Aliens - Le retour Top science-fiction n°13 : Aliens, le retour

Florent Kretz | 4 décembre 2009 - MAJ : 14/12/2023 15:10
Florent Kretz | 4 décembre 2009 - MAJ : 14/12/2023 15:10

Pour lancer le compte à rebours avant l'évènement Avatar qui sortira sur nos écrans le 16 décembre prochain, la rédaction d'Ecran Large a remis le bleu de chauffe et a recommencé à se plonger dans une classement impossible. Après vous avoir proposé notre classement des meilleurs films d'horreur dans l'histoire du cinéma, nous avons opté pour l'univers de la science-fiction et ainsi d'élire ce qui sont pour nous les 31 meilleurs films du genre. La règle de ne pas avoir plus d'un film par cinéaste ne s'applique pas ici (c'était au dessus de nos forces pour certains réalisateurs). La seule règle que l'on a décidé d'appliquer (et qui sera critiquable comme beaucoup de règles) : un film qui était déjà dans notre classement de l'horreur ne pouvait pas réapparaître dans ce nouveau classement.  14 membres de la rédaction ont donc été invités à envoyer leur liste de leurs 70 films préférés. A partir de ces listes, on n'a gardé que les films cités plusieurs fois par chacun d'entre nous. On a alors resoumis la liste finale à un vote pour obtenir le classement final que nous allons vous faire découvrir quotidiennement jusqu'au 16 décembre 2009 qui révèlera le numéro 1 de la rédaction. Un éclairage par jour durant 31 jours sur des incontournables du cinéma de science-fiction.  Et en guest star pour commenter nos choix, on retrouve Vincenzo Natali, le réalisateur de Cube, Cypher, Nothing et du très attendu Splice, étant un parfait ambassadeur du futur de la science-fiction au cinéma.

 

 

13 - Aliens, le retour (1986) de James Cameron

 

Vincenzo Natali : La première version non officielle de Starship Troopers. James Cameron emballe une suite brillante en tournant un film totalement différent du chef-d'oeuvre de Ridley Scott. Au-delà des prémisses de SF, c'est un film de guerre qui étudie l'essence du conflit Vietnamien, ainsi que la défaite des Etats-Unis face à un ennemi technologiquement moins avancé mais beaucoup plus déterminé. Comme dans les Terminator, l'héroïne est une guerrière, une Walkyrie, et sa compassion n'est approchée que par son désir de tout casser ! Il y a aussi une poignante et inattendue relation mère-fille qui fait écho à la nature des Aliens et à la confrontation finale avec la Reine. Comme ce monstre, l'histoire est une bête élegamment construite. Tous les accessoires sont excellents. Les scènes d'action sont parfaites. Personnellement, c'est mon film de James Cameron favori. Wow !

Jean-Noël Nicolau : En contre-point quasi parfait du film de Scott, Aliens est LE film ultime d'action horrifique. Un crescendo délirant, entre effroi et combats dantesques, dont la dernière demie-heure demeure le sommet de toute l'oeuvre de James Cameron. Chef-d'oeuvre ! 

Laurent Pécha : Film défouloir ultime, roller coaster d'action et de frissons démentiel, Aliens est le modèle absolu de la suite parfaite.

Sandy Gillet : Ce que d'aucuns ont appelé l'âge de fer après l'âge de terreur demeure aujourd'hui une machine de guerre d'une rare efficacité et le meilleur film pour son auteur à date.

 

 

  

Ils sont peu à s'être consacrés véritablement et à plusieurs reprises à la science fiction, en changeant ainsi considérablement son visage. Ces dernières années, on ne pourra  finalement compter que sur la clique d'éternels que sont tous les Lucas, Spielberg, Verhoeven, Scott... Des auteurs visionnaires divulguant chacun à leur manière leur approche du genre quitte à en redéfinir totalement les courbes. James Cameron est de ceux là. D'ailleurs s'il se fait relativement rare, il tape un grand coup à chaque film, le sieur accompagnant généralement sa puissante et intuitive mise en scène à une nouvelle révolution technologique! Aliens, le retour ne fait pas exception à la règle, son géniteur livrant une relecture courageuse voir outrancière d'une œuvre légendaire, dévoilant par la même une perception radicale renforcée par une maitrise technique affolante. Au point même que l'opus de Cameron est devenu un passage obligé doublé d'une incroyable réputation de modèle à suivre pour réussir une bonne séquelle! Un chef d'œuvre monstrueux et passionnant qui s'offre, en plus, le luxe de ne pas -trop- souffrir du poids des années! Un film mythique et violent qui vit tout naturellement le jour dans la douleur... 

 

 

 

La phrase est bien connue: « Aliens, le retour est au film de guerre ce qu'Alien est à l'horreur »! Une citation qui résume assez bien la situation, le film de Cameron faisant office de petite révolution au sein du panorama cinématographique. Et même si la formule ne sera pas nouvelle (Heinlein et d'autres auront abordé le thème de la science-fiction guerrière en littérature), la proposition du bonhomme est suffisamment pertinente pour faire son petit effet! D'autant plus qu'il sait pertinemment ce qu'il fait, Etoiles garde-à-vous! étant son livre de chevet et le jeune homme affectionnant particulièrement les thématiques militaires, l'abnégation et les ressources insoupçonnées de l‘homme. Des axes qu'il n'est pour le moment pas trop parvenu à dévoiler mais qu'il amorce patiemment. Jusqu'ici artiste polyvalent au sein des studios (direction artistique sur Androïde, responsable de matte-paintings pour Carpenter, petite main chez Roger Corman), il vient de vendre le scenario de Rambo II: la mission, suite revancharde des aventures du vétéran du Vietnam le plus stéroïdé de l'histoire. Un job acquis grâce au succès de son premier long métrage Piranha 2, suite du film de Joe Dante et carton dans les Drive-in! Une opportunité qui lui permet aussi, courant 83, de faire parvenir à différentes maisons de production le scénario de The Terminator, une histoire ambitieuse de science-fiction qui sera développée et réalisée par la suite.

  

Un scénario qui plait aux producteurs Walter Hill et David Giler au point de proposer au réalisateur une rencontre. Si les droits de Terminator ne sont plus disponible, la conversation et la présentation des premiers rushs du film les incitent à évoquer le projet du suite au Alien de Ridley Scott et qu'ils avaient supervisé plusieurs années auparavant. Il se trouve que ce nouveau chapitre, Cameron le fantasme depuis quelques temps déjà: il propose une histoire qu'il a rédigé quelques mois plus tôt, accompagnée en plus d'une note d'intentions d'une cinquantaine de pages. Embauché pour en développer le concept, il doit cependant boucler la production de Terminator et ne livre pas le nouveau script complet: la production attendra mai 85 pour en voir le bout! Conquis par le traitement ainsi que par le culot du jeune homme, ils ne rechignent pas à le mettre aux manettes de l'entreprise, l'expérience Terminator s'étant en plus conclue de manière miraculeuse. A la tête d'une super production et avec sa fiancée, Gale Anne Hurd, comme productrice associée, Cameron doit tout de même affronter un premier obstacle: l'actrice Sigourney Weaver refuse de participer au film. N'envisageant pas la suite sans elle, il s'oppose aux studios qui l'invitent à réécrire l'histoire sans le personnage de Ripley: refusant catégoriquement, il se fait ami de la belle qui, après quelques négociations financières et artistiques, accepte de reprendre son rôle.

 

 

  

Hyper actif et maniaque au possible, Cameron ne va rien laisser au hasard et obtenir, par la même occasion, les foudres de plusieurs de ses collaborateurs. S'il s'oppose poliment à la contribution de H.R. Giger, plasticien et artiste à l'origine de la forme biomécanique de l'alien, il reprend une grande partie des designs et se les réapproprie: aussi impliqué dans la création des véhicules que dans la mise en chantier des décors, sa plus grande contribution sera incontestablement sa Reine alien qu'il invente de toute pièce! Un monstre de légende qui réclamera pas moins de seize techniciens entièrement voués à son animation. A ceux-là s'ajoutent les cinquantaines d'autres qui travaillent sur quelques marionnettes impressionnantes. Pour animer les fameux facehungers par exemple, on créé pour l'occasion des prototypes entièrement articulés et motorisés: l'illusion est totale! Des techniciens ingénieux à l'instar des décorateurs qui ne renoncent point à l'idée de reconstruire quelques décors du premier volet, disparus sans explication, ou à faire des concessions (ils utilisent des compartiments d'avions pour ne pas dépasser le forfait alloué à la décoration). Car le budget est serré, Cameron déraillant gentiment. Lorsqu'il se sépare de son chef opérateur après un mois de prise de vue pour différents artistiques (Dick Bush: Phase IV, Tommy), il se brouille carrément avec l'un de ses acteurs principaux, James Remar (Les guerriers de la nuit, Cruising) et le fait remplacer illico: bien qu'ayant tourné plusieurs séquences avec le personnage du marine Hicks, il fait appel à son ami Micheal Biehn qui reprend le rôle en lui apportant le charisme qu'on lui connait!

 

 

 

Biehn qui doit tenir la cadence alors qu'il n'a pas eu le même traitement que le reste du casting: la trame d'Aliens, le retour mettant en scène une troupe de soldats zélés, Cameron les avait fait s'entrainer durant plusieurs semaines avec la Special Air Service! Une éducation rigide qui ajoute à l'efficacité souhaitée par le réalisateur: certain que le régiment se doit d'être crédible, il réclame à ses acteurs de customiser leurs armures. Quand l'une d'entre eux fera un clin d'œil à la performance de Marlène Dietrich dans L'ange bleu, le fidèle Bill Paxton dédicacera ses actes héroïques à sa compagne Louise, le prénom étant inscrit sur le poitrail du gaillard. Autres gueules bien connues des adeptes de Cameron: Jenette Goldstein devient l‘amazone Vasquez (Terminator 2 et Near Dark) tandis que Lance Henricksen incarne l'éternel Bishop, androïde à la solde de la Compagnie. Des amis bien précieux sur un tournage qui part en vrille: tourné en Angleterre aux studios Pinewood, le film prend les atours d'une guerre silencieuse! En réaction aux différentes choix de Cameron et à quelques licenciements, les syndicats s'en mêlent et remettent en cause les conventions de tournage, menaçant même de stopper les prises de vue. Pour faire face, le réalisateur met la main à la patte, se montre moins tyrannique et va même jusqu'à utiliser quelques effets conçus pour Pirahna 2. Le budget pourtant conséquent au départ disparait comme peau de chagrin et on doit même créer l'illusion d'une armée d'aliens avec seulement six types en costumes! 

Une production houleuse qui sera finalement annonciatrice de la suite des événements: pour remplacer Jerry Goldsmith et son sublime bande son, on fait appel à James Horner qui très rapidement entretient une relation conflictuelle avec le réalisateur! Ne disposant que de très peu de temps et subissant les assauts du couple de producteur/réalisateur, il ressort de ses cartons quelques pistes oubliées et composées pour Star Trek épisodes 2 et 3 et les remanie façon marche militaire! Il jurera qu'on ne le reprendra plus à travailler avec le Jim... jusqu'à leur nouvelles collaboration en 1997 pour Titanic et cette année pour Avatar! Une postproduction qui s'éternisera jusqu'à la dernière semaine avant la date de sortie: peu convaincu par le montage, il tente de le fignoler jusqu'au bout. Un final cut que rejettera catégoriquement Sigourney Weaver qui voit une bonne partie de la profondeur de son personnage disparaitre. 

Quelques nuances qui ne chagrineront pas pour autant le public, la version salle de Aliens, le retour étant une authentique tuerie: encore aujourd'hui on a rarement vu aussi génial que les vingt-cinq dernières minutes du film de Cameron, la confrontation finale entre Ripley et la Reine étant tout simplement l'un des moments les plus excitants de toute l'histoire du cinéma. Bourrin à souhait et suite implacable, le métrage est une symphonie guerrière dans laquelle se mêle frisson, action, humour beauf et émotion. Car il s'agit bel et bien d'une aventure terrible et magique répondant aux attentes d'un public mixte. Si les garçons y trouveront leur compte en épisodes burnés, la gente féminine ne pourra que se régaler de l'une des thématiques principales de Cameron et qui trouve ici son apogée: la femme forte n'aura jamais été aussi bien décrite par le cinéaste, faisant même passer Sarah Connor pour une figure outrancière. Composé de chapitres inoubliables et jamais égalés (la séquence du labo, les combats en armures géantes...), Aliens, le retour offre une alternative intelligente au premier opus. Respectueux de l'œuvre matricielle et de son public, le film de Cameron est assurément la référence absolue!

FLORENT KRETZ       

 

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