Carlitto
18/12/2019 à 10:27

J'ai oublié de préciser que sur l'empire contre attaque, le scénario est basé sur une histoire originale écrite par Leigh Brackett, elle même auteur de livres de SF.

Carlitto
18/12/2019 à 10:17

@Birdy
Pour comprendre la prelogie, envisagée par son auteur bien après la TO, peut-être faut-il revenir sur la genèse de celle-ci et son tout 1er film intitulé Star Wars.
D'abord Lucas : il n'est qu'un très jeune metteur en scène, ayant plutôt eu une formation de monteur, avec un petit succès à son actif Américain Graffiti.
Il rêve toujours de porter son Flash Gordon à l'écran, mais les droits étant pris, il a lui-même écrit sa propre histoire. L'inspiration lui vient de tous ses écrits de space opéra, de films de guerre, de la guerre des mondes de Byron Haskins, des 7 Samouraïs de Kurosawa dont il sera le producteur en 1980 de Kagemusha.
Il est seul à avoir son univers en tête et il a plusieurs atouts avec lui : une jeune génération qui a envie de faire bouger le cinéma. Ainsi, pour les effets visuels, il ne fait pas appel à Douglas Trumbull pourtant auteur des effets de 2001, mais à un jeune comme lui, John Dikstra, qui vient de trouver le moyen de contrôler les caméras par ordinateur. Et idem pour les trouvailles sonores, design, etc...
Il va trouver la Fox, qui s'intéresse tellement peu à son projet qu'elle lui cède tous les droits et lui alloué un misérable budget de 11M de $.
Il part tourner en Tunisie, à un endroit qu'il connaît, puis aux studios Elstree en Angleterre
Et là ça se passe très mal. Les techniciens anglais se foutent de lui, leurs syndicats lui mettent des bâtons dans les roues.
Personne ne comprend rien à ce qu'il fait et tout le monde est persuadé d'etre dans une série Z comme il y en a déjà tant.
Très malade, il parvient à boucler le tournage mais il ressort de cette expérience écœuré. C'est décidé, il ne sera plus jamais metteur en scène.
Il est angoissé, très déprimé, malgré le soutien de son copain Spielberg, il laisse sortir le film dans l'indifférence et un petit nombre de salles.
On connaît la suite...
3 ans plus tard il est son propre producteur mais il fait appel à un metteur en scène efficace et conciliant Irvin Kershner. Celui-ci aura bizarrement les mains très libres, Lucas apparaissent assez peu sur le plateau...
Lorsqu'il envisage la prelogie, c'est déjà un cinquantenaire bien tassé. Le producteur exige qu'il prenne la mise en scène alors que le scénario est écrit par Frank Darabont, metteur en scène des Évadés.
Lucas n'a qu'une obsession : le cinéma à mué, et les effets visuels autrefois optiques, sont passés au numérique. Son travail va en etre facilité et il n'a gardé comme souvenir de sa prelogie qu'il s'agissait de films pour enfants.
Exit le travail de Darabont, on part d'un scénario inspiré de la Chute de l'empire romain, les effets visuels faisant passer tout le reste...
Voilà comment s'écrit l'histoire...

Birdy
18/12/2019 à 00:04

Et puis pire que tout : le casting, la direction d'acteurs, et les rôles écrits à la truelle.
Il suffit de voir la qualité du cast de GOT, pour voir que dans un univers inventé de toute part, on se raccroche toujours autant aux personnages, qui le rendent vraisemblables. Là, on ne croit en rien par ce que les personnages/acteurs sont eux même déconnectés de la trame et des enjeux.
Ils subissent les scènes et les dialogues, et n'avancent dans leur quête que mécaniquement, sans psychologie. Les Lannister, les Stark, Walter White, McFly, le Joker, Hannibal Lecter, McLane, sont de grands personnages parce qu'ils ont une trajectoire et un passif qui pèse sur leurs décisions, sur leur trame, sur le film/série. Leur nature n'est pas suffisante, elle est enrichie de leur expérience dans le film, qui influence le jeu d'acteurs.
Dans Star Wars, tout n'est que prétexte à sauter, courir, sabrer, froncer les sourcils, ou faire une vanne.

Birdy
17/12/2019 à 23:47

Et puis quand tu fais rire la salle sur le plan final attendu 20 ans : voir Dark Vador se lever pour la 1ère fois, t'as raté quelque chose quelque part. Idem quand la salle est gênée au lieu de verser une larme devant le corps (presque) sans vie de Leia flottant dans l'espace.
Le premier combat sabre à la main de Palpatine face à 4 maitres Jedis est moins bien découpé qu'un épisode des power rangers. On ne voit strictement rien., c'est moche et mou, aucun déluge de force, ils se font tous découper comme des amateurs. Rey n'en aurait fait qu'une bouchée aussi, sans formation.
Le délire du général Grivious... mais on est où là ? Ok il tousse (caractérisation me voilà). Mais ses moulinettes, là, c'est un duel au sabre ou du cirque ? Obiwan pourrait pas en faire une boite de conserve en 2 sec en utilisant la force ? (pas futé le maitre jedi poto d'Anakin le futur méchant qui fait des cauchemars).
Les combats spaciaux sont des ersatz en moins bien de scènes 20 ans plus vieilles.
Les Xwings sont remplacés par de belles coquilles vides aussi vites oubliées quand les vaisseaux d'antan sont toujours autant à la mode. D'ailleurs on y revient.

Lucas a posé un univers à la hauteur de celui de Tolkien, se basant sur des archétypes ultimes reconnus et joués comme tels : le héros sans expérience, le mercenaire au grand coeur, la princesse à sauver, le méchant sans pitié et trop fort qui perdra parce qu'il est vraiment trop méchant, le vieux maitre de la montagne, etc.
Mais passer de ces figures établies à des personnages plus complexes, mues par des objectifs contradictoires, dans un univers plus riche, mouvant, était trop compliqué pour le scénariste Georges Lucas. Il n'a su qu'esquisser des possibilités, sans en extraire la substantifique moelle.

Birdy
17/12/2019 à 23:29

@ Trakken : quand vous parlez de cette époque, avec Mysterek ou autre, je ne l'ai pas connu (je n'ai "que" 40 ans) et je savoure vos propos. Et je comprends très bien ce que vous voulez dire par journalisme qui se place au dessus de l'oeuvre ou de l'auteur, se permettant de juger un travail parfois raté, certes, mais respectable au moins dans l'intention. Même le grand Scorsese m'ennuie parfois, mais je n'oserai jamais le prendre de haut.

Sur la prélogie, certes le contenant est tout neuf, Lucas a pu s'en donner à coeur joie. On sentait déjà dans ses retouches de la TO qu'il regrettait les limites de l'époque. Et déjà il tombait dans le piège de ne pas savoir se servir de ces FX. Trop voyants, mal venus, ils encombraient plus les films qu'ils ne les renouvelaient.

La prélogie avait de belles cartes en main : des mondes très intéressants à visiter, mais sous quel prétexte ? Naboo restera une belle carte postale, Coruscant ne nous fait pas plus ressentir le grouillement de sa populace que le 5è élément.
Quel arc narratif sort du lot ? Il y avait pourtant de quoi faire rien qu'autour d'Anakin :sa formation est esquissée sur 2 concepts, sa romance effleurée, sa mère n'est qu'un artifice scénaristique pour le pousser à se venger, et Palpatine n'a aucun effort à faire grace à des cauchemars bien pratiques.
Obiwan : trop propre sur lui, il pouvait avoir une vraie influence sur le conseil des Jedis vieillissant et trop refermé sur lui même. Yoda sent un truc, mais rate l'éléphant dans le couloir.
La politique est résumée à 2 complots : prendre le pouvoir, renverser les jedis. Ok, sur le principe, mais vraiment rien de plus. Le chemin pour y arriver prendra 3 scènes en trois films.
Ok, on attendait pas JFK, ou GOT, mais quand même, Palpatine n'aura même pas eu à ruser.

Reste l'espoir d'une avalanche de combats. Mais une chose illustre que Lucas cède au côté obscur des FX faciles : la surabondance de sabres laser. Ils sont utilisés à tout bout de champ et n'ont donc plus d'aura. Ils s'en servent autant que nous de notre smartphone.

La cohérence exceptionnelle de la TO trouve sa source dans les limites techniques de l'époque. L'imagination débordante de Lucas s'accompagnait d'astuces scénaristiques oubliées dans la prélogie. On peut tout montrer ? Allons y gaiement. Mais les combats en souffrent hélas. Leur dramaturgie est plus complexe, pourtant les badguys sont si inexploités avant que seul le combat final du III laissait un espoir de grand dénouement. Et c'est encore de l'esbrouffe chorégraphiée en dépit des arts jedis inspirés pourtant des samourais de Kurosawa qui eux frappaient juste sans fioriture. Et pourtant quelle intensité dans chaque duel du maitre.

Lucas a laissé ses équipes FX prendre le pouvoir sur 3 ou 4 scénaristes qui auraient d'abord du consolider toute l'armature narrative de la trilogie. C'est le même défaut dans la dernière. Aucune graine plantée de donne un arbre robuste qui porte le film suivant plus haut.
Rey, Obiwan, même Yoda, sont quasi les mêmes à la fin qu'au début de leur aventure, avec l'impression au passage d'avoir soit raté un truc, soit fait un bout de chemin pour gagner dans un sacrifice couru d'avance.
Certaines saisons de GOT sont exceptionnelles. D'autres se plantent. Star Wars vend du jedi par paquet de 20 maintenant. Sabre laser multicolor inclus, et sith sans envergure offert pour 2 films prépayés. Ainsi va la vie, ainsi va la force.

Trakken
17/12/2019 à 23:19

Même Conan Doyle avait provoqué la fureur de ses fans en tuant Sherlock Holmes... A ce point qu'il avait dû subir l'opprobre des critiques comme du public et finalement... de le ressuciter.

Trakken
17/12/2019 à 23:11

Mais sans doute est-ce le lot commun de tout auteur génial de décevoir son public dès lors qu'il poursuit son inspiration...

Qui dira de Franck Herbert que son meilleur roman de Dune est le dernier plutôt que l'oeuvre originale ? Qui écrira que le meilleur récit de Fondation d'Azimov est celui qu'il a écrit après son premier tome ? Qui préfère Endymion de Dan Simmons à son roman fleuve Hypérion ?

Trakken
17/12/2019 à 22:57

@Birdy

Par contre, concernant vos propos, disant que la prélogie n'apporte rien sur le fond : je ne partage pas votre avis ! Certes, d'un point de vue cinématographique, elle est plus faible que la TO. Mais, en revanche, elle a l'ambition de montrer que la galaxie est un monde immense, riche, complexe... Ce que la TO n'avait pas fait.

La voie choisie par Lucas n'a pas rencontré les espérances de ses fans... Tant pis ! Mais, c'est lui l'auteur... et l'on y peut rien... (comme Ridley Scott avec Alien, si j'en crois vos reproches concernant Prométheus et cie :o)

Trakken
17/12/2019 à 22:45

@Carlitto
Toujours ravi de lire "vos mises en abîmes".
Certes, oui, nous sommes sans doute de la même époque :o)
Merci pour votre côté Yoda :)

@Bidry
Désolé si mes propos ont pu vous sembler déplacés. C'est juste que je remarque souvent - pas tout le temps - qu'il y a plus de connaissances de l'oeuvre d'un auteur dans les commantaires des lecteurs que dans le texte des rédacteurs... Et votre post me le confirme... Je tenais à marquer le coup. Je ne réitérerais pas l'exprience. Inutile. (et il n'y a rien de condescendant en cela :o)

Birdy
17/12/2019 à 22:08

@Trakken : c'était sympa de vous lire, mais prenez garde tout de même à ne pas tomber dans la condescendance. Critique contre critique, c'est assez original quand vous parlez du fond, mais finalement vous avez vite bifurqué vers l'attaque personnelle. Vous étiez pourtant très intéressant à lire sur le sujet.
Car sur le fond, je suis totalement d'accord avec vous : avoir approfondi l'univers rien qu'avec Thimothy Zahn et sa trilogie 7/8/9 ne peut que nous rendre dingue devant le peu d'imagination de la dernière trilogie. Il y avait tant à réinventer.
Et sur la prélogie, j'étais enthousiaste à l'idée de voir la politique s'infiltrer au coeur de SW, et voir un gamin lumineux devenir les des plus iconiques méchants de l'histoire du cinéma.
Hélas, le casting, l'arc narratif, et la conclusion sont baclés.
Donc quand Sébastien dit que les déçus voulaient simplement un remake de la TO, bien sur que non. Surtout pas. Au contraire, la prélogie n'invente que dans la forme, quasi rien de neuf dans le fond, si ce n'est le maitre d'Obiwan, qui n'aura pas un grand impact contrairement à Sir Alec Guiness.
Je n'ose imaginer un Star Wars par Spielberg, Villeneuve, ou le grand Ridley Scott d'avant Prometheus.

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