Le Grand Bain : critique qui plonge tête la première

Alexandre Janowiak | 5 septembre 2021 - MAJ : 18/08/2023 18:49
Alexandre Janowiak | 5 septembre 2021 - MAJ : 18/08/2023 18:49

Quatorze ans après son premier film NarcoGilles Lellouche se lance dans la comédie avec son nouveau long-métrage : Le Grand Bain. Présenté en hors-compétition lors du Festival de Cannes 2018, le film est porté par un casting cinq étoiles avec Mathieu AmalricGuillaume CanetBenoît PoelvoordeJean-Hugues AngladePhilippe Katerine, Leïla BekhtiVirginie EfiraMarina FoïsAlban Ivanov ou encore Félix Moati.

DOUCHE FROIDE ?

Présenter Le Grand Bain comme une simple comédie légère et amusante est un raccourci bien malvenu. Au contraire dans son premier acte, le film de Gilles Lellouche est presque pesant lorsqu'il décortique les malheurs de ses personnages principaux. Bernard (Mathieu Amalric) veut se sortir d'un burn-out interminable, Simon (Jean-Hugues Anglade) est un rockeur raté, Marcus (Benoît Poelvoorde) ne veut pas accepter une nouvelle faillite professionnelle, Laurent (Guillaume Canet) est un patron intransigeant qui cache une dépression profonde quand Thierry (Philippe Katerine) est un vieux garçon.

Durant près de 45 minutes, le réalisateur de Narco tourne en rond à vouloir décrire leurs quotidiens un à un. Le montage est lancinant, la narration très classique et globalement le film manque de fougue et d'énergie. La réflexion sur la dépression et sur ces hommes en mal(e) de virilité anémie profondément ce récit qui peine à décoller et à sortir la tête hors de l'eau.

 

photoIl serait temps de se mouiller

 

NAGER DANS LE BONHEUR

Heureusement, c'est l'arrivée d'un personnage féminin au coeur de l'intrigue et de leur cours de natation synchronisée qui va dynamiter l'ensemble. Amanda (jouée par l'excellente Leïla Bekhti) est une abîmée de la vie, ancienne championne de natation synchronisée devenue handicapée. Ses lointains rêves (et souvenirs glorieux) de bassin sont maintenant derrière elle. Elle va alors passer sa hargne sur ces mâles perdus pour les mener sur le devant de la scène, quand son ancienne coéquipière Delphine (Virginie Efira), alcoolique, n'y arrive pas.

Ainsi, le film dépressif un tant soit peu attachant, mais peu convaincant qu'était Le Grand Bain dans sa première heure se transforme enfin en comédie désopilante et rondement menée. Les coups de gueule du personnage de Leïla Bekhti sont hilarants et l'énergie qui émane du groupe masculin donne un véritable élan au métrage, tout comme la superbe bande originale.

 

photo, Leïla Bekhti, Philippe KaterineLes deux personnages les plus drôles du film

 

Les dialogues drôles et inspirés fusent, les personnalités de chacun deviennent de plus en plus émouvantes quand certaines se détachent clairement par leur excentricité (génial Philippe Katerine), leur compassion (magnifique personnage de Marina Foïs) ou leur discrétion (l'insondable Balasingham Thamilchelvan).

Et si le grand final du long-métrage de Gilles Lellouche, décidément bien loin de la beaufferie de L'amour est une fête, se révèle un peu trop prévisible et rêveur, on n'en a cure. Plus qu'une simple comédie aux airs de Full Monty / Le Grand jeu de Peter Cattaneo, Le Grand Bain est une jolie fable sur des bras cassés qui déjouent les codes du système actuel. Fini la fausse beauté apparente des corps et l'individualisme, place ici à l'élégance des âmes et à la solidarité. Le moyen de livrer une oeuvre emplie de mélancolie de laquelle on sort le sourire aux lèvres.

 

Affiche

Résumé

L'écriture du Grand Bain est plus que perfectible et la première heure manque cruellement de panache. La seconde partie est heureusement plus dynamique (merci Leïla Bekhti), traversée de quelques dialogues très drôles et dotée d'une vraie sensibilité.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
04/09/2023 à 13:04

… avec un bonnet noir. :-)
Le projet de Gilles Lellouche était alléchant : à partir d’une catégorie sportive semblant insolite, faire un vrai film de super équipe « crossover », avec des acteurs/Avengers stars capables de tenir la tête d’affiche à eux tous seuls. Autrement dit, une aberration commerciale pour le cinéma français, puisqu’on pourrait faire au moins sept films avec ça, centrés chacun sur l’histoire de tous les personnages :
On a ainsi le Amalric Movie, et ses hommes flippants et flippés.
Le Canet Movie, et ses maniaques du contrôle casse-pieds (à son image), à la généalogie très chargée.
Le Poelvoorde Movie, et ses petits chefs grotesques aux idées farfelues (avec son interlocuteur Nicolas, c’est aussi Monsieur Manatane qu’on convoque).
Le Anglade Movie, et son rescapé des années 80 Rock.
Le Efira Movie, et ses femmes paumées mais encore battantes.
Par contre il n’y a pas encore de Philippe Katherine Movie, mais il a déjà son univers artistique bien à lui.
Enfin, le Full Monty Movie, un peu dans la performance physique, beaucoup dans l’idée de mettre à l’épreuve un groupe d’amateurs, coincés dans une existence (et une région) qui leur donne l’impression de ne pas servir à grand chose, ni à grand monde.
Et comme dans « The Full Monty », ça passe par des situations qui consiste à faire se désaper des messieurs pas spécialement beaux, et même ventrus… Ronds quoi.

C’est justement par ça que le long-métrage est introduit, par un prologue qui donne l’impression d’être un court-métrage d’avant film, artisanal. Mais qui donne surtout une identité formelle à ce projet, en faisant un vrai film de grand écran.
Toute cette partie qui traite des normes, à coups de formes géométriques opposées, c’est simple mais c’est formel. On ne devrait pas oublier que Lellouche vient de là, en réalisant des clips ou bien « Narco » (c’est aussi du verlan), qui traitait déjà de banlieusards à la virilité contrariée.
Et le film de toujours nous rappeler sa thématiques des ronds, des carrés ou rectangles grâce à tels cadrages, tels objets – foutre ces gars dans une piscine ou un camping-car, c’est évident.

Visuellement c’est très entraînant. Au niveau du rythme aussi, grâce à la musique de Jon Brion (le film peut un peu faire penser à « Punch-Drunk Love » ?).
Même si Lellouche a la main un peu lourde (encore plus dans la version longue, qui n’est qu’un bonus), laissant inexploités plusieurs acteurs secondaires, dont certains sont assez redondants – Alban Ivanov joue sa partition comique rugueuse habituelle, Balasingham Thamilchelvan n’a qu’un rôle à la Chewbacca/Groot, Erika Sainte est une épouse trop volontairement effacée (ces trois n’auront droit à aucun épilogue), Félix Moati déboule un peu vite pour renforcer l’équipe…
Mais d’autres personnages secondaires auront plus de chance (Marina Foïs pinçante, Leïla Bekhti fracassante, Jonathan Zaccaï venimeux, Noée Abita solide, etc), car ils sont liés plus intimement aux antihéros principaux.

« Anti », car le parti-pris du film sera toujours de ne jamais les rendre trop facilement victorieux avant la fin. Et à l’instar des films Pixar des années 2010-20, opter pour la stratégie de l’échec, tout le temps…
Ces hommes sont vraiment des « moins que rien », qui n’arrivent pas à réussir… Mais qui continuent, coûte que coûte (et avec une part d’inconscience). À tel point que c’est le plus pitoyable de tous, celui qui est déjà bien au fond, qui va taper du pied, remonter et les entraîner avec lui vers la réalisation d’un objectif plus grand. Lequel va les sortir de leur passe-temps (plus un club de rencontre pour dépressifs), se confronter collectivement à l’effort et la pression, et reconquérir une part de leur virilité et de leur fierté… Juste pour un instant, magique et suspendu…
Avec un sport péjorativement identifié comme féminin (surtout dans leur bled).
Pas le moindre des paradoxes là aussi, d’où la logique de Phil Collins, utilisé à la fin (et ce n’est pas le seul tube qu’on y entend, nostalgique de la jeunesse de ces hommes)… Le chanteur a à la fois une voix aiguë, allant vers le féminin. Mais c’est un batteur de formation, quelque chose qui fait plus viril.

On peut donc être deux choses différentes à la fois, mélanger ronds et carrés, l’eau et l’aérien, le drôle et l’héroïque…
Avec tendresse certes. Et quand il faut casser la baraque, ne jamais hésiter à y aller à fond.

Bibitimenol
07/09/2021 à 15:00

j'ai bien voulu patienter le plus longtemps possible, mais ça m'endormait, j'ai été très déçue, je m'attendais vraiment à autre chose, on aurait véritablement pu faire autre chose avec ce sujet....

Yllen
06/09/2021 à 09:53

Mais quelle daube. A 1h du film toujours rien d'intéressant. J'ai zappé pour reprendre à 20 mn du film pour la scène aquatique qui par contre était pas mal. Philippe Catherine effectivement est génial. L'ambiance et les couleurs du film naze et cloque. A moins que ma TV était mal réglée. Heureusement que je ne suis pas allée le voir au cinéma. J'aurais pas tenu et regretté mon argent. Ce n'est que mon avis personnel.

rientintinchti
05/09/2021 à 22:15

Nul. Et Amalric n'a rien à faire dans le cinéma.
Poubelle

Ethan
05/09/2021 à 22:01

Un bon film mais même le début est bien je trouve et tous les acteurs sont autant intéressants les uns des autres

OLDSKOOL
06/01/2020 à 10:54

Magnifique de bout en bout... Le cinéma est une science qui trouve son exactitude en chacun de nous. Alors on a le droit d'aimer ou pas. Néanmoins, rien n'empêche de capter l'essence même d'une œuvre, que l'on soit fan ou pas. Monstrueusement bien écrit et amené de bout en bout, sans concession, de larmes aux yeux en rire franc. Je suis resté scotché...

Coolattitudedu67
08/08/2019 à 17:28

J'ai apprécié "le grand bain" d'autant qu'étant moi même loser dépressif je me suis totalement identifié. Rien que pour la scène où Amalric fait le driver lors du vol de maillot il faut aller voir ce film. Sinon dans la même veine y a Dodgeball avec Ben Stiller et Vince Vaughn. Après faut aimer le genre (n'est pas loser dépressif qui veut).

Maya
07/07/2019 à 08:52

L'élégance des âmes, la solidarité? dans "les infidèles" film mémorable, Canet lance un chien par la fenêtre. Ce sont les mêmes qui pondent des pseudos comédies qui se prennent au sérieux avec un humanisme à 2 balles où l'humain est glorifié et encensé sur des sujets et des causes à la mode. A gerber.
Il faut être très talentueux et aérien pour faire passer des "messages" dans les comédies et là ce n'est pas le cas.

Pof
21/05/2019 à 20:03

Aucun intérêt ce film. Ennuie. Il n y a rien je suis pas reste jusqu a la fin de le seance je déconseille plus que vivement NUL

Frédé
24/02/2019 à 16:38

Plus d'un million d'entrées???! Qu'on m'explique vraiment: c'est nul!

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