Critique : À ce soir

Aurélie Mayembo | 13 septembre 2005
Aurélie Mayembo | 13 septembre 2005

Les jambes de Sophie Marceau sont décidément un objet filmique à part entière. Glamour à souhait dans le policier Anthony Zimmer, on les retrouve dans À ce soir foulant une campagne aux couleurs automnales dans une paire de collants épais. Changement de décor, changement d'ambiance mais une fois de plus c'est l'étonnante présence physique de l'actrice qui est au centre du film. En incarnant Nelly, une jeune infirmière qui se retrouve veuve brutalement et refuse les rites traditionnels liés à la mort - enterrement-deuil -, la comédienne épouse les paysages froids et légèrement fanés qui habitent le film et se montre vibrante.

Partagée entre refus, épuisement et égarement, son personnage est une figure qui se dérobe et dont le mystère tient dans la relation, évoquée par petites touches, avec le mort. C'est l'une des belles idées de la réalisatrice Laure Duthilleul que de faire le portrait en creux d'un couple et d'une famille autour de cet absent qui n'a peut être jamais été aussi présent. Car, le mort est un personnage à part entière et son rôle est de révéler peu à peu les sentiments de ses proches (un beau-frère un peu trop proche de sa belle-sœur, un couple qui part en miettes, une femme perdue entre son rôle de mère et d'amante…

Sur ce sujet pas forcément évident, Laure Duthilleul dont c'est le premier film s'en sort bien, glissant quelques scènes second degré quand on s'y attend le moins. Le problème est que le film souffre d'une aridité rebutante pour le spectateur tant au niveau du rythme que du dépouillement des décors et des situations. Peut-être par souci d'authenticité et par envie de filmer une France qu'on ne montre jamais ou si peu (celle du monde rural), la réalisatrice s'enferme dans un univers qui refuse toute séduction et finit par lasser. On sent derrière ces partis pris esthétiques l'influence de cinéastes comme Pialat (héritage assumé) et Doillon pour le regard porté sur les enfants, mais ces figures tutélaires ne suffisent pas à, donner de la densité à ce film souvent proche de l'électrocardiogramme plat, et que même la présence de l'actrice la plus populaire de France ne parvient à sauver.

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