Critique : The Awakening / Aftermath / Genesis
Tout commence en 1990 avec The Awakenning, première réalisation du prodige espagnol Nacho Cerdà (en collaboration avec Ethan Jacobson) où ambiance délétère et effets sonores oppressants s'embriquent pour donner naissance au pire des cauchemars. Dépouillé au possible, The Awakenning fonctionne selon le credo bien particulier de la terreur subjective, faisant monter l'angoisse progressivement dans un noir et blanc crasseux. Tourmenté et sombre, le film n'est pas sans rappeler dans sa forme les expérimentations 70's de George Romero et les aboutissants scénaristique des Griffes de la Nuit où rêves et mort étaient intimement liés.
Plus « anodin », AfterMath (1994) pousse
encore plus loin l'obsession de son auteur pour la Mort en montrant un médecin
légiste céder à ses pulsions les plus innommables. Formellement, le deuxième
court de Nacho Cerdà est d'une beauté saisissante. Sur le fond, la volonté de
bousculer absolument tous les tabous liés au sujet donne lieu à un métrage
autiste, prisonnier du pouvoir de fascination morbide qu'il exerce. Il en
résulte un exercice de style certes brillant, mais racoleur et vain.
Enfin, Genesis (1998) marque l'apogée du style Cerdà et sa pleine maturité vers un cinéma fantastique adulte et profond (comme le démontre le très réussi Abandonnée sorti ce mercredi 30 juin en salles). Bouleversante réflexion sur le deuil et le processus de création, Genesis malgré son côté trop parfait (images et musiques tutoyant de très près le sublime) suscite une émotion non dissimulée et touche par sa vision baroque et romantique de la Mort.
Tel un triptyque chaotique et inégal, La Trilogie de la Mort est avant tout l'histoire d'un parcours de longue haleine s'étalant sur quinze années et la confirmation par l'image du style singulier de son auteur privilégiant l'image à la parole comme outil narratif ultime.
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