Critique : Braqueurs amateurs

Johan Beyney | 20 février 2006
Johan Beyney | 20 février 2006

L'intrigue est classique : ils ont tout pour être heureux (un bon boulot, une belle maison dans une banlieue proprette, un enfant et une femme de ménage... Le bonheur, donc) et, en un claquement de doigts, tout s'écroule.

Après le scandale financier qui a détruit la boîte pour laquelle il travaillait, Dick se retrouve tricard auprès de tous ses employeurs potentiels. Il faut pourtant bien continuer à vivre… Pour dresser le catalogue des méthodes permettant de se remettre à flot, les scénaristes (dont Judd Apatow, à qui l'on doit 40 ans toujours puceau) s'en sont donnés à cœur joie : vente de meubles, tests en tous genres (Téa Léoni n'aura jamais été aussi sexy…) et, surtout, recherche désespérée d'un job. Qu'il s'agisse d'une hilarante course- poursuite de cadres en costume ou de rendez-vous improbables se terminant non loin de la frontière mexicaine, Dick est prêt à tout.

Nul besoin de préciser que Jim Carrey est particulièrement à l'aise dans cet exercice familier. En évitant d'en faire trop – ce qu'on pouvait lui reprocher au début de sa carrière – il enchaîne les gags avec un talent qu'il semble canaliser de mieux en mieux. Il trouve ici une partenaire de choix en la (jolie) personne de Téa Léoni, dont l'énergie comique encore sous-exploitée avait déjà éclaté dans l'excellente sitcom Une fille à scandales. Le couple crédible bénéficie surtout de la véritable alchimie qui naît entre les deux acteurs et, loin d'écraser sa blonde acolyte, Jim Carrey trouve ici un répondant comique à la hauteur de son talent. Un vrai et réjouissant couple de cinéma. Les quelques personnages secondaires (notamment Alec Baldwin en patron véreux et Richard Jenkins en affairiste déchu et alcoolique) constituent des contrepoints très réussis à ce duo qui ne l'est pas moins.

Le film prend une autre tournure lorsque Dick et Jane, s'apercevant que l'honnêteté ne paie pas, décident de passer du côté obscur de la force, avec l'entrain et la maladresse de deux jeunes débutants. Galvanisés par le danger et un délicieux sentiment d'interdit, le couple va alors retrouver un second souffle dans cette partie qui détourne astucieusement les codes des films de braquage et d'arnaque avec un vrai sens du comique de situation. Bien écrit, rythmé, drôle, le film nous épargne par ailleurs une morale facile (« bien mal acquis ne profite jamais ») et se paie même le luxe d'égratigner au passage le monde de l'entreprise et le cynisme de ses dirigeants. Certes le propos est loin d'être subversif et l'intrigue loin d'être inoubliable, mais Braqueurs amateurs s'avère une comédie très efficace, pas si bête, et servie par un duo d'acteurs très inspiré. Largement de quoi se divertir honnêtement sans avoir l'impression de s'être fait dépouiller du prix de son ticket de cinéma.

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