Une année, un film : Les oeuvres qui ont marqué Eric Valette (3)

Jean-Noël Nicolau | 16 novembre 2009
Jean-Noël Nicolau | 16 novembre 2009

Le 25 novembre prochain sort Une affaire d'Etat, un modèle de polar à l'efficacité redoutable (lire notre critique) signé par un cinéaste français qui était parti depuis quelques années aux Etats-Unis, Eric Valette. Pour vous donner envie d'aller découvrir un film haletant qui renoue avec un genre (mixant policier et politique) que le cinéma français a laissé tomber depuis trop longtemps, on a donné la parole à son auteur pour qu'il évoque les films qui l'ont marqués au cours de sa vie. On a donc repris le jeu horrible auquel on avait soumis Rémi Bezançon il y a plus d'un an (lire ses choix), à savoir choisir un (et seulement un) film phare par année de sa vie et nous raconter pourquoi ce dernier a marqué sa vie de cinéphile (pour ce jeu, on tient compte de la sortie du film en salles françaises).

 

1977

Les Frissons De L'Angoisse de Dario Argento

L'aboutissement du génie visuel d'Argento avec un film dérangeant et fascinant et un beau script qui touche au collage surréaliste. Je l'ai d'abord vu dans sa version tronquée qui en accentuait presque la logique onirique. Et je l'ai véritablement découvert dans la version complète où le rythme d'ensemble est bien plus équilibré. Les mises à mort aussi sadiques que sophistiquées, l'exploration de la villa du crime originel par David Hemmings, les plans endoscopiques de l'univers du tueur: des images qui marquent à vie.

 

 

 

1978

 

Le Convoi De La Peur de William Friedkin

Le chef d'oeuvre de Friedkin. Du cinéma de haute volée où la force impressionniste des plans et la beauté du travail sur le son rendent l'aventure existentialiste de ces outsiders grandioses absolument sidérante. Les images fortes, primitives que Friedkin a ramené de son voyage au bout du monde ne cessent de me hanter.  Le film dérape de son genre pour devenir un véritable film fantastique au bout du compte. J'ai eu la chance de le voir deux fois en salles, mais nous sommes beaucoup à attendre une édition DVD digne de ce nom!

 

 

1979

Série Noire de Alain Corneau

Il y a des films qui sont la rencontre de beaucoup d'éléments disparates et qui deviennent des perles rares, inégalées dans les carrières des divers intervenants.  Dans le cas de Série noire,  Un classique du roman noir rencontre Alain Corneau qui le transpose en banlieue parisienne et vient s'ajouter dans le shaker un Patrick Dewaere totalement habité par son personnage. A l'arrivée, on obtient le meilleur Corneau, le meilleur Dewaere et peut-être la meilleure adaptation de Thomson. En tout cas, un sans faute, inoubliable, une perle noire à l'humour cinglant.

 

 

1980  

Cruising de William Friedkin

Encore une fois, Friedkin aborde frontalement son sujet et dérange. Ce qui aurait pu être un thriller vaguement épicé par le coté folklo du milieu gay cuir new yorkais se transforme en descente aux enfers introspective. Le film, poisseux et troublant, interroge sans cesse tout en s'interdisant de donner des réponses, ce qui ne peut que déplaire à ceux qui aiment les raisonnements binaires... La puissance de la réalisation, l'impact visuel, le superbe travail sur le son sont typiques d'un Friedkin au sommet.

 

 

1981

New York 1997 de John Carpenter

Je l'ai vu un nombre incalculable de fois. L'aspect western anar du propos m'a toujours séduit. La façon de gérer l'espace, le temps, la maximisation du budget (qui était assez bas même pour l'époque), toutes ces qualités habituelles chez Carpenter font qu'on a une mécanique de cinéma précise et fluide. Kurt Russell crée un personnage mémorable et les seconds couteaux sont magnifiques... J'aime aussi beaucoup la séquelle faite bien plus tard qui n'a pas l'extrême rigueur du film original, mais en conserve l'esprit et le ton.

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