentley honteux cabotin en Blackheart, sorte de Iznogoud du mal voulant être calife à la place de son diable de père sans oublier les trois sbires aux pouvoirs surnaturels bien risibles (remember les adversaires d'Elektra dans le navet de Rob Bowman), le Ghost Rider n'a vraiment pas grand-chose à se mettre sous le crane. À ne pas vouloir écouter ce bon vieux Hitchcock et son essentiel laïus sur l'importance de proposer de solides méchants, Johnson ne laisse au spectateur qu'un seul échappatoire : admirer la performance en roue libre de Nicolas Cage.

 

photo

 

Car, si du côté des gentils on zappera vite la belle plante de service (Eva Mendes qui ne sert à rien de rien mais qui a une sacrée belle poitrine et on nous le montre bien) et le marlboro man Sam Elliott en mentor du héros un brin plus subtil que le Kris Kristofferson de Blade (dommage que son ultime scène soit de loin la plus risible du film), on ne peut qu'être ébahi par la propension énormissime de Cage à investir le rôle et à en faire des tonnes (festival de grimaces lors des transformations, bombage d'abdos numériques devant la glace pour rappeler le temps du marcel des Ailes de l'enfer…). Même lorsqu'il est remplacé par son assez convaincant double numérique (au niveau du visage), le comédien prend un malin plaisir à jouer tout ceci au premier degré. C'est de ce décalage entre les intentions très sérieuses du bonhomme et la réalité de l'écran que naît un certain plaisir coupable.

 

photo

 

Ajoutez à cela quelques plans iconiques joliment torchés (le Rider et son pote le Fossoyeur se dirigeant à bride abattue sur fond de soleil couchant en plein désert), une bande son tonitruante et assourdissante, quelques private jokes décervelées et vous obtenez un sympathique nanar des plus inoffensifs. Quant à savoir si on attend la suite des aventures du Ghost rider, il n'y a qu'un pas que l'on ne franchira pas à moins que Mark Steven Johnson nous sorte une édition DVD où il revisite son film comme ce fut le cas avec Daredevil.

 

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commentaires
Flo
07/03/2020 à 15:42

Un sympathique B Movie, tout à fait dans le style des premiers comics (plus fun que vraiment horrifiques). Et l’occasion toujours bonne de voir Nicolas Cage inventer des trucs de dingues, lui qui n’a plus rien à prouver en tant qu’acteur (un peu comme Brando à un moment de sa vie).

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