Ma : critique tout sur sa mère la folle

Geoffrey Crété | 29 mai 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 29 mai 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Méfiez-vous d'Octavia Spencer. L'actrice oscarisée pour La Couleur des sentiments en retrouve justement le réalisateur Tate Taylor, pour plonger une bande d'adolescents dans un cauchemar. Elle est Ma, la vraie terreur du nouveau Blumhouse, le studio derrière American NightmareInsidiousHalloween ou encore Us.

BLUMHOUSE MAMA

Une fois n'est pas coutume, Blumhouse garde dans sa manche le joker du fantastique. Dans Ma, la menace n'a rien de surnaturel, même si l'esprit tordu de cette femme est démoniaque. Spécialiste du film de genre propulsé par Paranormal ActivityInsidiousSinister ou encore American Nightmare, qui a récemment enchaîné les succès avec Glass, Us et Halloween, le studio de Jason Blum s'attaque ici à un sous-genre bien connu : le thriller autour d'un personnage machiévalique et sociopathe, qui entre en collision avec de douces et innocentes âmes.

Caster Octavia Spencer est la raison d'être du film de Tate Taylor, qui lui a permis de décrocher un Oscar du meilleur second rôle pour La Couleur des sentiments. C'est aussi le réalisateur de La Fille du train, thriller bas de gamme pas très malin, d'où un gros doute face à ce pitch digne d'un téléfilm M6, où un groupe de lycéens se rapproche d'une mystérieuse femme qui les aime tellement qu'elle va rendre leurs vies infernales.

A l'arrivée, rien de bien méchant ou gênant. Ma ne ment pas sur la marchandise : c'est un modeste petit thriller qui se contente d'exploiter une formule familière, sans éclat ni fausse note.

 

photo, Diana Silvers, Octavia Spencer Ma, pas du tout inquiétante, aucun signal d'alerte

 

SUE ANN AU BAL DU DIABLE 

Le scénario y va avec ses gros sabots. Trauma d'enfance, vengeance sanglante, et accès de rage émaillent le récit tandis que le personnage de Sue Ann est présentée comme une source d'inquiétude dès sa première apparition, puis de flip total juste après. Difficile de ne pas sourire face à ces adolescents gentiment bêtes, qui auront besoin de beaucoup de temps avant de flairer les problèmes.

Voir la pimbêche, le beau gosse, le black et le couple vedette niais et mignon, tomber dans les filets de la fameuse Ma a donc quelque chose d'un peu jouissif, surtout quand le trait est grossi pour rendre ces étudiants parfaitement ridicules et agaçants. Et c'est là que le film gagne des points : en faisant de Sue Ann non pas simplement une folle à lier, mais un miroir grotesque et déformé de la cruauté locale, trop ordinaire pour ne pas résonner en chacun. Le monstre a été créé, et revient logiquement hanter et attraper les responsables.

La dénommée Ma a beau être dérangée, et virer totale psycho dans la dernière ligne droite, elle est menée par un instinct régressif très touchant qui va au-delà des banales circonstances atténuantes. Sa bataille est celle d'une justice primaire, d'autant plus intéressante qu'elle détruit des adultes (incarnés par Juliette LewisLuke Evans, Missi Pyle et Allison Janney) parfaitement fades ou détestables, poussant le spectateur à pencher vers son camp. Le personnage de Sue Ann devient par ailleurs particulièrement angoissant et extrême vers la fin, lorsque sont révélées ses failles véritables, derrière les portes. L'ombre d'un Stephen King n'est jamais loin dans cette intrigue de vengeance simpliste au possible, mais parfois bien amusante.

 

photo, Octavia Spencer, McKaley MillerTeam Ma

 

PETITE JOUEUSE

Mais de la même manière que tous ces adolescents ne tiennent plus debout après trois shots, Ma a le goût de la toute petite ivresse. Le film de Tate Taylor ne s'aventure pas très loin dans la folie de Sue Ann. Hormis une petite séance d'intraveineuse inattendue et un portrait de famille parfaitement tordu, le cauchemar reste dans la zone de confort du tout public. Le suspense est même étiré à outrance, alignant les scènes incontournables sans jamais s'amuser à les détourner ou se jouer du spectateur - d'où un moteur qui ronronne longtemps sur ces quelques 90 minutes.

Même le troisième acte est en pilotage automatique, et se contente d'aligner les confrontations faciles, avec un sens du timing et des coïncidences qui révèlent la paresse de l'œuvre. La fin est expédiée alors qu'elle aurait pu offrir un dernier tour de montagne russe bienvenu, et cette ultime image rappelle aussi bien Simetierre que Halloween (autre prod Blumhouse), preuve d'un manque d'imagination terrible.

 

photo, Octavia SpencerJe vais te laisser les abdos petit chat

 

Il faudra bien le numéro d'Octavia Spencer pour donner un peu de couleur à ce thriller digne d'un Jeudi de l'angoisse. Associée aux seconds rôles comico-dramatiques option grande gueule avec La Forme de l'eau, Les Figures de l'ombre ou La Couleur des sentiments, elle trouve ici le terrain idéal pour sortir d'elle-même. Elle embrasse sans résistance le potentiel campy de cette Sue Ann digne de Misery, jouant des gros yeux et des énergies contradictoires pour toujours ramener le show vers le divertissement.

Reste que ce Ma est bien propret et pauvre, et ne pourra satisfaire que ceux qui sont venus en territoire connu, chercher de toutes petites sensations. Dans le genre sociopathe victime du monde qui travaille dans un cabinet de vétérinaire, mieux vaut rester sur May, ce petit chef d'œuvre de Lucky McKee, mille fois plus beau, touchant et fort.

 

Affiche française

Résumé

Gentil programme digne d'un bon téléfilm des années 90, Ma est à consommer sans aucune autre attente que celle d'avoir un amusant et oubliable petit thriller mené par une Octavia Spencer excellente, qui prend son pied dans un rôle à contre-emploi.

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commentaires
Chewie52
27/06/2019 à 13:14

Pfff failli me barrer avant la fin, malgré la présence d'Octavia Spencer.
La timeline principale est fade, sans surprise, et remplie de personnages d'ados aussi exagérés que pathétiques, et l'intrigue de l'adolescence de Ma dans les flash-backs et de ses répercussion sur la timeline principale n'est qu'un prétexte surexploité pour barbouiller l'écran de violence et de sexe, sans profondeur.
Un film à oublier au plus vite, contrairement à Split et Glass.

tbib76
17/06/2019 à 08:55

J'ai eu l'impression d'avoir été pris pour un con pendant 1h30. La réaction des personnages a chaque fois que Ma pète un plomb, du grand n'importe quoi

Max
10/06/2019 à 20:33

Que le me suis embêter pendant le film .. aucunes surpris un Fillm Moux des acteurs cliché et en roue libre .
Je trouve EL très généreux en commentaire et notation 1 sur 5

Rorov94
30/05/2019 à 02:11

Pas un mauvais film.ça rappel les 90'avec la période:LE BON FILS,JF CHERCHE APT,LA MAIN SUR LE BERCEAU,FENÊTRE SUR PACIFIC,LE BEAU PÈRE...

DamienLT
29/05/2019 à 20:41

Oh my god... May ce film qui m’a traumatisé y’a 15 ans ! Entre poésie macabre et navet sanglant avec un final qui m’avait laissé pantois ????

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