Critique : Henry, portrait d'un tueur en série
Avec Henry portrait d’un serial killer, l’inclassable
John McNaughton (difficile de faire le lien entre Henry…, Mad
dog and glory et Sexcrimes) signe une œuvre
tétanisante dont il est impossible de sortir totalement indemne. Henry,…
fait partie de ces films rares que l’on visionne sans aucun plaisir tout en lui
reconnaissant d’indéniables qualités.
Au cours de cette descente aux enfers dans le quotidien d’un tueur en série
filmé à la manière d’un documentaire, la caméra de McNaughton se contente de
dépeindre les gestes d’une banalité déstabilisante sans jamais chercher à juger
ou à prendre parti. Au fil des minutes, un malaise nous envahit : forcé de
regarder les actes barbares commis par Henry et son acolyte Otis, la
fascination pour le morbide et le sordide propre à la nature humaine étant ici
habilement utilisée, le spectateur subit un lent et douloureux choc traumatique
qui culmine dans une dernière scène horrifiante, sans doute l’une des séquences
les plus choquantes que le cinéma ait pu produire. McNaughton nous laisse au
bord de la route, à côté de cette valise ensanglantée avec nos peurs, nos
interrogations sur cet être en apparence si peu différent de nous et qui
pourtant commet les pires atrocités sans éprouver le moindre remord et surtout
le moindre plaisir.
Film d’une incroyable noirceur à l’esthétisme glauque et prenant au piège ses
spectateurs avec talent, Henry portrait d’un serial killer possède
un tel pouvoir de fascination (Michael Rooker, phénoménal dans le rôle titre, y
apportant une énorme contribution) qu’il est impossible de détourner le regard
et ce malgré un évident sentiment de répulsion. Très, très fort !
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