La Fille coupée en deux : Critique

Sandy Gillet | 23 juillet 2007
Sandy Gillet | 23 juillet 2007

Mine de rien Monsieur Chabrol est devenu un peu sans crier gare notre Woody Allen à nous. Avec plus de 55 films à son actif, La Fille coupée en deux étant son 56ème, le gaillard issu de la Nouvelle Vague est en effet devenu bien malgré lui une sorte d'icône du cinéma français. De cette posture dont il ne veut point entendre parler car sentant bon le formol et la putréfaction ante mortem, Chabrol tente de la dessouder depuis 1995 et son immense La Cérémonie.

Mais le chemin qu'il a décidé d'emprunter, bien que certainement nécessaire pour ne pas tomber dans la routine d'un cinéma dont à l'évidence il a fait le tour, est jalonné de maladresses étonnantes (Au Coeur du mensonge, sorte de redite en fa très mineur de La cérémonie) et d'écueils mal négociés (La Fleur du mal et son cast aussi improbable que celui de Châteauvallon). Mais l'homme trace sa route obstinément et le cinéaste avec lui qui voit par exemple en Benoît Magimel le pendant à l'écran de ce troisième ou quatrième souffle tant recherché... De fait outre une sorte de retour aux sources peu convaincante avec L'ivresse du pouvoir qui lui permettait de diriger à nouveau Isabelle Huppert, Claude Chabrol aura été fidèle à sa découverte et avec le recul on ne peut qu'approuver une telle linéarité tant sa Fille coupée en deux vaut enfin le détour.

 

 

C'est que Magimel y est enfin convaincant en fils de bourge arriviste de province entre petit minet insignifiant mais détestable et cynique manipulateur. En face il y a Ludivigne Sagnier à la beauté ronde et sensuelle mais déjà un peu fatiguée... d'attendre le prince charmant qu'elle croira trouver en la personne de cet écrivain de renom joué par François « je suis dans tous les films français qui comptent du moment » Berléand. De cette partition à trois personnages, Chabrol va nous en proposer une sorte d'épure de « trio amoureux » qui n'en est donc pas un et va s'amuser à brouiller les pistes de ce qui restera comme une petite sucrerie de marivaudage urbain qu'un Sacha Guitry n'aurait pas renié.

 

 

Au final si La fille coupée en deux est certainement le film le plus chabrolien au sens originel du terme et donc son plus réussi depuis des lustres, son titre ne laisse pas indifférent tant on sent tout de même le cinéaste tiraillé entre deux volontés. Celui de vouloir exploser les conventions de son propre cinéma sans que jusqu'ici le résultat ait été probant et celui de rentrer dans le chou d'une société dont il reste à aujourd'hui le meilleur miroir non déformant. Une forme de schizophrénie salutaire ?

 

 

 

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