Closer, entre adultes consentants : Critique

George Lima | 17 janvier 2005
George Lima | 17 janvier 2005

De sulfureux, Closer, entre adultes consentants n'a que la réputation qui le précède. Bien que centré sur le sexe et la manipulation dans les rapports amoureux, le nouveau Mike Nichols est visuellement très sage. Une réserve qui, même si elle constitue le principal atout du film, décevra certains spectateurs alléchés par le casting. Privilégiant une mise en scène très sobre faisant la part belle au texte plus qu'à l'image, Nichols signe un film plus en substance qu'en style. Là où nombre de cinéastes ne pensent qu'à filmer ébats et nudité pour évoquer désir et sensualité, le réalisateur américain préfère bousculer les esprits en s'appuyant sur des dialogues crus, directs et rarement placés dans la bouche de stars hollywoodiennes. Pour preuve, une scène de chat sexuel osé entre Jude Law et Clive Owen, bien éloignée de l'habituelle pudibonderie américaine.

 

 

Bien que très opposés, les personnages ont d'effrayantes caractéristiques communes dressant un portrait acerbe et très pessimiste de la gent masculine. Tour à tour manipulateurs, cruels et cyniques, les hommes du film sont aussi et avant tout d'une lâcheté et d'un orgueil déconcertants. Froids et détachés quand ils rompent, ils ne peuvent accepter d'être quittés et ne désirent que celles qu'ils ne peuvent garder. La palme de l'antipathie revenant sans conteste au personnage du médecin incarné par Clive Owen. Passé relativement inaperçu dans Le Roi Arthur, l'acteur éclipse en un éclair un Jude Law trop fade face à un tel monstre de sadisme et de virilité brute.

Seule Natalie Portman parvient à lui tenir tête dans une scène de strip-tease troublante de sensualité et d'audace. Autre révélation du film, la comédienne trouve ici son rôle le plus complexe et prouve que jeunesse et maturité n'ont rien d'antinomique. Son Alice s'avère rapidement beaucoup plus entreprenante, manipulatrice et caustique que sa douceur et sa mélancolie ne laissaient augurer. Face à elle, Julia Roberts fait tapisserie dans un rôle pourtant inhabituel de salope versatile n'ayant pour unique instinct de survie que froideur et franchise.

 

 

Outre son interprétation, la réussite de Closer, entre adultes consentants doit aussi beaucoup à un scénario construit sur un intéressant jeu elliptique nous épargnant bien des travers courants dans ce genre de thriller psychologique. Ici, aucune scène de réconciliations et de séparations clichés, pas plus que d'hystérie ou de sensiblerie. Cependant, un constat trop intransigeant sur le couple et l'intimité empêchera le nouveau Nichols de rester dans les annales du chassé-croisé amoureux cinématographique. Bien qu'amour et souffrance soient souvent liés, le metteur en scène balaie le romantisme et l'optimisme amoureux en une scène d'ouverture dont la beauté fait trop rapidement et facilement place à la laideur humaine. 

 

 

De même qu'un film sur les rapports intimes peut tomber dans la caricature par overdose de niaiserie et de guimauve, il est aussi facile de pêcher par excès de cruauté et de noirceur. Nichols semble l'avoir oublié, même s'il retrouve ici un certain regain de vitalité cinématographique après les décevants Primary colors et De quelle planète viens-tu ? Mais il lui sera difficile d'égaler un jour ses Qui a peur de Virginia Woolf et Le Lauréat, références absolues en matière de sensualité, d'intimité et de manipulation sur grand écran.

 

Résumé

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