Kickboxer : Retaliation - critique de Mongkut

Christophe Foltzer | 10 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 10 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sorti en 2016, Kickboxer: Vengeance était ultra nase, et c'est peu de le dire. En effet, le remake du cultissime Kickboxer (meilleur film du monde on le rappelle) avec Jean-Claude Van Damme, alignait les erreurs comme on enfile les perles. Mais voilà, il revient sous la forme de Kickboxer : Retaliation et il est moyennement content.

MONTE LÀ-DESSUS

Si on garde un aussi mauvais souvenir de Kickboxer : Vengeance c'est parce que, encore aujourd'hui, on a l'impression qu'on s'est fichu de nous, au point d'en être toujours très énervé. Vengeance était un film en dessous de toutes nos attentes, d'un amateurisme effarant, sans aucune passion ni souffle de vie à l'oeuvre. Un film rempli de rien, tout entier dévoué à l'apologie du contre-sens. (notre critique ici si ça vous intéresse). 

À peine le film terminé, on apprenait qu'une suite était en route, Kickboxer : Retaliation. Et, comment vous dire, le moment est venu : On respire un grand coup, on boit un cognac, on met son pyjama le plus confortable.... Il est plus que temps de regarder le nouvel effort du quota COTOREP du cinéma d'action.

 

Photo RetaliationBig meets bigger

 

AH BAH V'LA AUT'CHOSE !

Maintenant qu'il a vengé son frère, Kurt Sloane est rentré aux Etats-Unis avec sa nana, qu'il a épousé au passage parce qu'il l'aime d'amour. Un an et demi après son voyage en Thaïlande, il dispute des combats de MMA à Vegas et ça lui réussit très bien. Sauf qu'après un match, des "agents du FBI" l'arrêtent pour le meurtre de Tong-Po. En fait, ils le kidnappent et Kurt se réveille à poil et à Bangkok, face à Moore, un organisateur de combats clandestins qui lui propose un combat contre le successeur de Tong-Po, Mongkut. Et il a intérêt à accepter parce que sinon, c'est prison à vie.

 

photoIl est gros Mongkut

 

Mais Kurt, il hésite, il a pas envie. Alors il reste au zonzon. Sauf que dedans, y a que des fans de Tong-Po et ils lui cherchent des poux. Alors il se bat, tous les jours, avant de se faire punir par les gardes parce que se battre, c'est pas bien. Heureusement, il tombe sur Mike Tyson qui s'est reconverti dans la méditation et qui lui dit qu'il va l'aider à devenir plus fort. Il y retrouve son maître Durand, emprisonné lui aussi parce qu'il est impliqué dans la mort de Tong-Po, même s'il a un peu changé entre-temps, surtout depuis un rendez-vous chez l'ophtalmo qui a mal tourné.

Tyson et lui veulent convaincre Kurt de disputer le match tout en le lui interdisant (ouais, c'est un peu contradictoire), mais Kurt il veut toujours pas, surtout qu'au début du film il a fait un rêve dans lequel il dansait avec sa femme dans un train avant de se faire attaquer. Alors, pour le convaincre, Moore kidnappe sa femme. Du coup, Kurt est colère et il veut se faire Mongkut.

 

Photo RetaliationMike Tyson et JCVD vont se battre, mais ça ne sert à rien. En plus, c'est nul.

 

PARLE A MONGKUT

Ce qui est sûr, c'est qu'on ne regardera pas Kickboxer : Retaliation pour la profondeur de son scénario, bordélique comme le précédent même si sensiblement mieux maitrisé. Si on peut appeler ça comme ça, évidemment. C'est bien simple, entre le début (le rêve) beaucoup trop long et au final inutile, et le combat final (qui dure 30 minutes), il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent tant le film a décidé de suivre les traces de son prédécesseur et de ne rien nous raconter. Pourtant, il le fait à sa manière, c'est à dire en enchainant les combats débiles et le retournements de situation illogiques ou mal utilisés (et c'est un gros euphémisme).

 

Photo RetaliationOn vous avait prévenu que c'était nul hein...

 

En effet, à aucun moment les actions de nos personnages se trouvent justifiées par un quelconque noeud dramatique et le film pousse très fort pour arriver à son dénouement. Et, forcément, il en met partout au passage. Qu'il s'agisse de la partie dans la prison, qui n'est qu'un quart du film et qui n'a aucune conséquence, ou de la partie suivante à l'extérieur, rien ne tient, rien ne s'harmonise, rien ne s'enchaine naturellement. Et fatalement, rien ne se raconte.

D'ailleurs, ne cherchez pas à comprendre l'histoire, vous auriez mal au crâne face à la bêtise du personnage principal, qui pourrait plier l'affaire en 10 minutes s'il avait l'ombre d'une quelconque psychologie, ce qui n'est évidemment pas le cas. Le terrible Mongkut n'est en fait qu'une brutasse qui passe son temps à grogner, gonflée aux stéroïdes et, alors qu'il est réputé 4 fois plus fort que Tong-Po, qui se ferait éclater s'il se retrouvait en face de lui. A plusieurs moments, on se dit qu'en fait, le film tente de proposer un best-of des suites du film original avec Sasha Mitchell, ce qui n'est bien entendu pas une bonne idée.

Quand on rajoute qu'en plus de garder un discours franchement limite par rapport à la noblesse d'esprit et la spiritualité que l'on essaye de nous montrer, que le côté dark est toujours là mais qu'il est parcouru de pointes de comédie qui tombent forcément à plat, il ne fait aucun doute que le scénario n'est qu'une excuse pour justifier de faire un film alors qu'il aurait mieux valu en faire un jeu vidéo tant, structurellement, Kickboxer : Retaliation est construit comme un bon vieux beat-them-up avec ses différents stages, ses boss de fin et même ses niveaux bonus.

 

photoAttention à Mongkut, je deviens tout rouge

 

MOUAIS THAÏ

Au rayon du casting, c'est pour le coup plutôt contrastéJCVD fait le taf, apporte un peu de profondeur à l'ensemble et s'investit comme à son habitude, c'est à dire totalement. Il est de très loin le meilleur acteur ET le meilleur personnage du film. Le gros souci de Kickboxer: Vengeance, c'était Alain Moussi et, pas de bol, c'était le héros. Si le "comédien" est toujours aussi impressionnant quand il s'agit de balancer des patates et montre un style aérien de très haut niveau, dès qu'il doit ouvrir sa bouche, jouer une émotion, on se retrouve face à une copie brouillon de Steven Seagal. Il n'a absolument aucun charisme, aucune expression, aucun talent de jeu et son personnage est tellement mal écrit, tellement unidimensionnel et auto-suffisant qu'on a presque envie qu'il se prenne sa branlée une fois pour toute.

Les nouveaux personnages ne sont pas en reste puisque Christophe Lambert donne l'impression de tourner pépouze son film dans son coin (surtout dans la dernière partie), le fils de JCVD, Nicholas Van Varenberg, arrive dans l'histoire sans aucune raison et ne convainc jamais (faut dire aussi, vu son rôle, c'était pas gagné). De manière étonnante, Mike Tyson se révèle plutôt bon. Si son introduction peut faire sourire, il est probablement celui qui s'en sort le mieux, touchant par instant, très impressionnant et sympathique. Ah et puis, y a Ronaldinho à un moment, sans trop qu'on sache pourquoi d'ailleurs. Il devait passer dans le coin alors on lui a filé un ballon pour une ou deux séquences.

 

Photo RetaliationKurt va donner un grand coup à Mongkut (on ne s'en lasse pas...)

L'autre gros point faible de Kickboxer: Vengeance, c'était sa mise en scène dégueulasse. Ici, ça se passe franchement mieux. C'est pas du Kubrick, mais au moins on comprend les combats. Le film se permet même de proposer quelques petits morceaux de bravoure avec une baston en prison et en plan-séquence, filmée probablement au drone, assez bluffante quoi qu'handicapée par des ralentis intempestifs et un manque de dynamisme certain.

Si Kickboxer : Retaliation se permet des emprunts à droite et à gauche, des effets clip bien lourds et un design sonore super beauf, il atteint une certaine noblesse dans son combat final, péchu, énergique et dramatique, lisible et plutôt bien découpé (par rapport au premier film hein) même s'il se permet un deus ex machina tellement énorme qu'il met à l'épreuve notre suspension d'incrédulité déjà bien abimée.

 

 

Ce qui est étonnant, c'est que malgré tous ses défauts, Kickboxer : Retaliation s'avère au fond très sympathique. Alors attention, ça reste nul, mal écrit, mal joué et pas trop bien filmé, ça n'a aucun sens et c'est super con, mais il s'en dégage une énergie inattendue, une naïveté nanarde plutôt touchante. On a l'impression de se retrouver devant un film de ninjas philippin des années 70 et c'est plutôt plaisant. Voir tous ces gens s'agiter dans tous les sens pendant 1h50 en tentant de nous convaincre qu'ils font du cinéma a quelque chose d'émouvant et explique pourquoi ce Kickboxer : Retaliation voit sa note doublée par rapport à son ainé.

Affiche officielle

Résumé

Mal branlé, con comme ses pieds, non-sensique et terriblement mal écrit, Retaliation arrive on ne sait trop comment à sublimer tous ses handicaps pour nous offrir un spectacle au final toujours aussi mauvais, mais étrangement plaisant. Par contre, vous sentez pas obligés d'en faire un troisième les mecs...

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Lecteurs

(4.1)

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commentaires
Hasgarn
11/10/2018 à 10:41

@ WTF : Undisouted est con mais les bastons sont d'un niveau assez exceptionnel. Kickboxer fait mou du genou à côté

TongTong
11/10/2018 à 00:26

Je suis en train de le regarder : qu'est-ce que c'est con :) !
Il a parfaitement sa place au Nanarland.

WTF
11/10/2018 à 00:04

À quand le cross-over Undisputed/kickboxer ?

NeoGeo
03/10/2018 à 22:48

Con mais bon ^_^
On dirait le scénario écrit par un gamin de 13 ans

Kvin
23/06/2018 à 02:44

Les émotions sont un peu nases mais après ça va.Mais vous qui critiquez pourquoi vous êtes pas scénaristes ??? Allez dis moi!

Markus
07/02/2018 à 15:12

Moi j aime bien Sacha Mitchell. .????

Hasgarn
04/02/2018 à 20:05

@ Kinké :
ouaip, je l'ai découvert sur le tard dans pas mal de film et série que j'ai beaucoup aimé notamment Metal Hurlant Chronicles ou Ip Man 2.
Mourir à 42 ans, c'est bien trop jeune, surtout que le gars était en pleine reconnaissance publique (chez les artistes martiaux et les cascadeurs, ils étaient déjà au top, même en Chine).

Je dis qu'il était bon parce qu'il avait souvent des rôles court devant la caméra donc peu de temps pour convaincre et il y parvenait efficacement. Il a plus de présence que Alain Moussi. À chaque fois qu'on le voit en même temps, ça saute aux yeux. Sa mort dans Kickboxer m'a fait gravement chié… Le premier épisode de la 2e saison de Metal Hurlant Chronicles, il est bon au point de voler la vedette à Michael Jay White (pas non plus infaisable mais il n'a pas autant de temps de présence).

Bref, il me manque, le bougre.

Kinké
04/02/2018 à 16:45

@Hasgarn,

Tu dis que Darren Shahlavi te manque parce qu'il est décédé en 2015 ?

Neo
04/02/2018 à 15:07

Les mecs vous nous critiquez quand Boyka?

corleone
04/02/2018 à 14:17

J'ai toujours pensé qu'une suite aurait été plus éfficace qu'un reboot. C'est très WTF leur idée de recommencer à zéro avec un nouveau Kurt qui à pour mentor JCVD qui incarnait le même personnage dans l'original… pourtant c'aurait été plus crédible de retrouver un JCVD en Kurt Sloane vieillissant(ignorant toutes les affreuses suites nanardesques des années 90 bien sûr) qui forme la relève. Ils sont juste entrain de vandaliser un film mythique même si je le verrais quand même car Vengeance était malgré tout très supérieur en qualité de combats à nombreux films d'art martiaux de ces dernières années.

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