Critique : Possession

Clément Benard | 20 mai 2009
Clément Benard | 20 mai 2009

En 1978, suite à son expérience désastreuse sur Sur le Globe d'argent (le gouvernement polonais a littéralement enterré le projet avant la fin du tournage), Andrzej Zulawski se retrouve blacklisté dans son pays d'origine et est contraint à l'exil. Le cinéaste s'installe donc à New-York et se met à l'écriture d'un nouveau projet. C'est à Berlin que le cinéaste décide ensuite de mettre en boîte son film, voulant ainsi faire se dérouler l'action au plus prêt du bloc communiste. Il n'est donc pas étonnant que la perte d'identité soit au cœur du film.

Bien que doté d'un pitch de départ des plus classiques lorgnant vers le mélodrame (un mari de retour chez lui soupçonne sa femme de le tromper), Zulawski parsème son film de nombreux éléments fantastiques qui viennent exacerber la mutation qui va s'opérer chez les personnages. La vie de ce couple bien sous tous rapports, interprété par Isabelle Adjani et Sam Neill, va ainsi se transformer en véritable descente aux enfers. Progressivement plongés dans une folie destructrice, ils vont alors se faire souffrir tant physiquement que moralement au point que corps et esprit ne font plus qu'un. La scène dans les couloirs du métro où le personnage d'Isabelle Adjani devient hystérique et se met à suinter du sang démontre ainsi toute l'ambivalence de la narration qui oscille entre le drame et l'horreur. Zulawski orchestre avec brio la déchéance du couple qui va sombrer dans la schizophrénie.

Le film tire une grande partie de sa puissance de l'implication des ses deux acteurs principaux. Pour Adjani, qui est dans le creux de la vague à cause de sa mauvaise réputation, ce rôle est un formidable exutoire. Sam Neill n'en est lui qu'au balbutiement de sa carrière d'acteur et compte bien sur ce projet pour le faire connaitre. La dévotion qu'ils vont avoir pour leur rôle va être ainsi sans limite quitte à frôler parfois la folie pure.

Ce qui fait la richesse du film est également les différents niveaux de lecture qui s'offrent aux spectateurs. Il est ici autant question de sentiments (conséquences de l'adultère sur la santé mentale), de surnaturel (le monstre phallique) que de politique (proximité du mure de Berlin). Il n'est donc pas étonnant que Possession jouisse d'une réputation sulfureuse tant sa singularité le place au panthéon des œuvres cultes.

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