Critique : Open range

Laurent Pécha | 3 septembre 2004
Laurent Pécha | 3 septembre 2004

Le retour en grande forme de Kevin Costner ! Oubliez le réalisateur du raté Postman, c'est ici le brillant cinéaste de Danse avec les loups que l'on retrouve derrière (mais aussi devant) la caméra. Et il est finalement assez logique que les retrouvailles de Costner avec la réussite artistique se fasse grâce au genre qui l'a consacré réalisateur talentueux : le western.

Avec Open Range, Kevin Costner marche ainsi sur les traces du plus grand cinéaste de westerns en activité, Clint Eastwood. La comparaison est d'autant plus aisée que le troisième film de Costner fait indéniablement penser au chef-d'oeuvre du père Clint, Impitoyable. Le traitement brut de la violence (avec comme point d'orgue l'extraordinaire gunfight final), et la manière dont on perçoit l'impossibilité pour les personnages de s'en extraire rappellent ici en effet le western crépusculaire d'Eastwood, mais en moins deséspéré. L'importance du rôle féminin y étant pour beaucoup, et en l'interprétant, Annette Benning rentre pour l'occasion au panthéon des figures féminines du western.

Si chez Eastwood le pessimisme vis-à-vis de la nature de l'homme est criant, Costner, lui, se montre nettement plus optimiste, retrouvant là l'aspect romantique et romanesque qui parcourt une grande partie de sa carrière d'acteur. Avec son ton mélancolique, sa volonté de faire ressortir la beauté des paysages de l'Ouest sauvage, et surtout son amour éperdu pour ses personnages, tous terriblement attachants (que ce soit la relation père-fils entre Duvall et Costner, et celle timidement amoureuse entre Benning et Costner), Open Range est un western d'un grand classicisme (au sens noble du terme), un retour aux sources salvateur et anachronique à un des genres les plus qualitativement proléfiques du cinéma hollywoodien.

Comme pour Danse avec les loups, Kevin Costner aime prendre son temps, l'action proprement dite du film ne prenant son sens qu'après une grosse demi-heure qui aura permis de bien connaître les principaux protagonistes, et de décrire un Ouest plus vrai que nature, loin des images d'épinal du genre. Tout en enrichissant son récit par petites touches, le cinéaste ne perd jamais de vue son obligation de développer la tension grandissante entre les deux clans, qui menèra à ce que l'on peut vulgairement et schématiquement appeler le clou du spectacle : le monstrueux gunfight, dans une ville désertée, entre Spearman et Waite et les tueurs engagés par Baxter. Monstrueux, car cette très longue séquence marque durablement les esprits tout en réjouissant au plus haut point l'amateur de westerns, tant la sécheresse et la violence de l'affrontement possèdent une fulgurance inouïe associée à une efficacité de cadrage stupéfiante. Un moment d'anthologie qui, loin de faire oublier les thèmes du film, les renforcent, à tel point que les moments de calme qui clôturent par la suite le récit possèdent une force et une émotion rares.

Devant une telle réussite, on n'a désormais qu'une seule envie et durable obsession : que Kevin Costner ne se perde plus dans ses futurs projets, et qu'il continue à faire (re)vivre ce genre magnifique qu'est le western. Il est né pour ça !

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