Martyrs : Critique

Jean-Noël Nicolau | 3 juillet 2008
Jean-Noël Nicolau | 3 juillet 2008

Beaucoup de bruit pour rien, c’est en substance ce que l’on se dit en sortant de la projection de Martyrs, film qui aura fait un peu parler de lui à cause d’une interdiction aux moins de 18 ans (annulée depuis). L’œuvre s’inscrit dans la longue liste des déceptions des « films de genre à la française », liste qui s’allonge d’année en année, ne préservant qu’un nombre très réduit de réussites. Les intentions sont toujours bonnes, mais Martyrs trouve le prétexte le plus médiocre pour faire, encore une fois, subir un long calvaire à des jeunes filles.

Complaisant jusqu’au comique, le film de Pascal Laugier se voudrait une grande réflexion sur la souffrance et sa puissance. Mais en restant strictement au degré le plus bas de sa représentation, il n’atteint jamais la transcendance espérée. On est ainsi bien loin des grands chefs-d’œuvre sur le sujet. Le thème du chemin de Croix ayant été abordé par presque tous les cinéastes, il est difficile de passer après Robert Bresson, Bergman ou Pasolini. On viendra peut-être nous reprocher de sortir des références aussi pédantes face à un film aussi minuscule que Martyrs, mais la prétention qui se dégage peu à peu de l’œuvre mérite d’être gentiment remise en place.

 

 

Si la première partie enchaîne tous les lieux communs thématiques et visuels du cinéma d’horreur de ces dernières années, c’est la seconde moitié du métrage qui surprend par ses choix malheureux, le pourquoi de l’histoire étant d’une naïveté quasi désarmante. Il ne s’agit pas pour autant d’une épure à la Haneke ou d’une intensification à la REC. C’est un grand sentiment de vide qui nous envahit doucement, entre ennui et molle consternation.

Martyrs n’apportant rien dans son propos, la gratuité de sa violence n’en est que plus frappante. Au niveau du gore, on est dans le tout venant des Saw et autres Hostel, auxquels le film ressemble bien plus qu’il ne le souhaiterait sans doute. Le systématisme de l’horreur agira évidemment sur les personnes impressionnables, qu’elles aient plus ou moins de 18 ans ne changeant strictement rien. Mais on a envie de dire : quel intérêt ? Oui, on peut se lasser des tortures lancinantes sur de jolies actrices impliquées dans leurs rôles.

 

 

En se situant entre deux eaux, à la limite entre le fun et la dénonciation, Martyrs échoue sur tous les tableaux. Creux dans son propos et fatigant dans sa méchanceté, le film s’achemine vers un final que l’on pourra trouver doucement ridicule. Encore une fois, on aimerait citer d’autres références, cinématographiques, littéraires, musicales, picturales, d’artistes ayant cherché au cœur de la souffrance humaine pour y trouver des réponses morales, métaphysique, philosophiques, passionnantes. Mais ce serait faire bien trop d’honneurs à un film qui ne mérite pas tant.

 

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