Arctic : critique Picard

Simon Riaux | 5 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 5 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

C’est un sacré défi que s’est lancé Joe Penna pour son premier long-métrage. Dans Arctic, il colle aux basques d’un Mads Mikkelsen en bien fâcheuse posture. Isolé en terres arctiques, il survit misérablement dans des conditions extrêmes, jusqu’à un bouleversement qui va le pousser à s’aventurer au-delà de la carcasse d’avion qui lui sert de refuge.

ICE MIKKELSEN

Dans un premier temps, le réalisateur fait le choix (initialement salutaire) de l’ascèse, se focalisant sur ce qui compose le quotidien rigoriste de son héros mutique. Rituels immuables afin d’assurer un semblant de sécurité, routine dévolue à la recherche d’alimentation, consolidation d’un abri par définition précaire, Penna se met à hauteur d’homme et refuse toute grandiloquence.

Ainsi, il n’aborde jamais frontalement la question du passé de son personnage, en faisant quasiment une figure abstraite, un corps désormais tout entier consacré à sa propre conservation, bien loin des attendus de la fable de survie hollywoodienne.

 

photo, Mads Mikkelsen Mads Mikkelsen en moine soldat de la survie

 

Il y parvient grâce à l’impeccable travail de Mads Mikkelsen. On connaît de longue date le charisme invraisemblable du comédien, mais il trouve ici l’opportunité de le mêler à une partition minimaliste en diable, qui l’oblige à communiquer au spectateur un éventail d’émotions extrêmement large, dans un contexte rien moins qu’inamical. Recroquevillé sous le vent, engoncé dans une lourde parka, la peau abrasée par le givre, Mikkelsen use des plus sensibles inflexions de son corps, pour raconter l’enfer d’un homme condamné à l’intériorité.

Le récit d’Arctic fonctionne ainsi durant son premier acte comme une formidable machine métaphorique, un tremplin à image sans cesse renouvelé. Avec son héros isolé dans un océan immaculé et implacable, il trace un portrait évocateur de l’humain en prisonnier, condamné à une immédiateté perpétuelle, et d’une cruauté ravageuse.

 

photo, Joe Penna Mads Mikkelsen et Joe Penna

 

LET IT SNOW

Toutefois, on sent le dispositif de mise en scène de Joe Penna un peu mis à mal par les soubresauts de son récit, quand un rebondissement amène le personnage central à abandonner la sécurité pour tenter de rejoindre la civilisation. La caméra et le scénario semblent alors hésiter, comme si personne à bord ne savait trancher entre le service minimum en matière de suspense et de spectacle que paraît appeler le script, et la modestie presque janséniste qui a présidé jusqu’alors.

 

photo, Mads Mikkelsen"C'est mort cette année l'Alpe d'Huez"

 

Ainsi, les passages les plus réussis, les plus immersifs, sont incontestablement les plus attendus. Les confrontations avec les divers obstacles qui se dressent sur la route de Mads Mikkelsen sont peut-être attendus, mais ils apportent des respirations plus que bienvenues à la narration, tout comme ils permettent au film de ne pas sombrer dans la répétition visuelle. Hélas, ces sursauts appréciables se font finalement un peu trop rares, comme si le métrage refusait finalement la pente mythologique que Le Territoire des loups embrassait avec superbe.

En résulte un programme pas totalement abouti, un peu trop programmatique, et qui se complaît un chouïa dans sa rigidité formelle. Mais ces quelques scories sont bien loin d’empêcher Arctic de s’imposer comme un survival rigoureux, intense, au souffle mordant.

 

Affiche française

Résumé

Programmatique, rigoriste, Arctic est une intéressante tentative de survival minimaliste.

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Lecteurs

(3.7)

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commentaires
menfou
03/07/2019 à 00:54

Révisez un peu vos classiques: Hopkins n'est pas le premier à jouer Hannibal!

Cap
04/05/2019 à 18:08

On souffre en silence dans cette survivance glaciaire d'un voyage catastrophique
La poisse accompagne l'acteur tout le long du film. .

Marc
07/02/2019 à 22:06

Ce film ma laissé de glace , malgré l'interprétation des acteurs les paysages splendide.

Number6
06/02/2019 à 11:30

@ RINGO

pour moi la fin d hannibal est juste parfaite. Et effectivement n'ouvre pas de porte à la suite.
Même le coup de Bedelia je l'ai interprété comme un petage de plomb de sa part, une automutilation. Donc une fin complètement fermée

13
06/02/2019 à 10:48

Quel est le rapport avec Picard svp...?

Simon Riaux
06/02/2019 à 10:27

@Gueguette

Je ne sais pas bien ce que ça veut dire, cette appellation "film de beauf de banlieue".
Pour ma part je dirais que c'est une variation passionnante sur l'héritage de Jack London.

Gueguette
06/02/2019 à 10:03

Le territoire des loups en exemple? Sérieux? Un bon film de beaufr' de banlieue, rien d'autre.

Ringo
05/02/2019 à 22:58

@ Number6 : Ah, Hannibal ! J'espère tellement une suite à cette série ! Même si en fin de compte la fin osée semblait fermer la page et de façon inattendue (cela va tout de même à l'encontre de l'existence même du Silence des Agneaux), on garde un ferme espoir. Réussir à incarner Hannibal après Hopkins, et le dépasser en y mettant plus de froideur et d'économie, avec des éclairs de folie pure, c'était un régal. Et tant pis si l'esthétisme rendait certaines scènes théoriquement impossibles. La suspension d'incrédulité. L'art dans l'horreur. Du grand art !!!

Number6
05/02/2019 à 21:25

@ Ringo

Merci pour le film asiat, je l'ai mis dans l'escarcelle. Ouaip, mads est tellement... Mad. D'ailleurs, hannibal reste un de mes chocs en série.

@ saiyuk

Oui absolutely d'accord sur the thing. Apres, carpenter touche à tellement de thème que effectivement ce n'est pas que du survival, loin de la

Saiyuk
05/02/2019 à 19:58

Number
Je te suit dans tout les films cités, mais pour moi the thing c est du fantastique plus que du Survival pur et dur. Mais grand film et thématique très proche ça c est sur.

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