Mulan : critique

Sandy Gillet | 2 novembre 2004 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Sandy Gillet | 2 novembre 2004 - MAJ : 09/03/2021 15:58

S'inspirant d'une ancienne légende chinoise qui raconte comment une jeune fille s'est travestie en guerrier, pour éviter à son père trop vieux de partir une nouvelle fois à la guerre, et devenant par la suite le héros de tout un pays en repoussant l'invasion des Huns, Mulan permettait à Disney de continuer, durant les années quatre-vingt-dix, son tour du monde des continents en quelques films d'animation, et d'appréhender un type de personnage radicalement différent du bestiaire usuel de la firme.

À l'origine du projet, on trouve un duo formé pour la circonstance : Tony Bancroft et Barry Cook. Collaborateurs de longue date et occupant habituellement des postes moins exposés au sein de l'entreprise, ils vont permettre à Disney d'étrenner en grande pompe ses nouveaux studios situés en Floride, qui vont assurer la majeure partie du film. Outre cette délocalisation, on ne peut pas dire que Disney n'ait pas pris de risques. Mulan s'avère en effet être, avec le temps, un vrai beau film d'animation plus tourné vers la psychologie de ses personnages et son histoire édifiante que vers le côté « monde magique de Disney ».

 

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S'adressant à un public plus jeune adulte que jeune, Mulan n'hésite pas à aborder de front un sujet très éloigné des centres d'intérêt de l'enfance (rechercher sa voie et trouver un sens à sa vie en « changeant de sexe »), et met quelque peu en veilleuse l'action pure et simple teintée d'humour qui a pourtant fait ses preuves par ailleurs. Il suffit pour cela de s'attarder sur les quinze premières minutes, complètement dédiées à la mise en perspective de la condition de la femme dans la Chine médiévale, pour comprendre à quel point les auteurs de Mulan ont poussé le bouchon aussi loin que le système le permettait.

 

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Il en résulte tout de même un film bancal, partagé qu'il est entre l'étude d'un caractère féminin au fort tempérament et de fait extrêmement moderne : point en effet ici de princesse éplorée, amoureuse, martyrisée, sauvée… et l'obligation de satisfaire tout de même aux cahiers des charges de la « Maison » avec aventures épiques (un peu tronquées du coup, ici), personnages secondaires provoquant le sourire ou l'hilarité (le dragon Mushu), et conclusion en forme de remise en ordre des choses (le guerrier Mulan se transformant enfin en épouse consentante et fière de sa condition).

D'un point de vue formel, on appréciera aussi la volonté d'épurer le trait dans le but évident de plus « coller » avec le style visuel propre à la Chine, ainsi que le mariage réussi entre l'image générée par ordinateur et le dessin plus classique en 2D. Depuis, Disney s'en est retourné avec plus ou moins de bonheur à ses sujets favoris d'aventures épiques (Tarzan, Atlantide, La Planète au trésor…) ou de comédies décalées à la Tex Avery (Kuzco, Lillo & Stich), avec en filigrane le sempiternel message sur l'acceptation de l'autre et de ses différences. Ici, Mulan est l'autre et elle se fout bien qu'on l'accepte. Elle qui trace sa route depuis 1998 et ne cesse de se bonifier avec le temps.

 

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