Spenser Confidential : critique qui tape sous la ceinture

Simon Riaux | 6 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 6 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Des bourrins au grand cœur, des pourris, des tatanes, des grosses cylindrées et des machettes. Voilà pour l’appétissant programme que vous ont concocté Peter Berg et Mark Wahlberg sur Netflix avec Spenser Confidential.

BOSS TOWN

Malgré le succès de Du sang et des larmes, on ne peut pas dire que le box-office aura été accueillant avec Peter Berg. Malgré leurs qualités respectives, ni Deepwater ni Traque à Boston ne sont attirés l’amour du public, quant à son retour à l’action musclée avec 22 Miles, il est sorti dans une relative indifférence. C’est donc sans surprise qu’on retrouve le metteur en scène du côté de Netflix, toujours prompt à repiquer les artistes solides et momentanément boudés par Hollywood. Et avec Spenser Confidential, il joue à domicile.

 

photo, Mark WahlbergMarky Mark récitant son poème préféré de Jacques Prévert

 

Flanqué de son comédien fétiche Mark Wahlberg et de retour sur les terres de Boston, dont est originaire le comédien et que le cinéaste apprécie tout particulièrement d’arpenter. Une familiarité qui se ressent dès les premières minutes du film, alors que Berg colle aux basques de sa star, manifestement ravie d’évoluer dans les rues dénivelées du quartier de Southie, et d’y distribuer des pains. Tous deux jubilent manifestement d’enfiler les charentaises d’un récit ultra-balisé, au fumet familier de polar hard-boiled mâtiné de buddy movie sauce roubignoles.

Spenser est un ex-flic, qui vient de tirer cinq ans pour avoir frotté vigoureusement ses métacarpes sur le visage d’un supérieur. Officiellement rangé des voitures, il retrouve son mentor Henry, son colocataire Hawk, ancien malfrat doux comme un agneau et décidé à devenir star de MMA, ainsi que Cissy, sa compagne aussi enamourée que désireuse de lui faire avaler ses dents de goujat irresponsable. Voilà pour le programme de Spenser Confidential, annoncé dès une réjouissante baston inaugurale, qui situe le projet quelque part entre Dennis Lehane, Donald Westlake et un fantasme de cour de récréation pour petits garçons sous créatine.

 

photo, Mark Wahlberg, Winston DukeLes deux font la paire

GANG BERG

Rompu à la caractérisation de personnages masculins issus d’une Americana intemporelle, particulièrement à l’aise avec l’action et fort d’une collaboration quasi-fusionnelle avec Wahlberg, Peter Berg investit son parc d’attractions avec une aisance limpide, s’amusant à convoquer tous les clichés du genre, parfois pour mieux les détourner.

Ainsi, une poursuite à pied se voit instantanément contrecarrée par une violente attaque canine, quand le scénario transforme soudain un personnage féminin caricatural en source d’électricité badass avant d’offrir à un sidekick une parenthèse échappée d’un film de Bud Spencer.

 

photo, Iliza ShlesingerAvis de tempête

 

Cette décontraction référentielle, le cinéaste peut la tenir grâce à son quatuor de comédiens. On ne s’étonnera pas de retrouver Alan Arkin et Mark Wahlberg en très grande forme, mais bien de Winston Duke et Iliza Shlesinger qui crament littéralement l’écran. Le premier est une colonne de charisme lacée à travers la galaxie jusqu’à chatouiller Bételgeuse, quant à la seconde, elle livre une partition si mordante et hallucinée qu’elle éclipse tous ses petits camarades à chacune de ses apparitions.

Plaisir évident, à mi-chemin entre la rouerie des polars seventies et les facilités attachantes des pulps d’antan, Spenser Confidential souffre néanmoins de sa gourmandise. S’étalant sur 110 minutes, le film prend bien trop son temps, et révèle quantité de petits ventres mous parfaitement dispensables, à fortiori quand le scénario n’essaie jamais de renouveler un canevas rebattu. Une longueur d’autant plus superflue que le film est un peu chiche en action. Les castagnes et autres froissements de taule ont beau être réjouissants, ils ne justifient nullement la lenteur avec laquelle le deuxième acte place ses pions, au risque de faire perdre sa fraîcheur à l’ensemble.

 

Affiche

Résumé

Trop long pour son propre bien Spenser Confidential n'en reste pas moins un sympathique buddy movie, aussi anachronique que sincère dans ses roulages de mécaniques.

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Lecteurs

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commentaires
Gaidon
13/04/2020 à 21:56

Serie B fauchée et chiante, tournée avec les pieds

torio
13/03/2020 à 12:45

Scenario médiocre, on s'ennuie. Et pourtant j'aime bien Mark Walberg... Mais qd au bout d'une heure ça tourne encore en rond, c'est que ça a été vraiment bâclé.

Simon Riaux
09/03/2020 à 15:50

@Gacho

Il fait mieux à peu près toute l'année, plusieurs dizaines de fois par an.

Gacho
08/03/2020 à 13:11

Cela reste quand même super efficace.Même le cinéma français avec ses parvenus et parvenues ne fait même pas mieux qu'un banal buddy movie de Netflix.

Dutch Schaefer
08/03/2020 à 11:55

J'adore ce binôme Berg-Wahlberg! Particulièrement "DU SAND ET DES LARMES" et l'excellent "TRAQUE A BOSTON"!
Je vais me faire mon avis ce soir en regardant cette nouvelle asso des deux...
Je m'attends simplement à une sorte de clin d'oeil-hommage aux films de la fin des 80's et début des 90's!
Les bons vieux buddy Movies qui claquent et qui envoient de la bonne punchline! Ni plus, ni moins!

mr8
07/03/2020 à 10:01

Peter Berg c'est un peu le fils spirituel de John Wayne et de Ronald Reagan, Mark Wahlberg aussi.

cepheide
07/03/2020 à 09:33

Peter Berg, c'est quand même bien bien lourdingue...

Faboloss
06/03/2020 à 17:11

Comme d'hab, un film banal Netflix.
Ça veut lancer une franchise mais ça raconte que dalle !

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