Le Fils de Chucky : Critique

Patrick Antona | 22 février 2005
Patrick Antona | 22 février 2005

Suite au succès du précédent film de la série (La fiancée de Chucky en 1998), Don Mancini, scénariste de l'intégrale des Chucky, décide pour ce cinquième opus de mettre lui-même en scène les aventures sanglantes de sa création. Bien lui en a pris car, comme pour le précédent opus, le film permet à la saga comico-horrifique de notre poupée tueuse préférée de prendre une tournure à la fois originale et un tant soit peu osée, évitant ainsi la redite qui risquait de plomber une bonne franchise (l'opposé d'un Blade 3 en somme).

Toujours flanquée de sa fiancée Tiffany, le pinocchio maléfique à crinière rousse se voit ainsi confronté à sa propre descendance, en recherche d'harmonie familiale, et au monde d'Hollywood, via l'actrice Jennifer Tilly, vedette à l'origine du film illustrant leurs exploits soi-disant imaginaires. Faisant écho des scènes de ménage qui émaillaient le dernier épisode, les rapports conflictuels entre Chucky et sa fiancée sont à nouveau une des éléments de base du récit, mais cette fois-ci c'est le choix de l'identité sexuelle du rejeton de la famille qui devient le véritable enjeu entre les deux poupées psychopathes. Rejeton qui, à l'occasion d'un des gags les plus savoureux du film, se fait attribuer le prénom de Glen par son père, Glenda par sa mère (clin d'œil plus qu'appuyé à Ed Wood !).

 

 

À cette crise, dont le climax ultime verra Chucky parodier Jack Nicholson dans Shining, vient aussi se greffer une critique d'Hollywood et de son ambiance délétère. Même si, dans un premier tiers, tout cela fait beaucoup penser sans déplaisir bien au contraire au Freddy sort de la nuit de Wes Craven avec son côté Nuit américaine du film d'horreur, Le fils de Chucky trouve son rythme de croisière grâce à Jennifer Tilly dans un rôle à l'autodérison complètement assumée. N'hésitant pas à faire référence à ses atouts charmes premiers, ses problèmes de poids ainsi qu'à évoquer la scène cul(te) de Bound pour allumer le rappeur Redman, en quête d'une vierge Marie pour faire concurrence à Mel Gibson (!), l'actrice arrive à ne jamais être ridicule et , complètement survoltée, vole plus d'une fois la vedette au couple de pantins psychopathes.

 

 

Volontairement parodique (la masturbation de Chucky, Tiffany voulant se désintoxiquer de ses pulsions meurtrières), le film perd néanmoins de son souffle dans sa dernière partie, où l'action tourne un peu en rond, se confinant uniquement dans la villa de Jennifer Tilly (petit budget quand tu nous tiens !), et en se recentrant in-extremis sur le trauma psychologique de Glen/Glenda. Usant de caméos de luxe, avec Jason Flemyng (vu dans La ligue des gentlemen extraordinaires) en Père Noël de cinéma et surtout John Waters en paparazzo acharné, un tantinet sous-exploité quand même, Le fils de Chucky assume son quota de scènes gore assumées avec éventration, gorges tranchées, jusqu'au maquilleur Tony Gardner se faisant décapiter, le tout tempéré par un humour un brin envahissant, avec les sempiternelles jeux de mots de Chucky mais telle est la règle dans le slasher dorénavant …
Côté mise en scène, Don Mancini arrive à se montrer inspiré (le plan séquence du début tout en caméra subjective, hommage au John Carpenter d'Halloween, à la virtuosité technique d'un Brian de Palma pour finir par une désopilante variation de la scène de douche de Psychose) mais il révèle ses carences avec un découpage malhabile dans les scènes finales.

Résumé

Si Le fils de Chucky n'est pas le jeu de massacre impitoyable du cinéma hollywoodien auquel on s'attendait, à la manière du Boulevard du crépuscule gore et outrancier annoncé dans les previews, il se révèle être un bon spectacle, un film d'horreur qui n'étire pas ses effets à rallonge. Certes, tout ceci reste un peu bordélique par sa tendance à vouloir trop mélanger les thèmes mais la sincérité profonde dont font preuve Mancini et son équipe emporte largement notre adhésion. Sentiment renforcé par la performance de Jennifer Tilly qui, dans son rôle de virago prête à tout, remporte incontestablement la palme de « scream queen » de l'année.

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