Iron Fist : on a vu les deux premiers épisodes de la nouvelle série de Marvel et Netflix

Jacques-Henry Poucave | 15 mars 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 15 mars 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En quelques années, Netflix aura réussi l’impensable : propulser Marvel sur le terrain de la série de divertissement adulte (avant que Legion de Fox ne lui emboîte le pas. Iron Fist, quatrième Defender à investir nos écrans, est-il de la même trempe que ses prédécesseurs ?

Après un Daredevil spectaculaire (suffisamment réussi pour accoucher d’un spin-off consacré au Punisher), une Jessica Jones aux thématiques et aux choix audacieux, Netflix avait marqué le pas à l’occasion d’un Luke Cage à l’univers aussi riche que pauvrement exploité, qui trahissait le systématisme d’une recette « prestige », inadaptée au personnage traité.

On attendait donc Iron Fist de pied ferme, son univers étant peut-être le plus compliqué à intégrer au New York que partagent nos héros, tandis que sa mythologie est largement méconnue du grand public.

 

Finn Jones

 

KUNG TROU

On pouvait reprocher à Luke Cage de jouer inutilement les prolongations, au risque de quasiment vider de sa substance la deuxième partie de sa première saison, et c’est le même syndrome du remplissage, voire de la diversion qui est à l’œuvre ici… Mais dès l’ouverture du show.

C’est bien simple, les deux premiers épisodes d’Iron Fist ne racontent à peu près rien. Plus grave, on sent très clairement que le scénario navigue à vue, ne sachant pas comment traiter ce Bruce Wayne blondinet, et tente de repousser très artificiellement sa transformation en héros. Pour éviter de faire progresser son intrigue, le show a ainsi recours à moult procédés d’un autre âge, multipliant les flash-back à l’identique (la scène du crash parental est ainsi répétée plus de 16 fois en deux épisodes), quand le récit n’écarte pas purement et simplement son héros du processus narratif.

 

Photo Finn Jones

 

Alors que l'histoire ne fait aucun doute de son identité, ces premiers épisodes se focalisent artificiellement sur la reconnaissance de cette dernière, allant jusqu'à nous jouer une articulation narrative majeure à l'aide... de bonbons. Le procédé est fastidieux, connu de tous, mais surtout, ne fait en rien progresser ce qui devrait nous amener à l'essence du show, à savoir, un héros affrontant ses ennemis à coups de tatannes.

 

Photo Jessica Henwick

 

TOI AUSSI MON FIST

Héritier d’un empire familial laissé pour mort, Danny Rand réapparaît à New York, possesseur d’une ancestrale technique martiale et porté par une mission mystique. Sauf qu’au bout d’une quarantaine de minutes, notre blondinet aphasique est interné dans un asile, dont il ne sortira qu’à l’issue du deuxième épisode. On n’en saura pas beaucoup plus en 100 minutes. Tous les personnages croisés sont vaguement esquissés, quand ils ne sont pas écrits à la truelle, à l’image du principal antagoniste, qui n’a toujours pas une once de personnalité ou de motivations après deux épisodes longuets.

 

Finn Jones

 

L’aveux le plus patent de cet échec narratif tient dans un dialogue. Malgré la débauche de moyen de Netflix, en dépit de plus de treize heures de programme, malgré une avalanche de décors, la série est incapable d’exposer clairement ses enjeux, à tel point qu’au cours de quasiment deux heures, seul un malheureux dialogue posera les bases de l’histoire à venir. Pas une séquence narrative, pas un jeu de flash-back, même pas un tour de mise en scène, un bête dialogue en champ-contrechamp.

Mais c’est dans son écriture même que la série révèle ses plus grandes faiblesses. Certains dialogues sont d’un ridicule achevé (« Ce M&m’s ne prouve rien Joy »), quand beaucoup de situation rappellent les pivots narratifs de Daredevil ou Luke Cage, privés de tout impact émotionnel. Entre clichés et absence d’enjeu, cette histoire ne démarre jamais.

 

Finn Jones

 

MORTAL BLABLA

L’ambition d’Iron Fist n’étant ni de révolutionner la fiction, ni de bousculer les codes du récit super-héroïque, on pourrait à la rigueur lui pardonner son total je-m’en-foutisme si l’ensemble bénéficiait d’un bon traitement de l’action, comme ce fut toujours le cas dans les précédentes collaborations entre Netflix et Marvel. Mais à ce niveau, les deux premiers épisodes font aussi preuve de graves manquements.

C’est bien simple, on n’y trouve absolument aucune scène de baston digne de ce nom. Cumulés, les affrontements représentent peut-être 3 minutes, ce qui est ridiculement peu. Ridiculement peu, et passablement mal mis en scène. Finn Jones s’est peut-être (sans doute) beaucoup entraîné pour arriver à ce résultat, mais la comparaison avec la concurrence (ne parlons même pas des productions martiales type The Raid) est impitoyable pour Iron Fist. Trop découpées pour leur propres bien et manifestement conçues par un fan de Steven Seagal et de son retourné de poignet, les séquences d’action nous ont cruellement laissés sur notre faim. Il faut dire qu’après deux épisodes, la séquence la plus spectaculaire nous aura offert un sous Ryan Philippe défonçant une porte…

 

Finn Jones

 

Et comme les comédiens sont à l’avenant, allant du sympatoche en déficit de personnalité (Finn Jones) au grotesque bad guy à mèche, difficile de s’intéresser franchement à ce qui se déroule sous nos yeux.

Toutefois, il reste une raison d’espérer : non seulement nous n’avons vu que deux épisodes, et ne pouvons donc livrer un point de vue sur l’ensemble de la saison, mais si Netflix traite Iron Fist avec un tel dédain dans sa première partie de saison, c’est peut-être car l’intérêt est ailleurs. Notamment dans les Defenders. En effet, si cette quatrième création se tourne plus directement vers l’introduction de cette union super-héroïque, voilà qui explique peut-être les faiblesses de son ouverture.

On espère donc que la suite des aventures de Danny Rand se focalisera sur le formidable roaster qui nous attend très prochainement, se trouvant ainsi une raison d’être et qui sait, une pulsation narrative capable de nous emporter.

 

Affiche

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commentaires
Alyon
15/03/2017 à 14:49

Complétement d'accord avec "miaoumiaou". Une prometteuse 1ère saison de Daredevil (grâce à un bon méchant" mais la suite au secours ! Les seconds rôles sont assez crispants (la belle assistante blonde qui se transforme en flic ou avocate de talent en 3 secondes ...) les atermoiements des protagonistes juste là pour faire durer.

Après avoir (courageusement) regarder toutes les series il semble qu'à vouloir être réalistes et sombres elles se sont crues trop sérieuses et profondes alors qu'il n'en est rien. On attend pas forcément du réalisme dans ce genre de show.

Nous avons pas mal rigolé avec Jessica Jones mais le top fut Luke Cage entres méchants ridicules (le costume du méchant dans le dernier épisode !!!) et scénario Ô combien vide.
Je n'attends pas de miracle de cette nouvelle série qui laissait au travers de ses bandes annonces présager du pire.

Fan depuis gamin de l'univers Marvel Iron Fist je l'attendais de poing ferme, il faisait parti de mes préférés. Ce n'est pas parce que l'on est fan que l'on ne peut voir la vacuité de certaines séries ni même le ridicule. L'avantage avec Netflix c'est qu'on peut noter ce que l'on voit.

Allez un gros effort pour la prochaine !! Sans rancune.

abibak
15/03/2017 à 13:20

A mon avis le principal succès des séries Marvel/netflix tient à la qualité de jeux des méchants:
Vincent D'Onofrio, David Tennant, Mahershala Ali, Alfre Woodard et Jon Bernthal. tous plus flippant les uns que les autres. Pour avoir un bon héros, il faut avoir un bon méchant. Avec l'arrivée de Sigourney Weaver cela ne peut que être bien. Si Marvel/netflix continu d'embaucher des acteurs de qualité, on peut espéré un bonne qualité de la série, mais attention de ne pas vouloir trop en faire, au risque de perdre le côté "plausible" et de basculé vers le fantastique type Les Agents du SHIELD.

Joanny
15/03/2017 à 13:03

Je ne cautionne pas l'argument "Iron Fist prépare Defenders du coup c'est pas ça". C'était pas à Iron Fist de préparer Defenders, c'était supposé être une origin story comme les séries précédentes de Marvel Netflix. Ensuite Defenders aurait vu les héros se rassembler, trouver un ennemi commun et nous offrir des scènes d'anthologie (et pas forcément des combats mais aussi des confrontations morales et des dialogues où on verrait bien leurs personnalités distinctes).

J'espère vraiment que Scott Buck a pas traité son show comme une intro à Defenders. Ce qui différenciait Netflix de Disney, c'est qu'ils mettaient plus ou moins le paquet dans chaque série, là où Disney en garde automatiquement un peu sous le coude pour le film suivant.

miaoumiaou
15/03/2017 à 12:25

J'attends de voir par moi même car je n'ai pas les mêmes avis que vous. Ce qui est bien comme ça on peut en débattre.
Je dois dire une chose c'est que je me suis salement emmerder devant les séries Netflix Marvel, parfois trop long, Jessica Jones est une supercherie. J'ai pas compris les bonnes critiques de cette série longue ennuyeuse avec un méchant qui n'est pas charismatique du tout.
Luke Cage, c'était long mais long, mais j'ai tenu jusqu'au bout car il y a le côté culture black qu'on ne voyait plus depuis un certain temps (à quand une série sur Shaft ???)
Daredevil est la série la plus aboutie des 3 pour l'instant sauf que la saison 2 était moins bonne. Par contre si il n'y pas Fish (son Joker à Daredevil), on s'ennuie pas mal. Le punisher n'a pas tenu ses promesses.....
La série la plus aboutie pour l'instant sur l'univers Marvel c'est Legion qui redore un peu les séries sur Marvel donc.....Si Iron Fist remet le niveau au plus bas.....Ne faut-il pas arrêter les dégats ? Que les gens enfin s'enlèvent les doigts des fesses et lisent les Comics.
On peut toujours rêver, les gens lisent de moins en moins de nos jours...Quand je vois la purge de Walking Dead en série....J'ai tenu 3 épisodes....Le comics est 1000 fois plus réussi que la série. Donc arrêtons d'adapter des univers inadaptables en série.....MAis c'est impossible vu que ça fait des millions de dollars