American Horror Story : la saison 6 est-elle la pire de toute la série ?

Geoffrey Crété | 18 novembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 18 novembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La saison 6 d'American Horror Story est-elle la pire de toutes ? 

Chacun a sa petite préférence. La simplicité originelle de la saison 1, Murder House. La folie extravagante et débridée d'Asylum. Les sorcières-pouffes de Coven ou les créatures de Freak Show. Ou encore la saison de Lady Gaga, Hotel. Chacun aura son coup de coeur, sa déception, son plaisir coupable. Et chacun aura ses raisons.

Pour nous, la saison 6 de l'anthologie créée par Ryan Murphy et Bryan Falchuk est hors catégorie. Plus que n'importe quelle autre, la cuvée 2016 aura été une énigme, semblable à une vaste et interminable plaisanterie. Après dix épisodes et une bonne dose de patience, une question : Roanoke est-elle la pire saison d'American Horror Story ?

 

ATTENTION : SPOILERS, EVIDEMMENT

 

Photo Sarah Paulson

 

AMERICAN ORIGIN STORY

La saison 6 lançait pourtant de bons signaux à l'origine. Vendue à grand renfort de mystère et d'affiches énigmatiques, avec pour la première fois la volonté de n'annoncer aucun thème ni titre, My Roanoke Nightmare tourne d'abord autour d'une nouvelle maison hantée, avec une économie de personnages étonnante vu le passif de la série. L'intention était claire : revenir à une histoire et une mythologie claires et solides, après une escalade de personnages, monstres et sous-intrigues devenue indigeste.

Une simplicité toute relative puisque My Roanoke Nightmare s'ouvre sur une mise en abyme ostentatoire : une série reconstitue les étranges événements vécus par un couple, qui partage face caméra ses souvenirs tandis que des acteurs rejouent le cauchemar. L'occasion pour les fans de retrouver des visages familiers puisque Sarah Paulson (pour la première fois desservie par l'écriture, alors qu'elle était jusque là la lumière de la série) joue la version TV de Lily Rabe, avec aussi Angela Bassett, Kathy Bates, Evan Peters, Denis O'Hare, Wes Bentley, Frances Conroy, Cheyenne Jackson ou encore Finn Wittrock parmi les protagonistes. 

 

Photo Lily Rabe

 

AMERICAN BORING STORY

Avec 10 épisodes, Roanoke est la plus courte des saisons. C'est aussi la plus ennuyeuse. L'épisode 6, qui casse la narration, a été très commenté : l'équipe derrière la série dans la série décide de produire une deuxième saison sous forme de télé-réalité, avec les "vrais" personnages et leurs versions télévisées réunis dans la fameuse maison, truffée de caméras. Un Loft Story qui tourne sans surprise au carnage - dans tous les sens du terme.

Si la première partie de saison est passablement médiocre, avec une mise en scène qui rappellera les grandes heures du film de genre (comme Phénomènes paranormaux, ce film oublié et oubliable avec Milla Jovovich), la deuxième vire encore une fois au petit chaos. Plus encore que les saisons à moitié ratées de la série, celle-ci donne l'impression de gesticuler dans tous les sens, pour faire diversion et masquer un manque cruel d'invenitivité.

 

Photo Cuba Gooding

 

AMERICAN FOUTRAQUE STORY

Au-delà de cette mise en abyme fumeuse et lourde, répétée et appuyée à outrance, le problème de cette sixième saison est simple : les personnages. Dans American Horror Story comme ailleurs, la force des protagonistes a toujours été un moteur.

Ce n'est pas un hasard si dès la saison 2, la série s'est construite autour de Jessica Lange : la renommée et la puissance de l'actrice exigeaient une héroïne solide, charismatique, avec une réelle dimension dramatique. La religieuse, la chef des sorcières et la meneuse de revue allemande étaient ainsi des héroïnes torturées, tragiques et envoûtantes, comme un phare dans la nuit cauchemardesque et souvent chaotique des saisons. 

Dans Murder Hourse, la famille était le coeur classique de l'intrigue. Dans Hotel, il était moins solide, flirtait trop avec l'auto-parodie, mais était en partie sauvé par la générosité de certains éléments - les parents meurtris, la pute malheureuse, la diva vampirique et ses amants épris de vengeance. Lana Winters, de retour dans cette sixième édition, reste l'un des personnages les plus intéressants et emblématiques de la série, qui aura su porter l'écriture baroque de son année.

 

Photo Jessica Lange

 

AMERICAN HORROR PARODY

Dans Roanoke, il n'y a ni empathie ni immersion. Difficile de s'attacher à ces caricatures à peine esquissées, qui reposent plus sur la familiarité des visages que sur la nature des personnages. La chose se résume vite à un manège ennuyeux et grossier, avec de nombreux personnages qui passent à toute vitesse le temps de quelques scènes, vulgaires outils narratifs désincarnés. Comment ne pas regarder d'un oeil à moitié concerné ce pauvre cauchemar quand les personnages sont inintéressants, voire totalement vides quand l'un d'eux dit "comment on va échapper à ces conneries à la Paranormal Activity"

Il faudra attendre les 5 dernières minutes du dernier épisode pour avoir une vraie scène posée, qui prend le temps de raconter quelque chose sans se cacher derrière une pirouette formelle. L'idée de conjuguer l'horreur à l'émotion autour d'une relation entre une mère et son enfant est classique, mais efficace. Peu importe, il est trop tard.

En prenant un plaisir plus ordinaire que pervers à torpiller les acteurs narcissiques, les producteurs cyniques, les accro à Instagram et Uber, ou encore les utilisateurs de Youtube, AHS prend surtout le risque de devenir un cliché aussi gros et ridicule que ses victimes ordinaires. La saison se place vite entre les Sims et les Kardashian dans une maison hantée. C'est bien évidemment l'intention, mais c'est surtout la triste limite de la saison.

 

Photo Kathy Bates

 

Au fil des épisodes, il devient clair que la saison repose moins sur ses personnages que sur son concept. Le poids des stéréotypes, du troisième degré, des multiples mises en abyme et niveaux de mise en scène (caméras de surveillance, portées par les acteurs, placées dans la reconstitution ou dans un studio) témoigne d'une volonté de remettre à plat le genre. Un pari intéressant et même malin, vu que la série de Ryan Murphy et Bryan Falchuk a pris soin d'aborder le genre sous toutes les coutures. Quitte à l'user, et s'user très vite.

Encore eût-il fallu que le concept se révèle à la hauteur. Car Roanoke n'est ni très malin, ni vraiment drôle, ni véritablement étonnant dans sa manière d'aborder le genre. Aucune vraie réflexion dans le fond comme dans la forme, avec l'amère sensation de subir une vaste supercherie.

 

Photo Angela Bassett

 

AMERICAN HORROR STORY 

Autre problème majeur : le manque d'horreur dans cette nouvelle édition d'American Horror Story. Ni généreuse, ni angoissante, ni originale, la saison 6 se contente d'apparitions minables et d'une poignée de séquences gore moyennement satisfaisantes. La menace est multiple, des hommes aux têtes de cochon à la You're Next aux Amish psychopathes, en passant par une famille de rednecks à la Massacre à la tronçonneuse et quelques discrets motifs classiques (les jumelles, la fille accrochée au plafond).

Trouillomètre à zéro donc. Aucune scène, image ou mort mémorable, ou en tout cas rien qui ne soit à la hauteur des saisons précédentes. Aucune inventivité dans les costumes, les décors ou les situations : toute la saison semble avoir été mâchée et remâchée pour n'offrir qu'un vague voyage sans frissons. La chose a vite des airs de bal costumé pas bien inspiré (Evan Peters en aristo gay), avec des giclures de sang banales et des apparitions plates. En assumant son aspect campy au point de le mettre en avant en croyant être malin, la série se tire une balle dans le pied.

 

Photo Wes Bentley

 

La série râtisse tellement large qu'elle se termine par une bande de chasseurs de fantômes qui explore la fameuse maison, avec un avertissement en début de séquence pour signaler que (surprise) l'expédition finira dans le sang. Là encore, la tentative amusante d'offrir un panel du genre (avec notamment le found footage) se transforme en théâtre du grotesque et du facile. Comme si la partie contemporaine d'Asylum avec Adam Levine et Jenna Dewan-Tatum avait été étirée.

Même dans ses pires moments, American Horror Story a toujours eu pour elle son appétit d'ogre, et sa capacité à générer une foule d'images et de séquences irrésistibles - une créature en latex dérangeante, un numéro musical décalé ou encore un psychopathe à l'allure terrifiante. La mythologie de cette sixième saison, vaguement inspiré par le mystère de Roanoke (une colonie qui aurait mystérieusement disparu en Virgnie au XVIème siècle), se révèle donc étonnamment pauvre comparée aux précédentes saisons.

 

Photo Lady Gaga

 

AMERICAN DECEPTION

Rien n'aura donc pu préparer à cette sixième saison, profondément insatisfaisante et déplaisante. Avec ce motif de mise en abyme et de discours récurrent sur le cynisme des audiences et du système, la série devient une carcasse vide, trop convaincue de sa propre intelligence pour corriger et surmonter ses défauts. Et à un stade où American Horror Story cherche à se renouveller, ce récit faussement original rappelle surtout les faiblesses de l'anthologie.

Un sentiment particulièrement présent dans le dernier épisode, où la mémorable Lana Winters de la saison 2 réapparaît dans quelques scènes. Avant ça, il y aussi eu des références à Murder House et Freak Show. Ryan Murphy évoque en boucle que les saisons sont liées et que les fans doivent s'attendre à de futurs ponts entre les histoires, notamment en affirmant que Lady Gaga apparaît dans un rôle de sorcière lié à Coven.

Difficile alors de ne pas se demander si American Horror Story ne tourne littéralement en rond. Et que dans ce petit manège infernal, le plaisir et la folie ont laissé place à l'ennui et la gêne.

 
 

American Horror Story - saison 6 affiche

 

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commentaires
Coratil
11/09/2020 à 18:38

Tellement pas d’accord avec votre article
J’ai trouvé que c’était très flippant et très gore, la pire de toute en termes de sang. L’histoire était originale la façon de tourner aussi
Je vous trouve extrêmement dur

Fée-line45
17/04/2019 à 09:35

Waaaah je suis un peu choquée par cette article car je ne suis pas du TOUT d'accord avec cette avis!!! C'était tout à fait l'inverse pour moi, j'ai trouvé cette saison beaucoup meilleur que d'autres!!! J'étais totalement immergé et je l'ai trouvé bien structuré ...

Phil
17/05/2018 à 00:03

Depuis la saison 1 je suis accroché j adore tout est bien fait pas de reproche j achete. Tout par contre deçu par le saison 6

Harmonie
06/04/2018 à 11:26

Pas du tout d'accord avec l'analyse de cette article.Comme quoi tous les goûts sont dans la nature.J'ai adorée cette saison six.Bien ficelée avec des clins d'oeil a différents film d'horreur existant.Katie Bathes est suoerbe actrice.

Cindyrella
05/04/2018 à 10:33

Entièrement d'accord avec votre article : Au fil des saisons, je trouve que la série se dégrade. Hotel m'avait déjà bien déçue par rapport aux autres, mais alors là, ils touchent le fond!
Même les documentaires de hantise filmés sur le même principe sont bien plus effrayants que ça. Hormis des hurlements de cochon et des coups de hachoirs navrants, sans parler du doublage digne d'une très mauvaise interprétation théâtrale, il ne se passe rien, on s'ennuie ferme. Pire, c'est tellement nul, que j'ai hâte que l'épisode se termine, alors que j'ai dévoré les saisons précédentes... Je pense qu'ils sont à court d'idées, et que cela doit s'arrêter maintenant. Dommage, car j'étais vraiment fan...

Ttttt
04/04/2018 à 17:04

À lire certains commentaires et votre critique j'ai l'impression qu'on n'a pas regardé la même série ! C'était terrifiant, sombre, horrifique et un ensemble de qualité et de super idées pleines de clin d'oeil aux anciennes saison !

La seule chose que je pourrais reprocher est le comportement de la plupart des personnages qui ont des réactions inexplicables et donc des morts très bêtes, tout plus l'unes l'autre en plus de certaines incohérences (on a compris pourquoi Matt est revenu, mais alors Shelby et Lee ont vécu l'enfer mais reviennent comme si elles ne savaient pas ce que c'était ? Wtf ?)

VR1440
28/10/2017 à 22:33

Grand fan d' AMS depuis le début , j'ai aimé toutes les saisons sauf la 6 qui est vraiment vide . Comment ont il pu sortir une daube pareille. Trop déçu j'en reviens toujours pas

Burf
20/09/2017 à 07:46

Je ne comprend pas les critiques négatives, personnellement j'ai trouvé que ça été la meilleur de tous les saisons : Comme lepetitprince j'ai aimé la critique du voyeurisme de la société moderne, mais de plus il y avait quelque chose de prenant, de captivant dans la deuxièeme partie de la saison, lorsque les acteurs et les vrais personnages vont dans la maison hantée, car moi aussi c'est à partir de ce moment que j'ai vraiment trouvé que ça décollait, la première partie était plutôt cou-ci cou-ça.

Maski mask
05/09/2017 à 20:28

Chacun sont avis ... Cette saison est la meilleure de puis la 2 je l'ai revu de 2 fois et je suis pret a la revoir encore mais la j'attend Cult

.
19/07/2017 à 21:58

Sans conteste, la pire saison! Grande fan de la série, je ne comprend absolument pas ce que cette saison vient faire là
Cest un grand foutoir sans aucune logique dans la réaction des personnages.
On ne retrouve pas l'ambiance lourde et glauque des autres saisons, ici c'est juste du gore à outrance! Bref aucun intérêt !

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