Critique : Les Poupées russes

Didier Verdurand | 1 juin 2005
Didier Verdurand | 1 juin 2005

Xavier a 30 ans. Il en avait 25 dans L'auberge espagnole, l'un des meilleurs ambassadeurs du film français à travers le monde ces dernières années. Le principal atout des Poupées russes est d'être un film autonome qui dissimule pourtant avec une certaine finesse quelques clins d'œil qui rappelleront aux fans le premier opus. S'agit-il dès lors ici d'une véritable suite ? Oui, bien entendu, mais à la Truffaut, inévitable référence, ce qui va permettre à Klapisch de ne pas refaire le même film mais bien de devenir le témoin privilégié de son personnage fétiche et central en pleine crise d'« adulescence ».

Le titre, choisi avec finesse, prend alors tout son sens et Cédric Klapisch de s'en expliquer dans le dossier de presse : « On met des boîtes dans d'autres boîtes pour essayer de ranger des sentiments complexes. Comme Xavier le dit à la fin du film, les femmes qu'il rencontre sont comme des poupées russes et il doit bien y en avoir une petite cachée dans toutes ces boîtes et c'est celle-là qu'on cherche. »
Ces femmes se devaient d'être troublantes de charme et de féminité, et le casting, dans leur diversité, remplit merveilleusement bien ses promesses. Difficile pour le spectateur de faire un choix parmi Kelly Reilly, Audrey Tautou, Cécile de France, Evguenya Obraztsova (personne ne lui a conseillé de prendre un pseudo ?) ou Aïssa Maiga, la jolie black remarquée dans L'un reste, l'autre part de Claude Berri. Elles sont toutes belles, pétillantes et ont chacune l'occasion de séduire, sans jamais être sous-exploitées au profit d'une autre. Ne pas confondre poupées avec potiches. On regrettera juste l'absence de Judith Godrèche, dont le rôle dans L'auberge espagnole est peut-être le meilleur de sa carrière. En face, on trouve l'acteur, avec Jean Dujardin, dont toutes les femmes de France sont folles. Arsène Lupin, dernière faute de goût en date dans la filmographie de l'acteur, étant sorti fin 2004,on peut dire sans la moindre hésitation que 2005 est déjà une année clé dans la carrière de Romain Duris qui a su convaincre les amateurs exigeants de films dits d'auteur grâce à sa prestation dans le dernier Audiard (De battre mon cœur s'est arrêté), et qui va pouvoir encore élargir son public grâce à ces Poupées Russes loin d'être glacées.

Si les scènes sont souvent très drôles, il serait pourtant malvenu d'enfermer Les poupées russes dans le registre de la comédie. Il y a du romantisme, de la mélancolie, de l'espoir, du rêve et tant d'autres ingrédients qui font que ce film vieillira aussi bien que L'auberge espagnole voire mieux car il est formellement mieux maîtrisé. En attendant des retrouvailles dans quelques années…à Rome, puisque tous les chemins y mènent que ceux qui sont restés tièdes ou de marbre devant L'auberge espagnole se déplacent sans arrières pensées, ils devraient ne pas le regretter. Quant aux autres préparez-vous à voir l'un des meilleurs films français de l'année.

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