Eternal Sunshine of the Spotless Mind : Critique
Sacré à deux reprises aux oscars ainsi qu'à de multiples autres manifestations, Charlie Kaufman est devenu en très peu de temps synonyme d'histoires aussi riches qu'étranges.
Une trappe au septième étage et demi d'un immeuble, donnant accès au cerveau de l'acteur John Malkovich (Dans la peau de John Malkovich), un scénariste confronté à son frère jumeau imaginaire (Adaptation), une réinsertion anthropologique incongrue (Human Nature), tels sont les récits pour le moins originaux imaginés par Charlie Kaufman, donnant lieu à de véritables films extraterrestres, mis en scène par des réalisateurs parfaitement en phase avec l'univers du scénariste : Spike Jonze pour les deux premiers et Michel Gondry pour le troisième. C'est ce dernier que l'on retrouve aujourd'hui aux commandes de ce nouvel ovni qu'est Eternal Sunshine of the spotless mind.
À cent lieues du banal flash-back romantique, Kaufman éclate littéralement toutes les structures narratives conventionnelles dans cette véritable course contre l'éradication des souvenirs dans la mémoire de Jim Carrey. Visuellement, ce chassé-croisé labyrinthique se traduit par une mise en images aussi vertigineuse qu'hallucinogène dans la dématérialisation du couple Carrey-Winslet, épatant dans les méandres de leur passé d'amoureux tortueux, aussi passionné que destructeur. Une histoire d'attraction-répulsion qui trouve ses origines dans toutes les formes possibles et imaginables tout droit sorties du cerveau de Charlie, depuis les délires hilarants du bas âge jusqu'au procédé high-tech SF Lacuna.
Au milieu de tout ce capharnaüm, la femme de l'ombre, qui ne mérite vraiment pas d'y rester, est la méritante monteuse du film, Valdis Oskarsdottir. Nul doute en effet que la préparation des 90 minutes de l'imbroglio central lui auront flanqué un sévère mal de crâne, pareil à celui que le spectateur ressent à la première vision du film, à l'exception du calme de l'introduction et de la conclusion. Un « mal de crâne », et non une prise de tête ! Car, à n'en pas douter, ce noyau dur prendra toute sa saveur lors d'un second visionnage au calme (et au ralenti !), confortablement installé chez soi, pour une (re)lecture aussi utile qu'indispensable de la relation de ces deux êtres.
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(4.4)