Casino Royale : critique du retour gagnant de James Bond

Julien Foussereau | 15 avril 2022
Julien Foussereau | 15 avril 2022

Casino Royale est ce soir à 21h11 sur Canal+.

Après Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton et Pierce Brosnan, place à Daniel Craig. Dans Casino Royale, l'acteur reprenait pour la première fois le rôle de James Bond, dans une aventure sous forme de reboot revenant aux origines du personnage de Ian Fleming. Avec Eva Green et Mads Mikkelsen, ce 21ème opus a marqué un grand coup, et résonné jusqu'à Skyfall et Mourir peut attendre. Et c'est bien mérité.

BLOND, JAMES BLOND

Pour le mordu de Bond à la mode Sean, l'intégralité de l'ère Brosnan est facilement compressible en un adjectif : amer. Le très aimé GoldenEye avait permis de remettre en selle un 007 que les années 80 avaient laissé exsangue. Pierce Brosnan avait alors tout d'un digne descendant de Sean Connery. Hélas, le syndrome Roger Moore le rattrapa vite, la faute à un humour bas de gamme, des gadgets cache-misère, et des intrigues de plus en plus absurdes. Le point d'orgue étant l'affreux Meurs un autre jour, avec son Aston Martin invisible et la séance de kite surf sur la banquise.…

Malgré le succès de ces films, un dépoussiérage de James Bond était nécessaire. Pour tout le monde, à commencer par les producteurs Michael G. Wilson et Barbara Broccoli, Meurs un autre jour était un point de non-retour, et la seule manière d'avancer était de reculer. Quitte à tout redémarrer. Ce qui tombait bien, puisque depuis plusieurs années traînait justement l'idée de revenir aux origines du personnage, en adaptant le premier livre 007 écrit par Ian Fleming, Casino Royale (porté à l'écran en 1954 dans un film non canon, avec Barry Nelson en Bond).

 

photoLes yeux dans les bleus


Comment ce trentenaire a-t-il évolué vers le super espion froid, impitoyable et séducteur connu du monde entier ? C'est la note d'intention de Casino Royale, un retour aux racines, qui avait pour mission de ne pas repousser les fans de la première heure tout en accueillant un nouveau public. À l'annonce de Daniel Craig en tête d'affiche, les quolibets ont fusé de toutes parts - trop jeune, trop blond, pas assez beau. Or, Casino Royale a immédiatement confirmé que son incarnation de l'agent 007, faite de brutalité quasi mécanique et d'arrogance glaciale, était la plus proche du matériau source.

Dans un sens, Martin Campbell, convoqué à nouveau après GoldenEye en tant que dynamiseur en chef, serait le manufacturier d'une mécanique robuste et Daniel Craig le détenteur des clés de contact. Seulement, là où Pierce Brosnan et son metteur en scène cavalaient de concert à une vitesse de croisière somme toute respectable, Daniel Craig déroule une vélocité proprement ahurissante dans la première heure, proche du surrégime pour Martin Campbell qui a parfois du mal à le suivre.

Entre deux sprints, sauts avec retournement à la réception, l'acteur imprime la pellicule de son magnétisme reptilien et impressionne par sa condition physique qu'il met à contribution dans le morceau de bravoure inaugural, la traque d'un artificier adepte de la haute voltige. Là, ludisme se marie avec vertige et sidération, un mariage d'autant plus remarquable de par la réduction drastique des effets numériques et le rendu efficace de la violence des coups portés.

 

photoBond contre Le Chiffre

 

ICY BLUE

Cette réussite dans la partie gros bras se voit malheureusement amoindrie dans la deuxième heure, le duel par cartes interposées entre 007 et Le Chiffre au Casino Royale en Serbie Monténégro. Martin Campbell se montre nettement moins à l'aise dans l'art de la dissimulation et du bluff d'une partie de poker, qu'embarqué dans un camion citerne, lancé à toute vitesse sur le tarmac de l'aéroport de Miami.

Comme s'il était conscient de cette faiblesse, le réalisateur croit sûrement bien faire en alternant les pures séquences de poker avec les coups bas pendant les phases de relâche, au cours desquelles le bon (le combat de la cage d'escalier) laisse peu à peu place au poussif.

 

photo, Daniel Craig, Eva GreenColis piégé


Cette déception a pour conséquence un étirement de l'intrigue qui n'en avait pas franchement besoin, au vu de la durée de Casino Royale (138 minutes avec le générique de fin). Une impression renforcée par la romance entre Bond et Vesper Lynd traînant en longueur. Ce dernier point attriste dans la mesure où le marivaudage en mode fascination/répulsion démarre de très belle manière. Vesper Lynd, campée par Eva Green, appartient à la trop rare catégorie des Bond Girls se plaçant au dessus du simple statut d'ornementation florale….

Toutefois, ces scories, manifestes, n'enlèvent en rien le plaisir que procure la vision de Casino Royale qui saura ravir le simple amateur de « Bonderies » comme le fan indécrottable qui prendra un malin plaisir à relever tous les clins d'oeils intertextuels éparpillés un peu partout (la chemise hawaïenne, le premier modèle Aston Martin, la sortie de l'eau de Bond calquée sur celle de Ursula Andress, etc.).

 

Affiche française

Résumé

Inégal, Casino Royale l'est certainement. Mais on ne peut enlever à ce 21eme épisode cette volonté de bousculer comme jamais les habitudes afin de retrouver une seconde jeunesse. Et avec cette bombe de charisme qu'est Daniel Craig, le chemin est déjà à moitié fait.

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Lecteurs

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commentaires
Eddie Felson
15/04/2022 à 20:23

Casino Royal…où le meilleur Bond de la Saga 007, le plus charismatique des méchants, la plus belle, la plus importante et la mieux servie niveau scénario des Bond girls (et quelle présence!), la meilleure des intro et l’une des séquences d’action les plus cultes (grue)… what else… secoué mais non agité! N•1 définitivement

Pat Rick
16/11/2020 à 20:33

Pas fan de ce film, la saga a perdu beaucoup de son charme depuis l'arrivée de Craig.
Les 2 derniers sont bons.

Sagahnah
16/11/2020 à 13:37

@Ethan
Des acteurs Français dans l'ère Craig, il y en plein : Eva Green donc, Mathieu Amalric, Bérénice Marlohe, Lea Seydoux. Même Olga Kurylenko, qui ne l'est pas de naissance, a la nationalité Française.
Par contre, des personnages français dans les films, à part Dominic Greene (Amalric), je ne crois pas. Madeleine Swann (Seydoux) est Suisse je crois, Camille (Kurylenko) est Bolivienne et bien sur Vesper Lynn (Green) est anglaise. Pour Séverine (Marlohe), de souvenir, rien n'est précisé.

KastorSuper
16/11/2020 à 12:40

Probablement le meilleur James Bond avec une seconde partie exceptionnelle et une James Bond girl d’une beauté renversante !
Bravo à Marlène Jobert !

James Craig
16/11/2020 à 09:05

heu, on peut demander à Daniel Craig de jouer un peu?
peut-on lui rappeler qu'il jour dans un film?
car il tire a peu pres toujours la tronche dans les 007 qu'il a joué!
au tarif qu'il prend, un peu de variation dans son Jeu, çà serait trop demander?
ou alors il est un acteur limité au niveau Acting

Fripouille 37
16/11/2020 à 07:29

Ceux qui trouvent Daniel Craig sans charisme ne doivent pas connaître le sens de ce mot, ou être eux même exceptionnel dans ce domaine.... Lol !

Francis Bacon
16/11/2020 à 01:19

Pour moi aussi c'est le meilleur Bond avec Craig. J'aime bcp aussi Quantum que je trouve très réussi et je n'ai jamais compris pourquoi il a été et reste tant décrié, peut-être comme le dit Kyle Reese l'influence trop marquée de Jason Bourne. A partir de Skyfall, je trouve que le studio a pris le contre pied des 2 premiers Bond-Craig en cassant le réalisme, en réintroduisant des gadgets à tout va et des personnages de la mythologie (Monneypenny, Q, Blofeld) pu en jouant trop le côté du méchant monstrueux (j'ai détesté la scène où Bardem enlève sa dentition). J'ai trouvé ce retour à un Bond moins réaliste dommage, même si la real de S Mendes est un vrai plus en termes d'ambiance (mes nombreux plans d'ensemble parfaitement composé et symétrique, l'éclairage de la scène de poursuite entre Bond et Thiago Sylva dans le manoir des Bond)

Kyle Reese
16/11/2020 à 00:30

@ethan

Il y a Mathieu Amalric qui incarne Dominic Greene le méchant de Quantum of Solace (me souvient plus si sa nationalité est mentionnée) mais son accent français est bien là. Le moins film bon de l’ère Craig.

Ethan
15/11/2020 à 23:50

Moi je préfère Pierce mais Craig est pas mal aussi. Même si passer à travers un mur en Placo c'est un peu gros !
Casino Royale est l'un des meilleurs je trouve
Les acteurs jouent très bien.
Vesper avec Natalya (Goldeneye) fait partie des meilleurs love story de Bond
Eva Green vraiment une très grande actrice.
Je me trompe peut-être mais il y a pas de français dans les films avec Craig

Numberz
15/11/2020 à 22:08

Permis de tuer
Aux services secrets de sa majesté
Tuer n'est pas jouer
Dr no
Casino royale.

Je sais c'est un top 5 atypique...

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