Test : Danton

Sandy Gillet | 12 avril 2010
Sandy Gillet | 12 avril 2010

Deux compléments viennent ici agrémenter cette édition dont l'un est exclusif au Blu-ray. Soit sept minutes avec Jean-Claude Carrière, co-scénariste de Danton, qui revient sur le rôle de David, peintre officiel de Napoléon mais qui fut d'abord un révolutionnaire de la première heure et un fervent robespierriste...

 

On retrouve Carrière et bien d'autres intervenants dont Andrzej Wajda, Margaret Ménégoz, Wojciech Pszoniak au sein d'un documentaire signé Pierre-Henri Gibert qui se propose de retracer tout le cheminement de ce projet paneuropéen depuis ses origines : une pièce polonaise des années 1920 pro-robespierre que Wajda avait monté en Pologne dans les années 70 au plus fort de la mainmise soviétique. Ses difficultés de production en pleine révolution polonaise suivi de l'état de siège imposé par le Général Jarulewski qui obligèrent la production franco-polonaise à « s'exiler » à Paris, ce qui pour un film voulant traiter d'une période de notre Révolution n'est finalement pas si mal. Celui-ci met aussi en lumière l'apport essentiel de Carrière pour que Danton ne soit pas qu'un film anti-communiste et de réaction épidermique à ce qui se passait alors en Pologne (le scénariste devinant que confiner le film dans un tel didactisme allait en faire un film générationnel et non universel).

 

 

Bref voilà un document à la limite de l'exégèse, pas très fun dans la forme car uniquement illustré par des extraits du film mais essentiel à la bonne compréhension d'un métrage qui reste un peu à part dans le cinéma français.

 

Pour aller plus loin toutefois, on se doit là encore de mentionner l'édition Criterion qui propose entre autre chose le making of extraordinaire d'époque avec des images fortes du tournage, d'un Wajda dans un appartement parisien en train de dessiner toute la séquence de la guillotine ainsi qu'une interview hallucinée de Depardieu entre deux prises de la scène finale quand il monte sur l'échafaud. Un document bluffant que l'on aurait vraiment aimé retrouver ici.

 

Apport HD : On cherche encore...

Houston, nous avons un problème... Et il se focalise dans la comparaison entre le master proposé par l'éditeur US Criterion en DVD et celui proposé par Gaumont. Bien entendu en termes de définition l'image blu-ray encodée en AVC est supérieure ne serait-ce que dans le détail du grain de peau lors des nombreux plans rapprochés qu'affectionnent Wajda. Mais là où le bât blesse c'est la propension qu'à l'image Gaumont à forcer les contrastes occasionnant paradoxalement une perte d'informations dans les arrière-plans. Du coup les noirs sont on ne peut plus bouchés et la colorimétrie en prend aussi pour son grade.

 

Les captures ci-dessous sont cliquables pour les vionner en HD

 

DVD Gaumont

 

Blu-ray Gaumont

 

DVD Criterion

 

Dans les captures ci-dessus, le manteau accroché derrière le personnage de Robespierre joué par Wojciech Pszoniak devient noir chez Gaumont (Blu-ray et DVD) alors qu'il est bien vert au sein du DVD Criterion. Et que dire des autres vêtements portés cette fois-ci...

Bref il s'agit bien là d'une de ces exceptions dont les éditeurs français ont seuls le secret. Réussir à faire moins bien en Blu-ray qu'en DVD d'une part, réussir à faire moins bien qu'un éditeur étranger pour un film de notre patrimoine... On est trop trop fort !

 

Et franchement le « massacre » ne s'arrête pas là. Il faudra aussi nous expliquer quel est l'intérêt de proposer une version anglaise pour le moins exotique alors même que Criterion ne propose que la VF qui faut-il le rappeler, est déjà suffisamment « décalée » comme cela pour en rajouter. De fait Danton fut tourné en tenant compte de la langue maternelle de chacun des acteurs (polonais et français) et la « VF » est donc déjà à la base une version doublée pour la moitié du casting avec une synchronisation labiale on ne peu plus sommaire.

 

Côté technique le blu-ray propose un encodage de ses deux pistes mono 2.0 en DTS-HD Master Audio. La différence avec le DD 2.0 du DVD ne saute pas aux oreilles. Par contre elle est patente avec le DD 1.0 du Criterion forcément plus central et découlant d'une volonté éditoriale qui remonte aux premiers Laserdiscs chez l'éditeur New-yorkais. Disons que si le 2.0 a tendance à flatter l'ouïe, le 1.0 a pour lui la rigueur d'une retranscription plus fidèle et que l'on pourra toujours « spatialiser » en 2.0 via un réglage sur son ampli.

 

À noter enfin (seule véritable bon point en fait tant en DVD qu'en Blu-ray) la présence de sous-titres anglais et français pour sourds et malentendants. Chose que Gaumont a pris pour bonne habitude de remonter sur ses éditions quasi systématiquement.

Résumé

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