Berlin 2011 : Jour 3 (A lonely place to die)

La Rédaction | 12 février 2011
La Rédaction | 12 février 2011

 

 

 

La mécanique allemande a parfois des ratés. Et cette année, force est de reconnaître que les organisateurs de la Berlinale pédalent un peu dans la choucroute au niveau des horaires. Entre l'impossibilité d'enchaîner certaines séances pour cause de quelques minutes de retard lors des précédentes, s'est ajoutée encore aujourd'hui une volonté de faire cohabiter presse et public dans la salle 7 du Cinémaxx, qu'on appellera désormais « la foire d'empoigne de Berlin ». Résultat, heureusement qu'on est deux à Ecran Large pour voir les films car un certain rédac chef s'est fait bouter hors de Yelling to the sky. Après s'être vengé au McDo du coin, le marché du film s'offrait à lui pour tenter de noyer sa déception bien relative (voir ce que dit Martin plus bas du film raté). Mais là aussi, il y a une règle à prendre en compte : en tant que journaliste et sans badge du marché, c'est un peu la pêche aux invitations et on n'a pas forcement accès au film que l'on désire. Et même jamais ! C'est donc un 4ème voire un 5ème choix qui s'est offert à nous aujourd'hui. Et le titre résume assez bien la triste journée passée à la Berlinale : A lonely place to die. Un grand moment de solitude avec un film qui, sur le papier, avait des arguments de poids. Bon, ok, un : Melissa George en alpiniste. A lonely place to die, assurément un direct to vidéo chez nous, c'est un peu Vertige en raté (et c'est un bonhomme qui aime énormément le film qui vous le dit). Les détracteurs du film d'Abel Ferry sont donc prévus : ça va loin dans la nullité. Dommage car le début de l'histoire axée sur l'escalade permet d'avoir quelques belles séquences mais une fois que le film se transforme en un erzatz de Délivrance, c'est la chute libre. A l'image d'une dernière demi-heure ridicule qui réussit l'exploit de nous faire quitter la montagne pour nous asséner une course-poursuite pathétique dans un carnaval villageois avec un tueur assené d'un masque de cochon façon Jigsaw, A lonely place to die nous fait bien regretter d'avoir tenté l'expérience. Dommage pour la jolie Mélissa qui n'y peut rien face à un script juste complètement bête (1/5).

 


 

Quant à l'autre film du marché, Good neighbours avec Jay Bucharel, Scoot Speedman et Emily Hampshire, on en parle dans la vidéo (2,5/5).

 

Concernant les films de la sélection, on est allé découvrir un bon film, le premier du festival, du côté de la section Panorama. C'est Here que Sandy avait déjà découvert à Sundance. Si ce dernier avait émis plus de réserves que nous, on a été vraiment touché par cette belle histoire d'amour sur fond de road movie arménien. Les deux acteurs, Ben Foster et Lubna Azabal, sont pour beaucoup dans l'émotion suscitée par le film (3,5/5).

 

 

Du côté de la compétition, on a pu voir Schalfkranheit (La maladie du sommeil), un film allemand d'Ulrich Köhler. On y suit le drame d'Ebbo Velten, un médecin allemand coopérant, qui retrouve sa femme et sa fille qu'il n'a pas vues depuis longtemps et s'apprête à rentrer dans son pays natal après des années passées au Cameroun. On découvre alors cette vie quotidienne qui peut attirer mais repousser aussi. Le film s'interroge entre autre sur l'utilité de la coopération internationale et pose les problèmes de la corruption de ceux qui reçoivent les aides, mais il utilise trop souvent des clichés pour parvenir à ses fins et peut aussi souffrir de la comparaison avec le White material de Claire Denis, nettement plus efficace (2/5).

 

Et c'était vraiment la journée de l'Allemagne puisqu'on a découvert Alemanya, Bienvenue en Allemagne. Ce premier film de la réalisatrice Yasemin Samdereli, présenté hors compétition, traite sur le ton de la comédie le processus d'intégration de la communauté turque en Allemagne.

Co-écrit avec sa sœur Nesrin, le film raconte comment Hüseyin Yilmaz, le grand-père de la famille, émigré numéro un million un, arrive au milieu des années 60. Des décennies plus tard, il se convertit en citoyen allemand mais décide de revenir dans sa patrie d'origine et convainc toute sa famille de l'accompagner.

C'est avec un humour certain- même si souvent les gags sont difficilement compréhensibles par des spectateurs non allemands - et grâce à l'humanité de personnages  que le film traite un sujet ardu (2,5/5).

 

Enfin, pour conclure la journée en « beauté » et confirmer que le festival n'a pas du tout trouvé son rythme de croisière, on a pu voir le 4ème film de la compétition officielle, à savoir, Yelling to the sky. Sweetness, interprété par Zoé Kravitz, la fille de Lenny, est une adolescente de 17 ans en pleine quête d'identité qui se retrouve mêlée à une échelle de violence dans le quartier, tout en ayant à subir le drame familial entre une mère émotionnellement absente et un père caractériel et violent.

Dans le casting, il faut souligner aussi la présence de Gabourey Sidibe, qui avait été nominée à l'Oscar pour Precious  - film avec lequel il est d'ailleurs difficile de ne pas établir certaines comparaisons - et  de Tim Blake Nelson.

La mise en scène permet de vivre le drame de l'intérieur et d'éprouver une certaine empathie grâce à la proximité de la caméra avec les personnages, mais on retrouve aussi dans le film les faiblesses d'un certain cinéma indépendant new-yorkais souvent récurrent quant au traitement du thème de la marginalisation sociale dans des familles disfonctionnelles (2,5/5).

Cliquez Ludivine pour accéder à la galerie photos du jour, réalisée par notre photographe Gianfranco Zanin :

 

 

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