Star Wars : Le Retour du Jedi - critique qui tique

Simon Riaux | 30 janvier 2023 - MAJ : 01/02/2023 18:22
Simon Riaux | 30 janvier 2023 - MAJ : 01/02/2023 18:22

Après une introduction mystique en dépits d'ajouts enfantins, un deuxième épisode adulte et poétique, l'heure était venue pour George Lucas de trancher : franchise familiale ou saga épique ? On verra que l'artiste refuse ici de choisir, et offre par la même le meilleur de Star Wars dans les deux extrêmes qui le caractérise : Star Wars : Épisode VI - Le Retour du Jedi de Richard Marquand est à la fois une bouffonnerie stellaire et une aventure spatiale.

DU LARD ET DU COCHON

Mais ne gâchons pas le plaisir tout de suite, car il est toujours présent dans cet épisode, qui réserve aux spectateurs quelques unes des images les plus fortes et indélébiles de toute la saga. La découverte de Luke, tout de noir vêtu, aux prises avec la cour déliquescente de Jabba est un grand moment de cinéma. Lucas parvient enfin à pleinement exploiter le potentiel de son acteur trop doux, sans véritable charisme ; en effet la mine blasée de Mark Hamill fait sens après les révélations de L'Empire contre-attaque, sa légèreté s'est envolée.

Le premier tiers du film (le sauvetage de ce bon vieux Solo) est une grande réussite, une mise en jambe punchy, qui n'oublie jamais la noirceur de l'opus précédent, irriguée d'une énergie nouvelle.

 

photoUne entrée en matière très digeste

 

C'est après cette première bobine et la disparition terrible de Yoda que le film devient proprement schizophrène, et que tout se gâte. Incapable d'assumer la liquidation du travail accompli sur L'Empire contre-attaque, mais encore réticent à ne se focaliser que sur des créatures attendrissantes et autres bizarreries extra-terrestres, Lucas scinde alors son scénario : Luke ira clore l'histoire bien sagement, pendant que Leïa et Han sont priés de se coltiner une tripotée d'Ewoks dans les bois. Contrairement à ce que l'on lit souvent, le problème ne vient pas tant d'une différence qualitative entre ces deux orientations, mais des directions radicalement opposées qu'elles prennent.

 

Star Wars : Épisode VI - Le Retour du Jedi : photo, Mark Hamill"Je vous laisse les Ewoks."

 

LA GUERRE DES WOKE

Quand Luke s'en va accomplir son destin, confirme et approfondit ce que nous relevions dans les critiques des deux épisodes précédents, à savoir que tout héros de science-fiction qu'il soit, il demeure avant tout un héros antique et intemporel, le film embrasse sincèrement son propos. Or, l'arc narratif de la bataille d'Endor n'est jamais le contrepoint léger auquel son ton devrait le cantonner, mais bien un axe à part entière, qui vient contredire le premier.

Ici, l'Empire ne protège ses points faibles que d'une poignée de soldats aussi réactifs que des crustacés bouillis, ici, trois ours en peluches mettent en déroute la plus cruelle armée de la galaxie, ici, des cailloux lancés au hasard valent bien les armes les plus létales. Tout cela, dans le rire et la bonne humeur, évidemment. Comment dès lors aborder un film qui n'a aucune idée ce qu'il veut nous raconter ? En étant un peu indulgent, et en dégustant le fruit, plutôt que le ver.

 

photoC'est un piège, mais juste un peu

 

Oui, la seconde moitié du film manque cruellement d'ampleur, cherche à systématiquement simplifier tout ce qui relevait avant de l'implicité, à rendre concret, matériel et inoffensif tout ce qui fit la richesse des deux films précédents. Mais cet assaut de simplisme ne suffit à étouffer l'ampleur de la fresque spatiale qui se joue, à l'instar d'une bataille spatiale où les personnages, John Williams et les responsables des effets spéciaux semblent littéralement mettre leurs tripes sur la table.

C'est aussi le cas d'un ultime affrontement au sabre laser qui convoque toutes les épreuves précédemment traversées par le héros. Signe de cohérence et d'intelligence des scripts précédents, tout ce qui relevait du sous-entendu, du para-texte, ou du légendaire peut désormais s'incarner sans nous choquer, qu'il s'agisse des pouvoirs de Luke, de l'apparence diabolique de l'Empereur, ou de la multiplication des races extra-terrestres, chaque acte fait sens, gorgé de la mythologie précédemment développée.

 

photoLa mère de toutes les batailles ?

 

Le Retour du Jedi vient clore avec succès une trilogie puissante et fondatrice autant qu'inégale et fragile. À bien y regarder, cette conclusion signe la fin d'un cycle, et préfigure les ratages à venir de Lucas, qu'il s'agisse des aventures des Ewoks, de la multiplication des personnages cartoonesques et inutiles, ou de la dissolution des enjeux, c'est ici que prennent pour la première fois corps les démons de l'artiste.

Et ce n'est sans doute pas pour rien qu'il s'agit de l'épisode qui souffre le plus des différents ajouts et transformations anarchiques : ne plus découvrir Jabba nous fait perdre en émotion, les nouvelles créatures de sa cour sont risibles, et ne parlons pas des incrusts embarrassants du pauvre Hayden Christensen. 

 

Affiche

Résumé

Malgré, ou peut-être grâce à ses défauts, Le Retour du Jedi est toujours un film extrêmement important, en cela qu'il est l'accomplissement d'un fabuleux récit, et son chant du cygne.

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commentaires
Palpoutine
01/02/2023 à 02:06

@Eowya
Tu n'as pas tout compris à la Menace Fantome...
Palpatine n'as rien sous estimé sur Naboo, tout c'est exactement déroulé selon son plan.
Pousser une huile ayant du poids face au sénat a faire voter une motion de censure afin qu'Iznogoud devienne vizir à la place du vizir.
L'Affaiblissement de la Fédération du Commerce étant également dans ses plans car affaiblir tout possible futur ennemie est indispensable au maintient de son emprise sur la galaxie.

Jonthebe
31/01/2023 à 14:41

Ah ! si seulement Irvin kershner et gary Kurtz étaient restés...

Ethan
31/01/2023 à 12:52

@Riritonton
Pour moi le film aurait pu évoquer padmé afin de rendre le personnage d'Anakin plus attendrissant

Riritonton
31/01/2023 à 07:58

Quasiment sans défauts, Le Retour du Jedi est toujours un film extrêmement important, même François Ozon n'a pas fait mieux.

le Ewoke en ballade 2
31/01/2023 à 06:43

;;;cela sera tout autant credible que des peluches qui se tapent l'armé de l'empire qui a bien 50 ou 200 siecle d'avance sur les troupes de l'Empire, non mais!
matez moi ces colonies refractaires à l'Ordre

les E -Woke en ballade
31/01/2023 à 06:40

je suggere d'envoyer la 7 eme compagnie de Mondy-Chaudard,et Lefebvre,-Pithivier, Guybet, et Aldo Maccionne,etc chez, Poupou en Ukraine et Russie ,çà ser

Xelacin
30/01/2023 à 23:52

@Eowya
Je pense que les peuples de Pologne, de Yougoslavie et de Norvège entre autres auraient adoré ton passage : "Quelque soit le niveau de technologie d'une peuplade, un envahisseur n'arrive jamais longtemps a occuper le terrain si la population est contre lui". Surtout en 1939.

Eowya
25/05/2022 à 20:53

La phase avec les Ewoks est ici parodiée, moquées, racontant comment des nounours avec des pierres ont mis en déroute la plus grande armée de la galaxie.

Il est vrai que la manière dont cela est tourné est quelque peu maladroite, mais sur le fond, je trouve l'idée brillante : L'idée est de dire que l'Empire sous estime ses adversaires ; L'Empire décide de construire son arme secrète sur une lune isolée aux confins de la Galaxie. Sur cette lune, vivent des peuplades primitives mais intelligente. Mais l'Empereur ne s'est pas donné la peine de chasser ses créatures et de les exterminer. On pourrait trouver cela curieux : Si une peuplade plus évoluée et disposant de moyen de communication galactique ou de vaisseaux spatiaux avaient habités Endor, tu peux être sur que le site n'aurait pas été choisis, ou bien que ces peuplades auraient été exterminées avant le début de la construction. Pourtant il n'en a rien été. Pourquoi ? Parce que pour l'Empire, les Ewoks étaient a peine diffèrent d'animaux, absolument pas une menace. Première erreur. On rappelle que cette "sous estimation" des "peuplades primitives" est un trait de carractéristique que Georges Lucas a ensuite réutilisé dans sa prélogie lors de la guerre entre la fédération du commerce et les Gungans. Et que c'est Palpatine en personne qui les sous estimes.
La 2éme erreur, c'est d'avoir sous estimé la capacité des rebelles a entrer en relation avec les peuplades locales et a attirer le feu de la révolte. Si la manière dont cela se produit est totalement caricaturale (Les Ewoks prenant C3PO pour un dieu), le fond est plus interessant : Les Ewoks, opprimés et chassés de leur terres par l'Empire, découvrent qu'ils ne sont pas les seuls a se battrent contre ce dernier, et choisissent d'unir leur force pour entrer en résistance.

Donc derrière la forme un peu absurde de nounours guerrier, l'idée est que l'Empire provoque la discorde partout ou il passe, et que l'alliance des peuplades opprimées se solidarisent pour entrer en résistance. C'est ça, le message de Georges Lucas. Malgré le fait que la forme soit destiné a être extrêmement infantilisée avec une peuplade "nounours" et un alliance entre les Ewoks et les rebelles basé sur un gag (C3PO dieu).

Enfin, la bataille en elle même. Avez vous remarqué que celle ci se déroulent en deux temps. Dans la première, les Ewoks prennent cher. On voit leur inaptitude totale a lutter contre l'empire, dans de nombreux exemples : L'Ewok ridicule qui essaye de détruire le pied blindé d'un TR-TT a l'aide d'un caillou, celui qui essaye de le bombarder avec des pierres depuis un deltaplane de fortune : ça, c'est ce qui se passe dans un conflit asymétrique, face a un adversaire non préparé, et non équipés. Et cette première phase n'hésite même pas a nous montrer des nounours bruler a coup de laser ! C'est cette phase qui évoque que oui, le combat est inéquitable, que l'armée de l'Empire est bien plus puissante et n'a que peu a craindre des primitifs.

Puis vient la phase suivante : Celle de la persévérance. Dans cette phase on se rend compte que les Ewoks, au lieu de fuir démoralisés de leur défaites, vont au contraire faire preuve d'une grande résilience, et d'une capacité d'adaptation totalement insoupçonnée par leur adversaire. Ainsi on voit les Ewoks s'adapter et tendre des pièges de plus en plus efficaces : Pièges à tronc d'arbres, corde tendues entre les arbres contre les speeders... Et l'on voit alors que c'est l'Empire qui est soudainement mis en difficulté !

Que croyez vous que cette phase signifie ? Que Georges Lucas a fumé la moquette ? Non messieurs les critiques. Que Georges Lucas symbolise ici quelques vérités militaires : Celles que des forces militaires qui occupent un territoire contre le gré de leur population ne tiendront JAMAIS le terrain et se feront toujours chasser, même si l'adversaire est "primitif" en équipement militaire. On l'a vu avec les Nazis envahissant l'Europe et l'URSS. On l'a vu avec les Américains au Viet Nam : Et pourtant, les Vietnamiens étaient militairement bien moins équipés que les américains. On le voit aujourd'hui avec l'échec de l'invasion rapide de l'Ukraine par la Russie.
Le message de Georges Lucas avec les Ewoks est celui ci : Quelque soit le niveau de technologie d'une peuplade, un envahisseur n'arrive jamais longtemps a occuper le terrain si la population est contre lui.

Après on peut critiquer la forme. Mais le fond n'est pas si stupide.

niconico
24/05/2022 à 17:23

@maxleresistant
J'espere tres sincerement que Waiti ne touchera pas (plus) a SW. Bcp le voit comme un potentiel sauveur de SW alors qu'il ne sera tres probablement qu'un de ses bourreaux. Je l'imagine tres bien mettre des blagues a tout va qui viendront plomber le recit plustot que de l'aider. Suffit de voir son episode sur le Mando pour se rendre compte de ce qu'il en fera.
SW a tjs eu de l'humour mais plustot bien dose et qui ne prend jamais le pas sur l'histoire, ce que la derniere trilogie n'a pas reussi, nous imposant des blagues lourdes et mal placees (peut etre le plus gros defaut de l'ep8).
Et Waiti ne jouera tres certainement pas la carte de la subtilite sur ce sujet la...

sylvinception
24/05/2022 à 15:37

"il s'agit de l'épisode qui souffre le plus des différents ajouts et transformations anarchiques"
Pas d'accord, pour moi c'est A New Hope que Lucas à le plus saboté avec ses conneries d'enfants gâté.

Sinon le vrai problème de cet épisode - dont on ne parle pourtant jamais - c'est bien l'immonde et ridicule coupe de cheveux de Luke.

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