Gérardmer 2014 : Jour 2

Simon Riaux | 1 février 2014
Simon Riaux | 1 février 2014

Il est des soirs où journalisme rime avec sacerdoce, frustration, souffrance, sacrifice. Il est des soirs où pour rendre un papier à l'heure, le Festival de Gérardmer a des raisons que la raison ignore. Il est des soirs où il n'est d'autre choix que de rédiger son compte-rendu quotidien depuis le salon du Grand Hôtel, tandis que troubadours, réalisateurs, comédiens, producteurs, stagiaires nubiles et autres festivaliers dansent la bourrée, un cigare cubain aux lèvres, un Jéroboam de Morgon sous le bras. Il est des soirs où la Team EL ne lâche rien, agrippe son clavier et boit de l'eau. Un peu.

 

 

 

Nous passerons rapidement sur la présentation matinale de Miss Zombie. Non pas que le film nous ait paru particulièrement mauvais, mais l'état neuronal de votre serviteur le pousse à n'accorder qu'une confiance modérée à son ressenti, tout positif qu'il soit. Jugeant qu'il était plus prudent d'opter pour un volet de sympathiques interviews, nous nous dirigeâmes vers le Grand Hôtel (décidément) afin d'y causer cinéma avec Kim Chapiron et Kim Jee-Woon, auquel Gérardmer devait rendre quelques heures plus tard un fort bel hommage orchestré par Jan Kounen. Nous vous livrerons les propos du papa de J'ai rencontré le Diable prochainement, mais pouvons d'ores et déjà vous annoncer que le chamarré Chapiron travaille actuellement à un nouveau film, à l'occasion duquel il collaborera à nouveau avec son complice scénariste de La Crème de la crème. Pour le moment, tout ce que pouvons vous en dire, c'est qu'il ne s'agira « ni d'un film d'horreur, ni d'un prison movie et pas non plus d'un campus movie ». Wait and see donc.

Après un repas corporatiste où l'auteur de ces lignes accompagnés de prestigieux confrères a profité d'un burger au Munster pour maudire l'institution des César avec l'hypocrisie du jeune plumitif tenu à l'écart des ors de la Grande Famille du cinéma, vint le temps d'enchaîner les projections. Le week-end approchant et les choses sérieuses se profilant tout à fait, le Festival a dévoilé le jour que nous attendions tous, plus surprenant et excitant. Si l'on regrette de n'avoir pu visionner The Machine, que de nombreux individus au système pileux remarquable nous ont vendu comme une petite tuerie qui devrait combler tout ce que les Vosges contiennent de nerds exigeant, nous avons néanmoins été servis en plaisantes pellicules.

 

 

Présenté à Cannes il y a quelques mois, Last days on mars fut littéralement vomi par une foule de spectateurs dont il n'est pas interdit de remettre en cause les capacités d'analyse, tant la chose nous aura charmés. Soigné, esthétiquement somptueux et maîtrisé de bout en bout, le film s'est révélé une excellente série B, seulement limitée par deux séquences mouvementées filmées sans inspiration aucune et un script rigoureux mais prévisible. Perfectible, le film recèle quelques très belles scènes de terreur, dont une résolution conflictuelle à coup de perceuse qui vaut son pesant d'hémoglobine. On conseillera à tous les vilains calomniateurs du métrage de re-jeter un coup d'œil à L'Inconnu du lac, encensé avec un manque de discernement qui confine à l'amateurisme. Et toc.

Et comme nous sommes à Gérardmer pour assouvir notre passion pelliculée, mais qu'il n'y aucune raison de se désintéresser de notre second hobby, à savoir les slips de cuir, nous avons courageusement opté pour la preview de 300 : la naissance d'un Empire, projetée en exclusivité mondiale dans les Vosges. Que les fans de Spartiates musculeux, de deltoïdes gonflés et de sternums guerriers se rassurent, les treize minutes qui nous ont été montrées augurent d'un spectacle tout à fait comparable au film de Zack Snyder. Les cinéphiles insensibles aux pitreries bellicistes et arabophobes pourront légitiment aiguiser leurs vannes et se préparer à combattre par le sarcasme la chose, tant elle prête le flanc à d'innombrables détournement. Reste que l'ensemble s'annonce éminemment spectaculaire et que sa 3D nous a semblé du meilleur effet.

 

 

Le clou de cette riche journée fut la présentation de deux épisodes de la deuxième saison de Métal Hurlant chronicles. Si la rédac avait été partagée à l'issue de la précédente, tout laisse à penser que la progression accomplie ici est des plus notables. Découpage extrêmement soigné, réalisation au diapason des différents univers, excellente direction artistique, capable de masquer assez efficacement les manquements d'un budget modeste. Métal Hurlant confirme et s'impose comme une création à part dans le paysage télévisuel français. Comme votre serviteur est actuellement dans un canapé entre le réalisateur et la productrice, lesquels viennent de lui payer un gros gorgeon d'absinthe, précisons que le tout tient du chef d'œuvre immortel. Allez soyons honnête et précisons que dès que cette belle équipe améliorera l'écriture de ses dialogues et bénéficiera d'épisodes plus longs, nous tiendrons véritablement alors un divin ovni.

Parce qu'il est tard, qu'il fait faim, qu'il fait soif, et que l'on ambitionne encore d'être frais demain pour notre ultime round d'interviews, il est temps de vous laisser et d'arpenter les ruelles glacées de Gérardmer jusqu'à notre hôtel. Bonjour chez vous, comme dirait l'autre.

  

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