Flo
15/06/2023 à 15:56

Le clash, un crash, puis le splash...
Et on remonte en arrière.

On cite ici un super-héros, qui se construisit en 1940 selon un modèle très prisé par les américains d'alors... La culture grecque, et leurs héros ou dieux antiques - ici Hermès (ou le latin Mercure), qui en a inspiré bien d'autres pendant l'Âge d'Or des comics.
Juste du décorum, mais son côté incandescent, désinvolte et un peu hors-la-loi se retrouve beaucoup chez les super-héros modernes... Beaucoup chez les petits frères turbulents de Marvel, plus dilué chez les grands frères sentencieux de DC comics.

Pour ce qui est du personnage de Barry Allen, c'est un cas d'école : il suit la même route que beaucoup de héros, à savoir toujours gagner avec le sourire, et beaucoup d'inventivité, tout en essayant de se dépêtrer de ses problèmes de double identité... Mais avec aussi un sérieux de donneur de leçon, eu égard aux pouvoirs énormes qu'il a à disposition (il s'agit tout de même de ne pas trop déconner avec la vitesse). Très conservateur, pas un personnage toujours sympathique... Plus du tout sa place dans une nouvelle époque ?
Les comics du début des années 2010 ont cependant réussi à reformater le héros, en douceur, servant de base potentielle à des adaptations en action réelle.

Sauf que nous sommes chez la Warner, les propriétaires de DC comics.
Et le film qui arrive Enfin, est une allégorie ultime d'une multitude de problèmes...

- La métaphore du système de production de la Warner :
Un studio qui s'enorgueillit depuis des années de faire des blockbusters d'auteurs, et la critique de bien souvent tomber dans le panneau lorsque le résultat est superficiel (il va un jour falloir les former aux nombreux codes super-héroïques, spécifiques... parce-que les analyses sont bien trop souvent loupées).
Dès 1979, Superman a quasiment droit à un diptyque cinéma, auréolé d'un certain prestige (des membres du "Parrain" ont travaillé dessus). Avant de tout défaire, on connaît l'histoire.
Et bêtement, cette histoire se répéta encore (Batman), et encore (Green Lantern), et encore... Même avec divers producteurs, même à la télévision, il y a un schéma répétitif, que seules les productions animées ou plus indépendantes ont pu déjouer. Mais sans jamais réussir à sortir de leur confort artistique, confinés à un, deux ou une petite poignée d'opus très bons. Incapables de se développer au delà de leur postulat d'origine, de générer des pistes supplémentaires.
C'est justifié, mais frustrant vu les possibilités excitantes que ça pouvait offrir.

Cas d'école encore pour Flash : la série télé des années 90 avait eu tout ce qui faut (héros viril, volontaire et légèrement maladroit, bons designs, casting resserré, des références sympas ponctuelles...), mais n'avait pas pu aller au delà d'une seule saison.
Celle des années 2010 avait d'autres qualités (jouer à fond le sentimentalisme, un casting large, et des interactions entre productions), mais n'avait jamais su s'arrêter à temps, poussée à continuer sans but clair et précis (au contraire de "Smallville"), jusqu'à... l'épuisement.
L'une a couru trop vite mais en s'économisant, l'autre trop longtemps et en n'ayant plus de force...
Le film de 2023, lui, a raté son départ tellement de fois qu'il cumule les limites de ses d'eux aînées. Aller trop vite, accumuler le maximum de références et interactions, enrober tout ça d'un max de plans composés avec force effets numériques baveux... Rien de neuf depuis Zack Snyder, en fait.
Et au cas où ça ne convainc pas, rire un coup et faire comme si c'était un autre univers, laissé plus ou moins à l'abandon (on trouve toujours un moyen de les faire apparaître, effectivement). Car il est bel et bien une suite du Snyder Cut, citation à l'appui.
Ce qui nous amène à...

- La métaphore du procédé d'écriture des productions Warner/DC :
Ce ne sont jamais les mêmes équipes qui travaillent dessus, n'est-ce pas ? Et pourtant, ce sont quasi toujours des scénarios obsédés par les traumatismes liés au Père et à la Mère, sans le moindre renouvellement...
Toujours uniquement des adaptations d'arcs narratifs des comics, précisément compilés dans des albums. Dont on va piocher des scènes spécifiques, qui serviront seulement de balises reconnaissables pour les fans. Mais avec une construction préalable différente, ce qui en modifie le sens. Et devient souvent hors-sujet...
Toujours regarder la concurrence (erreur fatale, c'est dans l'autre sens que ça doit se faire) et reproduire ce qui a déjà été fait, en plus gros si possible.

Remettons bien sûr l'arbre au milieu de la forêt : la super-vitesse (représentée au ralenti) et les explorations d'univers parallèles, c'est Flash qui en est le pionnier.
Oui mais alors comment représenter cela comme si c'était la première fois, alors que bien d'autres au cinéma l'ont fait avec grand succès ?
En en faisant des caisses, voilà. Pourtant cette façon là, en étirant les actions en suspens, aurait pu être intéressante si elle avait été vraiment traitée en profondeur. En expliquant ce qu'on ressent lorsque se crée ce genre de dimension figée, où tout est à la fois abordable et fragile.
Et non... ça devient surtout un réservoir à scènes un peu divertissantes, pseudo drôles, faisant ici une gênante fixette sur les bébés, la nourriture (au cinéma il vaut mieux montrer sa fabrication ou sa consommation au calme, et pas la balancer dans tous les sens).

Puis le Multivers, qui génère la lassitude chez certains alors que... On vit dedans depuis toujours, à chaque fois qu'on voit une liste d'œuvres (ou de pays, de cultures etc) ayant chacune des points communs mais pas les mêmes origines.
Le Multivers donc, est expliqué ici par le personnage le moins habilité à ça... Et on voit bien que c'est un argument marketing, qui ne sera pas transcendé au delà de son postulat.
Utiliser des anciens ennemis des Spider-Man de Sony pour créer des simili Sinister 6, ça sert au moins à attaquer et remettre en cause le MCU et ses principes (c'est de bonne guerre).
Utiliser le Batman de Michael Keaton ne veut par contre ici rien dire. Il est assez similaire à celui de Affleck, mais il ne vient pas d'une autre dimension, alors que celles-ci sont bien évoquées. Ce changement rétroactif est un peu une grosse excuse pour avoir un vieux Batman culte (bien trop surhumain) en lieu et place de celui du modèle comics, Thomas Wayne, tiré du crossover Flashpoint - un peu trop récent pour qu'on s'en serve déjà ?
Ses apparitions évoquant lointainement Tim Burton, et celles (à peine inspirée du dit crossover comics) des kryptoniens prennent du temps d'exposition sur le film de Flash. Et n'ont pas beaucoup de cohérence (comment ont-ils été attirés sur Terre ?). Cette Supegirl est combative et assez touchante, mais elle n'a même pas d'accomplissement en ligne de mire.
Bref toutes ces références, toutes ces façons inédites de montrer le voyage dans le Temps, toutes ces grosses scènes d'action lorgnant sur l'abstraction avec de fortes images de synthèse (tellement d'humains recréés qu'on dirait des personnages de jeux vidéos)... sont plaquées à l'image, ont une artificialité énorme - toujours à la Snyder.
Au premier degré, ça se laisse tout de même voir, beaucoup de gens peuvent y prendre plaisir.
Quant à l'intéressé, Barry Allen lui-même...

- La métaphore des troubles de Ezra Miller :
Encore un choix qui s'est fait en regardant trop la concurrence... Spider-Man forcément.
Certes le Peter Parker initialement coécrit par Steve Ditko était un peu conservateur, pas trop loin du Allen de DC - mais on le retient surtout comme un bon rigolo insolent et fan de ses aînés, n'en déplaise à ceux qui sont restés bloqués sur Sam Raimi.
Certes Grant Gustin dans la série télé n'en est pas loin. Certes c'est assez proche aussi de Wally West.
Zack Snyder, en faisant du bolide blond, un petit brun jouant les comique de service... en engageant un acteur à mimiques, abonné aux rôles sombres et torturés, s'alignant ainsi sur une représentation masculine fragile et dénuée d'un quelconque ascendant sur les femmes (Pattinson, Chalamet)... Comment ne pas tomber dans l'erreur de casting ?
Pourtant "Justice League" (le film) arrivait à le montrer comme un jeunot sympa qui cherche un sens à sa vie à force de fuir… Et qui devra utiliser cet art de la fuite pour sauver des gens, plus que pour combattre.
Tandis que le Cut enfonçait le clou dans une jolie scène finale, facilement décorrélee du reste.

Et là, pendant une demi-heure ça marche plus ou moins bien. On croit de plus en plus au benjamin de la Ligue, avec un meilleur costume, mélancolique, croyant fermement à l'équité jusqu'à en perdre tout discernement (pourquoi ne pas juste remonter le temps pour découvrir qui est l'assassin ?). Il ne lui manque que ses Lascars, à affronter chez lui.
Mais juste après, le film mute en une comédie parodique grasse, aux blagues nous prenant pour des idiots (c'est bon, on a bien compris pour Eric Stoltz). Et qui vire à l'egotrip adulescent, très pénible.
Pour un acteur reconnu coupable d'actes dérangés, le voir critiquer le manque de suivi psychologique de la Ligue, puis jouer carrément la schizophrénie pendant deux heures... Il y a quelque chose de perturbant là dedans, et jamais amusante.
On en profite pour rattraper son gros retard, en y incorporant au forceps l'origin story du héros, et le rôle de mentor qui est le sien dans les comics (ce qui est plus juste que de le voir en émule de Batman, sans jamais les voir confronter leurs capacités d'enquêteurs). Le côté sérieux de Barry ressort, mais seulement parce-que son double en apprentissage est exagérément irresponsable, bien plus que Wally West. Même en devenant un héros d'action (on ne saura jamais non plus pourquoi leurs éclairs sont de couleurs différentes), il reste balourd et au parcours évidemment prévisible.

À l'instar du personnage, le film est ainsi déchiré en deux. Entre sa volonté d'amuser les spectateurs, et celle de raconter une histoire SF ambitieuse et émouvante, interrogeant la notion de Destin comme le fait déjà "Spider-Verse"...
Sans trouver l'équilibre.
Les ambitions étaient juste de trop, tout ça n'était qu'un film d'Action/SF un peu rocambolesque, inspiré des délires d'antan des comics de Robert Kanigher et Carmine Infantino... et finalement écrit comme un vieux sketch du "Simpson Horror Show".

Et puis il doit y avoir un moment où Flash danse. ;-)

Mickaël
15/06/2023 à 14:57

@brucetheshark : arrête de penser que ton avis est le seul qui compte, ton comportement est juste puéril. Encore une fois, tu ne changeras pas les préférences des gens. Oui, j'ai apprécié The Flash malgré ses défauts, tout comme j'apprécie d'autres navets et films considérés comme mauvais par d'autres.

Tu n'as pas apprécié le film, c'est ton droit, et ça ne me dérange en rien. Alors pourquoi vouloir prendre de haut les gens qui ne partagent pas ton opinion ? ... Bref, je vais m'arrêter là avec toi, cet échange est stérile et ne mènera à rien.

brucetheshark
15/06/2023 à 14:32

@Mickaël , ah ok, tu aimes juste que des entreprises multimilliardaires se moquent de toi en te prenant ton pognon... Ok ! ;-)

Mickaël
15/06/2023 à 14:10

@brucetheshark : "Ne serait-il pas temps de revoir ses standards à la hausse ?" Cette expression me fait toujours un peu rire quand je la lis, les goûts et les couleurs sont différents d'une personne à l'autre.

Si je dis que le film n'est pas mauvais en soit, c'est simplement parce qu'il se laisse regarder et que malgré tout j'ai passé un bon moment, j'ai pas mal souris et rigolé avec certaines blagues. Je n'ai pas vu passer les 2h du film, et je ne me suis pas ennuyé, contrairement au dernier ant-man ou même le dernier gardiens de la galaxie que beaucoup de personne ont aimé, alors que je n'ai pas du tout accroché et que je m'ennuyais réellement tout le long du film.

The Flash n'est pas parfait, la CGI est immonde certes, mais si on devait arrêter de regarder des films à cause de leur technique datée, on ne regarderait plus grand chose, et on ne regarderait plus non plus des films qui ont 10, 20, 30 ans ou même plus.

brucetheshark
15/06/2023 à 13:56

@Mickaël , juste une petite question, comme tu le dis, le film a 20 ans de retard, n'arrive pas à construire ses personnages et est une moins bonne adaptation qu'une série télé cheapos... Du coup, comment peut-on dire que ce film n'est pas "mauvais en soit" ? Ne serait-il pas temps de revoir ses standards à la hausse ?

@Cisco , perso, No way home m'avais mis en colère car il se foutaitouvertement du public et que j'étais persuadé qu'il y aurait bien des crétins pour aimer ça (ce qui n'a pas manqué). Ca n'a pas été le cas avec Flash car le film est si raté que je ne crois pas qu'un être humain doté d'une quelconque intelligence puisse apprécier cette chose... Du coup, tu te situes où, toi ?

Mickaël
15/06/2023 à 13:30

J'ai été voir le film hier soir, c'était le film que j'attendais le plus cette année étant donné que j'aime beaucoup The Flash et les possibilités qui sont offertes par ce super-héros.

Je suis ressorti un peu perplexe de la salle. Le film n'était pas mauvais en soit, mais quelques points m'ont chiffonné, notamment la CGI immonde qui a au moins 15 voire 20 ans de retard... En temps normal je me plains peu de cet aspect dans les films récents notamment pour les films Marvel, mais là c'était vraiment trop flagrant à l'écran.

Ensuite, déception concernant supergirl. Elle parle peu et a peu de temps à l'écran. C'est dommage, j'aurais bien voulu la voir plus. Je serais curieux de voir ce qu'un film avec la même actrice donnerait, surtout que le personnage est iconique et bien badass dans les comiques. Il serait temps que le cinéma américain change de mentalité sur les super-héroïnes et fassent des adaptations décentes, je suis sûr que l'audience serait au rendez-vous si c'était le cas.

Pour finir, un peu déçu de l'adaptation de l'arc Flashpoint, je trouve que la série télé The flash s'en est mieux sorti (oui bon, ok, le format est différent, mais tout de même, cette adaptation sur grand écran m'embête et aurait pu être mieux je pense).

Cisco
15/06/2023 à 13:24

Aller voire les critiques sur de vrai site cinéma le film est exellent

PimPim
15/06/2023 à 13:22

J'ai rarement autant ri au ciné et je n'étais pas le seul, toute la salle était hilare. Alors ouais j'aurais préféré un film mieux construit (l'écriture d'Iris, mon dieu!) avec des effets spéciaux moins minables... Mais bon le résultat final est loin d'être complètement raté. Enfin... Je crois que mon avis est plutôt minoritaire ici ^^ Alors que sur les sites US le film a reçu plutôt de très bonnes notes.

Geoffrey Crété - Rédaction
15/06/2023 à 10:20

@Kynapse

Je l'ai déjà dit : c'est prévu, on va repenser/refermer l'espace commentaire, puisque depuis plusieurs années les gens en font n'importe quoi. On est les premiers à en souffrir, vu les horreurs qu'on modère au quotidien.
On a encore rajouté un niveau de modération automatique il y a une semaine, en cherchant toujours comment gérer la tonne de commentaires et spams, sans (trop) compliquer la vie des gens normaux qui commentent. On reste un site indépendant, nos moyens sont limités, donc la prochaine évolution réelle sera pour fin 2023.

PhilC
15/06/2023 à 10:03

Vue hier soir.
Le film est vraiment sympa comparé aux enormes bouzes sorties avant.
La scène d’intro est juste topissime et va à 100 à l’heure! Bien que certaines situations soient ammenés facilement, j’aurais voulu quelques scenettes en plus afin d’accompagner ses situations.

Le grand bemole de ce film est et restera les CGI. Je n’ai pas compri le choix des caméo (Cavill, Reeves, West, Cage… ) en CGI. Surtout que Mandalorian nous a prouvé que le deepfake fonctionne parfaitement.
La scene des bébés est pas mal, mais les gosses sont horribles.

Second bémole, l’ecriture de Batman Keaton est expeditive. Il ne sert pas a grand chose pour ma part et l’emotion aurait pû être tout autre si ils avaient changé la tonalité du film avec keaton justement.
Quant à Supergirl, sympa en vrai mais pareils que Keaton, ecriture expeditive. Dommage!

Ezra Miller porte très bien le film. Il est talentueux, drôle, serieux et touchant à la fois.
Je suis, d’ordinaire, sensible aux frasques des artistes et des repercutions que cela pourrait avoir sur leurs oeuvres. Mais là c’est passé crême pour une fois. J’en suis surpris.

Climax sympa et touchant.

Ce n’est point grave, cela reste un bon petit film de SH. J’y suis allé sans attentes particulières et j’en suis sorti avec le sourire bien qu’un peu sur ma faim.

Je recommande car change des bouzes Black Adam, Shazam2 et WW1984. Change aussi des derniers Marvel (juste pas vu GoG3).

Je trouve que EL y va un peu fort, surtout que la critique Black Adam etait beaucoup plus clemente alors que le film est une mer.e de premier ordre.

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