Sparring : critique coup de poing
Rocky, Raging Bull, le genre du film de boxe est ultra-balisé et habité par de glorieux ancêtres. Mais il arrive encore que nous ayons droit à quelques surprises.
Steve Landry est à 45 ans un boxeur médiocre qui n'a plus gagné aucun combat depuis au moins trois ans. Sentant la fin de sa carrière arriver à grand pas, il veut briller dans les yeux de sa famille et rêve de ce moment qui n'arrivera probablement jamais où il pourra la faire sortir de sa condition de prolo. Lorsqu'un champion arrive en ville pour disputer un combat important, Steve décide de tout faire pour devenir son sparring, son sac de frappe humain, chose qu'il s'était pourtant toujours interdit de faire.
EYE OF THE TIGER
Forcément, quand on pense film de boxe et loser flamboyant, Rocky nous arrive tout de suite en tête. Et, dès que le film commence, on craint que Sparring ne soit qu'une resucée de l'Etalon Italien. Une peur évacuée dès les premières secondes heureusement puisque le combat inaugural ne nous est pas montré, dévoilant d'emblée clairement sa note d'intention : ce qui intéresse le réalisateur Samuel Jouy, ce n'est ni le ring, ni les projecteurs, mais bel et bien les mecs de l'ombre, ceux qui rêvent de gloire mais trichent avec la balance du supermarché en pesant leurs fruits et légumes.
On pense alors tout de suite à The Wrestler mais, là encore, le film a l'intelligence de ne pas se contenter de n'être qu'une version française du chef-d'oeuvre de Darren Aronofsky. Steve Landry n'a pas eu son heure de gloire, a le sentiment de passer à côté de sa vie, mais ne remet jamais en cause ses choix au grand jour, il aime sa famille, ses enfants et, plus important que le public, c'est dans leurs yeux qu'il veut voir des étoiles.
Samuel Jouy parvient ainsi à un équilibre fragile mais très touchant du portrait d'un homme dévoré par son ambition déçue, son besoin maladif de reconnaissance, sa projection dans les talents de pianiste de sa fille, mais très au fait de ses capacités réelles et de ce qu'elles peuvent apporter au champion dont il est le sac de frappe humain. Et c'est cette position d'outsider conscient de son statut, qu'il n'accepte pas à son échelle tout en y étant résigné sur le plan général, qui lui donne énormément de personnalité et le rend profondément attachant.
"FAIS COMME SI QUELQU'UN AVAIT CRU EN TOI"
A ce titre, la composition de Mathieu Kassovitz dans le rôle de Steve est impressionnante. Fragile et fort en même temps, fier et blessé, il apporte une grande profondeur à un personnage déjà bien attendrissant sur le papier. Il incarne réellement ce quadra cabossé, y apporte son regard triste mais au fond duquel brille encore une petite flamme et, au niveau de la performance physique, il nous surprend, totalement investi dans son rôle. Nous ne l'avons jamais vu comme ça et c'est un vrai plaisir.
Un rêve de dorures
Bien entendu, les rôles secondaires ne sont pas négligés et ils se révèlent eux-aussi passionnants. Si Olivia Merilahti compose avec talent une épouse dévouée mais lucide, un peu trop classique dans son évolution, on retiendra surtout Lyes Salem en coach du champion, impressionnant de présence comme d'habitude et définitivement trop rare ces derniers temps.
La grande qualité du film, au-delà de la puissance et de la solidité de son histoire, c'est de jouer avec les clichés du film de boxe sans jamais tomber dedans. Une simple image amorce le souvenir du spectateur, qui se croit donc déjà en terrain connu, mais à chaque fois la scène l'emmène dans une autre direction, et c'est très agréable. Malheureusement la dernière partie contredit la phrase précédente puisque, sans rien en révéler, elle cède à une certaine facilité qui fait un peu tâche par rapport au reste. Mais rien qui ne détruise le film heureusement.
Lecteurs
(0.0)21/01/2020 à 13:42
Idem. Kassovitz, l'artiste, est extrêmement doué que ce soit devant ou derrière la camera.
Mais Kassovitz, l'homme est juste insupportable, antipathique et suffisant. Next
18/01/2020 à 19:27
Kassovitz dans un film ? c'est NON direct !
Boycott cette ordure et tout ce qu'il touche !
01/02/2018 à 20:29
Superbe critique et superbe film. Pour un 1er long chapeau. Bel mise en scène notamment un magnifique plan séquence sur Kassovitz qui découvre l'antre du champion "Tarek" au coeur d'un casino.
30/01/2018 à 11:38
Je trouve que le trailer dévoile un film intéressant et un personnage touchant et accrocheur qui a la niaque malgré tout.
27/01/2018 à 20:22
Y a kasso donc sans moi , merci !
27/01/2018 à 18:36
Kassovitz est peut-être l'un des meilleurs acteurs Français, sans compter d'être un très très bon réalisateur.
J'ai vu récemment son film sur la prise d'otages en Nouvelle-Calédonie, c'était marquant et filmé magistralement.
27/01/2018 à 00:47
Rocky , creed, la rage au ventre mixe ?
26/01/2018 à 19:38
Un petit fight contre Vin Diesel, ce serait chouette, tiens.