Critique : L'Empire des loups

Le cinéma de genre à la française tendance thriller haletant a un nouveau « grand » inspirateur : Jean-Christophe Grangé. Après Les rivières pourpres et en attendant Le Concile de Pierre, Le vol des cigognes et La ligne noire, c'est L'empire des loups qui ouvre la future déferlante Grangé. Au bout des deux heures et dix minutes en temps réel (comptez facilement le double en temps ressenti) que dure le film de Chris Nahon, le bon sens impose d'être plus que réservé sur l'avenir. Romancier efficace, Grangé, co-auteur du script, est de toute évidence un très, très mauvais scénariste. En atteste l'indigence absolue du récit de L'empire des loups qui culmine dans un final apocalyptiquement nul (en grande partie réinventé pour la version cinéma) malheureusement même pas digne d'un bon Z; le rire étant ici tragiquement remplacé par la consternation devant tant de bêtise et de foutage de gueule. Entre temps, le spectateur résistant (vive la caféine), aura eu tout le loisir de découvrir les mille et une erreurs à ne pas commettre lorsqu'on veut faire un thriller un tant soit peu correct (on n'ose mettre emballant).

Terriblement mou du genou (une heure pour installer confortablement l'intrigue), pas intriguant pour un sou (contrairement aux Rivières pourpres, le coup des deux histoires parallèles qui se rejoignent, laisse de marbre), superbement mal joué (Jean Reno en totale roue libre et à mille lieux du personnage diabolique et effrayant qu'il est censé interpréter), plombé par des dialogues risibles…quand on arrive à les entendre distinctement, abusant d'une direction artistique qui a trop vu Se7en (manque plus que l'arche de Noé à la place des péniches), L'empire des loups risque fort de mettre dans l'embarras ceux qui auront descendu en flammes Les Rivières pourpres 2, obligés qu'ils vont être de redéfinir leur barème et leurs superlatifs. Allez, c'est décidé, le taux de « bouzité » à Écran Large est adopté (merci Bruno) et L'empire des loups en est pour l'instant le plus digne représentant. De loin !