Critique : La Plus belle victoire

Laurent Pécha | 24 septembre 2004
Laurent Pécha | 24 septembre 2004

Pour postuler au titre de comédie romantique de l'année, La Plus Belle Victoire (Wimbledon) possède de sérieux atouts : des comédiens talentueux (Kirsten Dunst, Paul Bettany, Sam Neil) et surtout un cadre pour la romance quasi inédit au cinéma : le milieu du tennis. Mais pour séduire le spectateur repu d'histoires à l'eau de rose au canevas irrémédiablement connu d'avance (ils se tapent dans l'œil, apprennent à se connaître, s'aiment, ne s'aiment plus puis finissent par s'aimer à la folie), le film de Richard Loncraine va devoir, tel ses héros tennismen (et women), jouer tous les coups à fond. Que la partie (le film) commence !


– Pour marquer son territoire et démontrer très rapidement que La Plus Belle Victoire ne se contentera pas de se servir de façon épisodique et surtout farfelue de l'argument tennistique du scénario, Loncraine ouvre son film sur une séquence de tennis plus vraie que nature, avec en point d'orgue l'excellente idée de partager les pensées de Peter Colt. Une idée que l'on retrouvera avec beaucoup de bonheur tout au long des matchs : 15-0

– Si le fait de se retrouver dans un univers que l'on a l'habitude de ne voir ou entrapercevoir qu'à travers nos récepteurs de télé est de toute évidence séduisant, encore faut-il que le récit sache en tirer partie. Il est donc dommage que l'histoire hésite trop souvent à choisir sa réelle vedette, n'arrivant pas à traiter d'égal à égal la romance et les enjeux sportifs : 15-15

– Sur l'écran, la magie opère vite entre Kirsten Dunst et Paul Bettany, aussi crédibles en joueurs de tennis qu'en couple d'amoureux. L'alchimie entre les deux acteurs suffit largement à emporter notre adhésion. Au petit jeu du mimétisme de joueurs de tennis, c'est Kirsten Dunst qui impressionne le plus, composant une jeune championne arriviste, sûre d'elle et mauvaise perdante, un condensé assez savoureux de plusieurs leaders féminines actuelles du tennis (les amateurs auront vite fait de les reconnaître) : 30-15

– Aussi méticuleux qu'il veut bien l'être (tournage à Wimbledon, comédiens entraînés par Pat Cash, ancien vainqueur du tournoi…), La Plus Belle Victoire irrite quelque peu dans ses approximations tennistiques : on joue un point en entier sous une pluie diluvienne alors que la moindre goutte à Wimbledon interrompt les parties (mais c'est plus cinématographique), les derniers tours se jouent sur des courts annexes, un Français est en demi-finale du tournoi après avoir atteint la finale de l'US Open (!!!). Quelques idées scénaristiques obligent aussi à tempérer le rythme et l'efficacité du récit, comme de choisir dans la deuxième partie du film de mettre en retrait le personnage de Lizzie Bradbury (Dunst) en lui supprimant trop rapidement ses enjeux sportifs : 30-30

– La relative mise à l'écart de Kirsten Dunst a du bon puisqu'elle permet de mettre en lumière tout le talent de Paul Bettany (Chevalier, Master and commander). Encore relativement inconnu du grand public, le comédien britannique propose un jeu tout en décontraction et séduction, qui l'impose instantanément dans nos cœurs comme le digne successeur de Hugh Grant, avec un registre plus étendu : 40-30

– La romance a beau être plaisante, La Plus Belle Victoire avait besoin d'un final enthousiasmant pour remporter définitivement la partie. Tout entier consacré à l'ultime match de tennis de Peter Bolt qui se déroule (enfin) sur le central mythique de Wimbledon, avec les commentaires TV (savoureux et souvent hilarants) de John McEnroe et Chris Evert, le dernier quart d'heure du film est un épatant morceau de bravoure. Utilisant avec une vraie habilité les effets spéciaux (pour recréer les mouvements de la balle), et soignant ses angles de caméra (spectaculaires), Richard Loncraine nous offre une partie de tennis endiablée comme on en rarement vue : une balle de match sauvée de manière la plus incroyable possible, un « over-rule » (le juge arbitre qui invalide la décision de son juge de ligne) qui arrive au pire moment déclanchant les foudres de Bolt, appuyées verbalement par un John McEnroe qui s'y connaît en contestations houleuses et démonstratives, enfin le point de la victoire (pour qui ?... suspense !) à la suite d'un échange des plus acharnés : Jeu, set et match

Alors, oui, La Plus Belle Victoire a bien tout ce qui faut dans sa raquette pour être la comédie romantique (sportive) de l'année.

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