24 heures chrono saison 7 : Le retour du refoulé ?

Geoffrey Crété | 29 avril 2014
Geoffrey Crété | 29 avril 2014

Ecran Large lance le 24 news chrono : un marathon d'articles pour fêter le retour de Jack Bauer le 5 mai, dans la saison 9 intitulée Live Another Day. 24 jours et 24 news pour revenir en détail sur la série culte 24 heures chrono : sa naissance, ses héros, son évolution, ses moments marquants, mais aussi ses failles et ses polémiques. "Damn it !" 

J-7

 

Épisode 17 : la folle saison 7, ou le retour du refoulé. 

Lieu : Washington, quatre ans après les événements de la saison 6.

Période : 08:00 à 08:00.

Menaces : Jack traîné en justice suite à ses coups d'éclats au sein de l'ex-CTU ; Tony Almeida de retour pour jouer de mauvais tours ; le général Juma et ses menaces terroristes ; le président de Starkwood, Jonas Hodges, et son complot délirant pour soutenir l'industrie de l'armement.

Moments clés : Jack face aux accusations des détracteurs de la série ; l'attaque de la maison blanche ; les retrouvailles musclées entre Tony et Jack ; Renée Walker découvre les joies de la torture ; la fausse mort de Renée ; le sauvetage bactériologique de Jack et l'adieu à Kim ; le sacrifice de Buchanan ; l'ultime vengeance de ce bon Tony.

Baromètre Jack : « Cette fois c'est méga-personnel ». Jack doit survivre à un véritable feu d'artifice maxi-best-of de la part des scénaristes. À peu près toutes les situations déjà vues dans la série sont ici convoquées et portées à leur paroxysme : retour d'un ami décédé, trahison d'un ami décédé, complot politiciens partouzeurs de droite, famille présidentielle à la dérive, torture et auto-justification, attentats physiques et bactériologiques. C'est la fête du slip terroriste.

 

Audiences US moyennes : 12 millions de spectateurs.

Diffusion : 2009.

 

 

Nous avions laissé Jack avec Redemption, téléfilm censé nous faire supporter l'attente d'une série interrompue par la grève des scénaristes. Changement de décor radical (l'Afrique), transformation des enjeux (Jack se bat pour les chtites n'enfants), cette tentative devait renouveler le personnage et notre rapport à ses actions. Manque de pot, le film est un succès en demie-teinte qui tire franchement à la corde.

 

Quatre années se sont écoulées depuis la saison précédente et l'heure est venue pour Jack comme la série de rendre des comptes. C'est la raison pour laquelle la saison s'ouvre sur l'audition de Jack dans le cadre d'une enquête fédérale sur les agissements de l'ex-cellule CTU. Le personnage et la série font front commun face aux accusations de violence gratuite et de soutien à la torture. Le nouvel axe entreprit avec la saison 5 aurait pu amener à une remise en cause des fondamentaux du show, mais après l'échec d'une sixième journée ratée dans les grandes largeurs, le scénar opte pour la surenchère totale et le bras d'honneur maximal.

 

Après quelques minutes d'audience, le FBI vient chercher Jack, appelé à l'aide dans une affaire de terrorisme inattendue. Le pas si mort Tony Almeida comploterait avec un odieux dictateur africain pour provoquer une série d'attentats sur le sol américain. Oublié le grand nettoyage de la saison 5, oublié les discours un chouia plus nuancé sur la nécessité de maltraiter les témoins. Jack mettra quelques minutes à convaincre son nouveau chaperon, Renée Walker, unique bouffée de fraîcheur de ce nouvel arc, qu'il faut parfois faire souffrir pour faire parler. De même, Tony endosse comme un charme le costume du traître en réalité toujours du bon côté de la barrière, chargé par ses amis d'hier d'infiltrer les rangs de l'infâme général Juma.

 

 

Jack retrouve ainsi l'inexpugnable Chloé et l'indéboulonnable Bill Buchanan, qui ont envoyé Tony au front. Mais rapidement plusieurs nouvelles menaces se font jour. Ce sera sans doute là l'aspect le plus embarrassant de cette septième saison, qui aura souffert de la grève des scénaristes : un catalogue délirant et frénétique d'adversaires, aucun n'ayant jamais le temps d'imprégner véritablement l'esprit du spectateur et de se transformer en antagoniste digne de ce nom.

 

Jonas Hodges apparaît ainsi rapidement comme le salaud à abattre, aux côtés du général Juma. Une multitude de plans diaboliques déjoués plus tard et à une attaque de la Maison Blanche près, tout cette galère avance à un rythme de folie jusqu'à une conclusion beaucoup plus modeste et intimiste que ce à quoi la série nous a préparé. Tony veut se venger et se moque bien des conséquences. Que des soldats, des agents du FBI ou même Bill Buchanan meurent en cour de route n'a finalement que peu d'importance, ce bon Tony voulait simplement coincer l'assassin de sa femme. Et le spectateur de se demander si sa série pourvoyeuse d'adrénaline préférée s'est véritablement remise du jeu de massacre de la plaisante saison 5.

 

En effet, tout ici semble un retour du refoulé chargé en dopamine. Les menaces sont réchauffées, les personnages également, comme si le coup de balais passé quelques années plus tôt avait précipité 24 heures chrono dans une deuxième période dont le show lui-même ne voulait pas. Les gènes de la série rejettent la greffe et réclament le retour des ingrédients d'hier. Le mélange se fait objectivement assez mal, les scénaristes oscillant toujours entre répétition, fan service et hystérie.

 

 

EN BREF : Pétrie de défauts et revenant largement sur les acquis des deux précédentes saisons, cette septième journée n'en demeure pas moins inexplicablement jouissive. Grâce à son rythme, devenu littéralement infernal, mais paradoxalement grâce aux aspects les plus primaires et américains du show. Alors que le premier épisode semblait amorcer un début de remise en question (interrogation sur les méthodes des héros, délocalisation à Washington), c'est tout le contraire qui se produit.

 

Les vieux de la vieille reviennent, la torture bat son plein comme jamais. Jack avait raison depuis le début et l'assène avec une force qui amuse d'autant plus le public européen que les outrances typiquement américaines peuvent être reçues avec une certaine distance. Bauer en devient une machine indestructible, un Terminator Républicain qui balaie sans mal la nouvelle présidente introduite dans cette saison. Elle-même patchwork maladroit de ses prédécesseurs, on se désintéresse rapidement de ce personnage fourre-tout.

 

Après ce ride réchauffé mais toujours excitant, nous nous retrouvons dans une situation excitante mais inconfortable : 24 heures chrono a en effet convoqué ce qu'elle pouvait d'identités remarquables et d'anciennes figures, dont la plupart achèvent la saison balayés à jamais. Suite à cette folle journée et le piteux téléfilm qui l'a précédé, on a bien du mal à deviner quelle sera l'orientation de la prochaine et (à l'époque) ultime saison. Une chose est sûre, les scénaristes doivent en finir avec Jack, dont le personnage est au bord de l'implosion, il n'apparaît définitivement plus à notre monde, entre rage herculéenne et profonde lassitude, sa noirceur doit exploser. La saison 8 osera-t-elle l'amener au point de rupture qui le guette depuis plusieurs années ?

 

Rendez-vous demain pour un nouvel épisode du marathon 24 heures chrono.

 

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