Meurs, monstre, meurs : critique turgescente

Simon Riaux | 2 mai 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 2 mai 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Cinq ans après Los SalvajesAlejandro Fadel s'essaie à un tout autre genre, l'horreur fantasmagorique, avec Meurs, monstre, meurs. Le réalisateur argentin nous plonge dans un décor sauvage et reculé, où une série de tuerie vont révéler les tensions qui couvent au sein d'une petite communauté.

LA BÊTE HUMAINE

Au coeur de la cordillère des Andes, démarre une enquête en forme de casse-tête, autour du cadavre mutilé d’une femme. Son époux est le principal suspect, et le policier chargé de faire la lumière sur le meurtre n’est autre que son amant. Voilà pour le point de départ de Meurs, monstre, meurs d’Alejandro Fadel. Rapidement, le mystère s’épaissit, et les corps s’empilent, baignant dans leurs viscères et un étrange fluide verdâtre.

On pense immédiatement à la mythologie psycho-sexuelle de La Région sauvage, tandis que les convulsions pathétiques de l’enquête font du pied à Memories of murder. Mais Fadel, s’il sait régler son pas dans ceux de brillants prédécesseurs, compose une partition toute personnelle, aux ingrédients entêtants. Ainsi, on est rapidement happé par la force surréaliste de l’imagerie qu’il déploie. C’est avec un art consommé du cadre et un soin maniaque des carnations que le découpage distille une ambiance à la fois merveilleuse et malsaine.

 

photoUne enquête salissante

 

Aussi à l’aise avec l’horreur absurde des situations dépeintes qu’avec la chronique sociale ou le vertige du film d’horreur (le récit réserve de pures séquences de flippe assez impressionnantes), le monde qui se déploie sous nos yeux bénéficie d’une puissance évocatrice singulière.

Que la caméra scrute les corps ou les visages avec froideur ou qu’elle plonge aux côtés de ses  protagonistes dans une nuit aux couleurs chaudes, de tous les pores de ce cinéma suinte une angoisse existentielle profonde, celle d’une conscience aiguë de la permanence du mal.

 

photoAmbiance...

 

LA TRIQUE C'EST FREAK

Et c’est là une des forces majeures de Meurs, monstre, meurs, sa capacité à nous faire ressentir cette terreur sourde, cette crainte terrible : celle d’être tous habités par le mal. Et quand la voiture de trois personnages fait une violente embardée au coeur de la nuit, dévoilant dans un nuage de fumée la monstrueuse silhouette qui les épie depuis le bas-côté, c’est tout le projet de Fadel qui apparaît, éclatant.

L’étrangeté, la drôlerie, ne viennent pas tant désamorcer les ténèbres que souligner leur banalité, la farce grotesque qui préside à nos existences. Un paradoxe que le film prend intelligemment en charge, jusque dans les dernières minutes de son déroulé, alors que la nature de l’entité meurtrière est dévoilée.

On ne dévoilera pas son apparence ici, mais elle constitue l’ultime clef pour décoder le monde crapoteux que cartographie le cinéaste, où la monstruosité demeure en tout un chacun. Rassemblant les attributs masculins et féminins, le monstre du titre renvoie le personnage comme les spectateurs à ce qu’ils dissimulent de hideux, de bouffon et de biscornu.

 

Affiche française

Résumé

Détonnant, grotesque, monstrueux, ce film d'horreur argentin fascine et interroge.

Autre avis Christophe Foltzer
Fascinant, troublant, dérangeant, Meurs Monstre Meurs est un voyage sombre et compliqué qui mérite toute notre attention. Mais si on est sensible à cet univers, on en prend plein la tête. Et puis, quel final !
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Lecteurs

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commentaires
Zeu d’Homme
24/05/2019 à 11:14

C’est très différent, on est pas mal perdus, il faut accepter l’univers et l’ambiance du film, accepter de ne pas comprendre, c’est très atmosphérique, c’est envoûtant, la photo est très réussie, les personnages sont charismatiques... mais ça manque quand même un tout petit peu d’explications ce qui empêche un peu de s’investir et on reste du coup un peu détaché des personnages et de l’histoire diabolique et terrible qui se joue devant nos yeux.

snop
02/05/2019 à 20:48

@frencesio123

Tout comme le Stig, il a un cousin argentin :)

frencesio123
02/05/2019 à 17:58

La première photo en voyant l'article avant de lire, je pensais que c'était Charles Bronson.

Deirdre
02/05/2019 à 15:57

La date est comme d'hab sur la fiche du film, un clic sur le lien orange fluo et voilà. De rien.

sylvinception
02/05/2019 à 14:56

Petite précision qui a ma foi son importance, la date de sortie :
Le 15 Mai.
De rien.

johnny
02/05/2019 à 13:40

Vu a gerardmer, ça a été un calvaire pour moi ce film. Vraiment pas client.

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