Basic Instinct : critique croisé-décroisé

Thomas Messias | 10 novembre 2017 - MAJ : 13/11/2018 16:22
Thomas Messias | 10 novembre 2017 - MAJ : 13/11/2018 16:22

Deux jambes qui se croisent, puis se décroisent, laissant deviner l'inavouable : c'est le plan le plus célèbre de Basic Instinct, thriller érotique et psychanalytique érigeant le sexe en révélateur de nos pulsions les plus sordides, et un des sommets de la carrière de Paul Verhoeven.

L'AMANT TROUBLE

D'emblée, Basic instinct annonce la couleur : l'aspect érotique de la première scène est aussitôt contrebalancé par une effusion d'hémoglobine. Comme si le spectateur était lui-même la victime, puni d'avoir laissé sa libido s'exprimer. Le ton est donné : pendant plus de deux heures, toute envie de concrétiser une quelconque attraction physique devra être considérée comme un danger potentiel. Baiser tue ? Oui, mais pas seulement.

 

Photo Sharon Stone, Michael DouglasSharon Stone et Michael Douglas

 

Avec toute la complexité qui le caractérise, Paul Verhoeven met en scène un polar qui n'a jamais l'air de ce qu'il est vraiment. Même dans son aspect le plus hollywoodien de thriller savamment tordu, Basic Instinct regorge d'intensité sexuelle. Verhoeven filme les scènes de sexe comme de véritables morceaux de thriller, des chorégraphies bestiales qui permettent aux personnages de mesurer (et éventuellement d'inverser) les rapports de force qui se sont installés entre eux. Le récit est véritablement transcendé par l'image, et le film doit tout à la minutie du découpage, au sens du cadre et à la direction de son réalisateur Paul Verhoeven, ainsi qu'à la fabuleuse photographie de Jan de Bont.

 

Michael Douglas a chaud

LE MAL PAR LE MÂLE

Verhoeven joue avec les objets (une écharpe en soie, un pic à glace, quelques miroirs) et insère avec délectation des symboles phalliques dans un maximum de plans, et permet à l'excellent scénario de Joe Eszterhas de devenir tout simplement un sommet de perversion au suspense haletant. Une réussite qui resterait mineure sans un casting juste génial. Sharon Stone trouve en Catherine Tramel, le rôle de sa vie. Sa plastique irréprochable, son regard de braise et sa façon de faire des glaçons font chavirer à la fois les tripes et le cortex.

Face à elle, Michael Douglas, une évidence dans le rôle du sex-addict, est parfait dans le rôle du chasseur devenu proie. Entre ces deux-là, et encore davantage dans le trio qu'ils forment avec l'ambiguë Jeanne Tripplehorn, la moindre oeillade ou le moindre geste se transforme instantanément en poudre à canon.

 

 

Résumé

Depuis quinze ans, avec ou sans Sharon Stone (surtout avec), les pâles copies de Basic instinct se sont succédées. Aussi excitants qu'une feuille de laitue, aussi profonds qu'un livre de la collection Harlequin, les Sliver, Jade et autres Basic instinct 2 ont montré à quel point le film de Verhoeven avait réussi à atteindre une sorte d'équilibre parfait entre excitation primaire, polar exaltant et psychanalyse aboutie.

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Lecteurs

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commentaires
Holly Body
11/11/2018 à 16:31

@Dutch Schaefer

La musique géniale de Jerry Goldsmith, la maîtrise simple et ultra-efficace du genre, le scénario très bien ficelé de Joe Eszterhas (souvent recopié, jamais vraiment égalé), l'interprétation assez fabuleuse de Sharon Stone, des scènes mémorables (des morts, le club dans l'église)... il en reste pas mal de trucs très bons, et pour moi il n'a pas vieilli. Une référence, qui reste solide et claire malgré les années, à chaque fois que je le revois au cours de ma vie/cinéphilie.

Dutch Schaefer
11/11/2018 à 16:15

J'avais découvert le film à l'époque de sa sortie en salle, j'avais à peine 20 ans!
Et une fois l'effet de phénomène passé, j'avais apprécié très moyennement cet opus du réalisateur. (j'adore toujours autant, ROBOCOP et STARSHIP TROOPER).
Mais ce Basic Instinct a je trouve relativement mal vieilli et n'est que le haut du panier d'une époque de polars erotico-sensuels qui furent produit en masse au début des 90's!
Alors oui le film de Verhoeven est l'oeuvre maîtresse de ces films qui connurent le succès!
Mais que reste t'il de ce petit polar sexy aujourd'hui?

Dirty Harry
11/11/2018 à 13:15

l'un des rares exemples réussis où le sexe fait avancer l'histoire, contrairement à bcp de films/séries qui font une "pause" Q dans leur récit, celui-ci exprime tout ce qu'il y a à savoir sur les personnages PAR l'action sexuelle (entre autres).

Tom's
11/11/2018 à 00:30

Ce film fut pour moi une révélation ado je vous laisse imaginer lol non mais c'etait vraiment un projet sulfureux,une alchimie rare s'est opéré et surtout la force de verhoeven d'avoir fait de sharon stone en catherine trammel sans doute la plus belle femme sur une écran un ange jouant le diable,naturel,désarmante sharon stone est géniale et douglas énorme aussi bref le thriller des 90'

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