Critique : La Toile d'araignée

Julien Foussereau | 20 mai 2007
Julien Foussereau | 20 mai 2007

Qu'est ce qui fait un bon film de privé ? Sont-ce les figures imposés telles que la plongée dans un monde qui dépasse notre enquêteur, le tabassage de ce dernier par diverses factions mal intentionnées, une ambiance nonchalante ou la méfiance généralisée envers le beau sexe (caressant dans le sens du poil les plus misogynes d'entre nous) ? La Toile d'araignée regorge de ces éléments. Hélas, molle du genou est cette enquête située dans les eaux troubles des bayous de Louisiane. L'idée de retrouver Newman dans la peau de Lew Harper était séduisante. Difficile de lui reprocher quoi que ce soit : malgré ses cinquante printemps, l'acteur dégage toujours un charisme indéniable et ne tombe jamais dans le ridicule.

 

Le cœur du problème réside essentiellement dans l'histoire qui, hormis le déplacement géographique vers la Nouvelle-Orléans, se révèle être une vague resucée de Détective Privé, la première aventure de Harper. La recherche du milliardaire est remplacée par le débusquement d'un maître-chanteur faisant pression sur une ancienne amante de Harper. Néanmoins, l'impression de déjà vu se fait lourdement sentir. Alors on suit d'un œil assez distant les tribulations de notre privé, émaillées de quelques sourires à l'écoute de punchlines bien senties. On reste de marbre devant le couple Newman / Woodward visiblement heureux de jouer ensemble, à en juger par les variations multiples du tube Can't Take My Eyes Off You ...jusqu'au morceau de bravoure de la piscine inondée (soit le titre original : The Drowning Pool) bien ficelé quoique « gentiment » emprunté au Testament du Dr Mabuse...

 

Le film terminé, on repense au dénouement (que nous tairons) et la comparaison avec Chinatown, sorti un an plus tôt, apparaît comme inévitable. En partant d'un banal fait-divers, Polanski décrivait une société propre en apparence, dissimulant tant bien que mal la perversion des liens du sang et la corruption du pouvoir. Rosenberg part de rien, lui aussi, pour finalement arriver à boucler un épisode deluxe de Columbo. À partir de ce constat, une question inutile donc essentielle : The Drowning Pool aurait-il été meilleur si Paul Newman avait été affublé d'un imper crasseux et d'un basset artésien ?

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