Westworld : on a vu les premiers épisodes de la nouvelle série phénomène HBO

Simon Riaux | 30 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 30 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Nantie d’un budget pharaonique et rescapée de mystérieux troubles de production ayant entraîné son report, Westworld arrive sur HBO, avec la difficile mission de s’imposer comme le nouveau phénomène produit par le géant du câble américain. Pour ce faire, la chaîne câblée a rassemblé Jonathan Nolan, J.J. Abrams, un casting impressionnant et un budget colossal.


 Westworld, saison 1 inédite, dès le 3 octobre sur OCS City en US+24

 

Cowboys & Droïdes

Avant de devenir le nouvel ambassadeur surgonflé de HBO, pensé comme l’étendard de la série prestigieuse à destination d’un public adulte, Westworld fut un film. Mondwest, réalisé par Michael Crichton en 1973, est une petite merveille de divertissement et d’anticipation, dans laquelle un parc peuplé d’androïde et reproduisant l’univers du Far West subissait la rébellion de ses hôtes mécaniques, bien décidés à en découdre avec les humains. Une idée que reprend le show de 2016 sur le papier, mais avec l’intention manifeste de l’amener dans une toute autre direction.

 

Photo

 

Dès que nous découvrons le gigantesque parc d’attraction au centre de l’intrigue de Westworld, les moyens démesurés mis en place par HBO sautent aux yeux. Gigantisme des décors, profusion d’accessoires, soin accordé à la direction artistique, visuellement parlant, les dizaines de millions de dollars investis se voient et occasionnent un véritable festin pour les yeux.

Qu’il s’agisse du parc aux airs de Far West ou de ses coulisses futuristes, l’ensemble s’articule parfaitement, avec un souci du détail qui confère instantanément à l’ensemble un sentiment de réalité parfois saisissant, qui ridiculise au passage une bonne partie de la production de néo-westerns hollywoodiens.

 

Photo James Marsden, Thandie Newton

 

Côté casting, HBO a également tenu à frapper un grand coup. Du côté des vétérans, nous retrouvons Anthony Hopkins et Ed Harris, légendes du 7ème Art et de l’univers qu’ils arpentent ici, Démiurge faussement affable pour l’un, ange de la Mort au mystérieux programme pour le second. Leur aura palpable innerve les premières heures de la série et est pour beaucoup dans le plaisir ressenti au visionnage.

Le reste de la distribution est tout aussi prometteur. Evan Rachel Wood fait un retour magnétique en demi-innocente sur le point d’accéder à un nouveau stade de connaissance, Thandie Newton saisit avec talent l’opportunité de tenir le rôle qui deviendra peut-être le plus fort de sa carrière, tandis que Jeffrey Wright apporte une dose d’ambiguité bienvenue à l’ensemble. Seul James Marsden doit pour le moment se contenter d’un personnage aussi lisse que ceux qu’il a interprétés par le passé.

 

Photo Anthony Hopkins

 

Blade Westerner

Comme on pouvait s’en douter à la vue des différentes bandes-annonces, Westworld s’annonce après trois épisodes comme une fausse adaptation du film de Crichton et une vraie transposition des problématiques développées par Philip K. Dick au sein de son œuvre. Plutôt qu’une confrontation un peu basique entre chair et cyber, le show semble tendre ouvertement vers les questionnements métaphysiques propres au romancier.

Ainsi, la focale sur les rêves supposés des machines, l’invisibilité momentanée du monde des humains, le doute que le scénario entretient sur la nature de plusieurs personnages ainsi que sur leurs ambitions sont autant de passerelles évidentes vers les univers de K. Dick. La notion de réalité toujours changeante, l’idée même que le réel ne serait qu’une boîte, imbriquée dans une autre boîte… Voilà autant de pistes intéressantes, finalement très peu abordées par le cinéma ou les séries, malgré les multiples adaptations de l’écrivain. Si Westworld se décide à les développer et les explorer, HBO tient là un terrain de jeu fascinant.

 

Photo James Marsden

 

Des bites et des couteaux

Malheureusement, tout n’est pas rose au pays des robots. En effet, dans sa volonté d’en mettre plein les yeux, d’imposer au forceps sa dimension de « nouvelle série phénomène », Westworld commet deux gros impairs au cours de ses 3 premiers épisodes. En 3 heures, la série ne raconte à peu près rien et elle s’embourbe en partie dans les ingrédients qui firent la « signature » HBO.

Si on ne renâcle jamais devant un peu de violence graphique et de sexe humide, leur intégration dans la narration est plus qu’hasardeuse, donnant le sentiment qu’HBO veut charger la mule pour nous rappeler que la chaîne fut la première à abreuver son public de corps suintant et de plaies ouvertes.

 

evan rachel wood

 

Mais ces séquences apparaissent artificielles, ajoutées comme pour cocher des cases et affirmer que l’on fait plus et pire que la concurrence. Le résultat aboutit à un ennui poli mêlé d’anesthésie, quand l’esthétique très hétéro-normée de ces séquences donnent l’impression que HBO accuse désormais un certain retard en termes de « modernité ». Un constat d’autant plus curieux que la dimension orgiaque du parc où se déroule le scénario ouvrait justement la voie à des débordements autrement plus variés que ceux de l’apprenti cow-boy en pleine crise d’hormones.

 

Vinyl Syndrome

L’autre problème, c’est qu’en plus de trois heures, on a bien du mal à voir où le récit nous mène. Tout simplement parce qu’en distillant ses effets, en repoussant ses cliffhangers, en entretenant longuement des mystères (qui ont intérêt à tenir leurs promesses !), Westworld passe de luxueux à clinquant, de grave à pesant, d’intelligent à prétentieux. Beaucoup trop lente, la série se montre sûre d'elle, mais en l'état, HBO fait dans la rodomontade, plutôt que la démonstration de force.

 

Photo Ingrid Bolso Berdal

 

En 180 minutes, on n’a ainsi rien vu que Blade Runner, Mondwest, ou A.I. n’aient déjà traité, avec plus de simplicité et d’efficacité. On retrouve ici le syndrome Vinyl – et dans une très moindre mesure The Night of – cette « conscience » de la qualité HBO, qui plutôt que de transcender un matériau, l’alourdit et l’empêche de remplir son contrat premier, à savoir raconter une histoire.

Pour autant, rien n’est perdu. Pour le moment, Westworld se suit sans réel déplaisir, ses carences n’ont pas encore eu, loin s’en faut, raison de notre curiosité. Nanti de son budget colossal, de son équipe de production prometteuse (Jonathan Nolan, J.J. Abrams), de son casting trois étoiles et de ses infinies possibilités, la série a toutes les cartes en main pour nous séduire.

Mais elle va devoir très vite abattre son jeu.

 

Westworld, saison 1 inédite, dès le 3 octobre sur OCS City en US+24

 

affiche

 

 

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commentaires
zioun
16/12/2016 à 21:06

Très bonne critique au bout de trois épisodes : le problème c'est que les faiblesses pointées dans l'article ne font que s'accentuer jusqu'à une fin tellement décevante...

Nyaruko_84712
10/11/2016 à 20:25

6ème épisode sur 10 de prévus pour la 1ère saison je crois, la première impression reste la même, une heure c'est beaucoup trop long pour ce qu'il s'y passe. C'est plaisant, les acteurs, l'ambiance, le monde reconstitué, les boobs (encore que ça, on commence déjà à saturer et ça n'apporte absolument rien) mais je ne suis pas impatient de voir la suite, que d'ailleurs je ne regarderai peut-être pas si j'ai piscine.

Le casting aussi est pharaonique, en donnant une autre signification à l'adjectif: s'emmerder ferme en restant assis à rien faire sur son trône.

Dans cette histoire, il n'y a aucun moyen pour que le cliff de fin de saison m’empêche de dormir, mais je regarderai peut-être quand même la suite, va savoir. Si c'est pour mélanger Blade runner et la planète des singes, ils ont intérêt à remplir avec un peu plus de contenu parce que pour l'instant c'est mou du genoux. A moins que les androids se mettent à évoluer tellement vite qu'ils prennent quelques millénaires d'avance technologique sur les humains, ou que les dauphins reviennent sur terre, ou que.. je sais pas, mais faites qu'il se passe qqchose!... même être à court de balles pour son revolver, ça mettrait un peu d'action...

A part ça, reprendre la musique du générique de GoT, même retravaillée, ça c'était pas terrible. La pauvre Thandie Newton qui se sacrifie pour un peu d'argent et de célébrité, ça m'attriste un peu mais surtout j'en comprends pas le sens, à quoi ça sert de faire courir des gens à poil? à part peut-être dans postal, lol!

fred67
18/10/2016 à 11:48

Très emballé par l'histoire et tout le questionnement sur soi que la série peut engendrer, j'avoue être pour l'instant assez déçu. Alors oui faudra la juger sur le long terme, mais j'ai quand même quelques craintes.

Car une fois passé la hype de la sérié, je perçois déjà beaucoup de lourdeur quand à la narration après a peine trois épisodes! Vu comment les séries Us ont tendance à trainer en longueur ca n'augure rien de bon. Pourtant, encore une fois, l'idée de base est excellente et les moyens sont au-rendez vous, mais j'ai beaucoup de mal à m'emballer réellement pour l'instant.

Car oui bon on a bien compris que les hôtes étaient en train de prendre conscience du monde qui les entoure, mais à force de le développer pour chaque Robot, ça commence à être un peu indigeste. Faudrait un peu passer la vitesse supérieur.

Car tenir sur plusieurs saisons comme ça risque d'être dur à supporter . Surtout qu'on se doute déjà de ce qui se trame réellement dans le parc. Bref wait and see.

Alix84
05/10/2016 à 23:46

Je viens de voir le premier épisode. C'était exceptionnel à mes yeux. Vraiment superbe. En espérant que le reste sera à la hauteur.

GOD
30/09/2016 à 23:17

Ont verra bien.....j'ai aussi un peux peur que la narration TRAÎNE en longueur (comme d'autre série), surtout sur le câble comme avec HBO ou Netflix qui eux ont des saisons plus courtes....sa devrait normalement étre l'inverse !

MystereK
29/09/2016 à 13:44

Le film Mondwest difficile d'accès ????

C'est juste la même histoire que Jurassic Park avec des robots, quelques scène d'action Western, un peu de SF et des poursuite... Un film basique qui a plus à beauoup d'ado et d'adulte de l0époque pour sa simplicité et son mélange de deux genres en vogue à l'époque.

Blade Runner, Total Recall, Planète Hurlante. Minority Report... des adaptations de Dick loin d'être des délires métaphysique. Même s'il aime s'amuser avec la réalité, Dick a aussi écrit beaucoup de SF sans prise de tête, pas seulement des oeuvres à la Ubik ou Siva,

Garfunkel
29/09/2016 à 11:15

@mikegyver

Mondwest difficile d'accès ? Je trouve le film plutôt super clair, simple, direct, limite plaisir coupable. T'as une scène de baston qui s'étire, une poursuite interminable, quasi aucun dialogue profond.

Et dire de K. Dick "partir dans des delires metaphysiques ca donne jamais rien".... tu peux ne pas apprécier l'oeuvre, certes, mais je t'assure que ça donne beaucoup, beaucoup de choses. Et qu'on peut totalement faire du sérieux bien, divertissant, excitant, sans être dans du "bavard, lent" et film d'auteur. Un peu trop caricatural comme limites pour définir un paquet de très bonnes oeuvres de SF, appréciées par des gens qui aiment les divertissements intelligents, et pas des films chiants intelligents.

mikegyver
29/09/2016 à 10:55

le film etait.....difficile d'acces (vu a l'epoque), et une serie HBO c'est adulte donc, ce qui veut dire a la limite du "film d'auteur", bavard, lent, tout ce que j'aime pas, c'est pas pour moi.

Mais quand meme , si ca tend vers du K.Dick, ca va etre n'importe quoi, le mec etait barré, partir dans des delires metaphysiques ca donne jamais rien,

je trouve que faire du "serieux" pour faire du serieux/adulte ca rime a rien.

Bella
29/09/2016 à 09:57

@ra3fra3f
Le mec a juste publié une critique dithyrambique de Saucisse Party le même jour, une excellente de Don't Breathe y a quelques jours, mais c'est sûr il n'aime RIEN.

jo
29/09/2016 à 01:12

Les copiés/collés de J.J et la lourdeur de Nolan, bonne association pour ne pas le voir

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