Critique : À boire

Julien Welter | 13 décembre 2004
Julien Welter | 13 décembre 2004

En regard de ce long métrage qui use la pellicule autant que le spectateur, ainsi qu'en référence à son précédent film et jolie réussite (Reines d'un jour), le bon mot du journaleux serait sûrement : « Marion Vernoux dégrise après avoir été la reine d'un jour ». Car dans ce long métrage, qui affiche son caractère singulier dès le générique peint, la réalisatrice s'éloigne du succès pour se pencher le temps d'une longue heure trente sur une pochade arrosée sans grand intérêt.
En réunissant une distribution plus qu'enviable, Marion Vernoux réitère à première vue la narration d'un télescopage de vies. Sauf que, cette fois-ci, il ne débouchera sur aucun échange en raison d'un seul élément perturbateur, commun à tous sans pourtant être fédérateur : l'alcool. Dérivant entre pathétisme et éthylisme, le salut de ces trois existences imbibées sera le rétablissement d'un appareil normal de communication, comprenez la parole sobre.
Intéressante et juste, cette vision de l'alcoolisme ennuie toutefois par le mimétisme un peu forcé que la mise en scène s'emploie à travailler par le cadrage fatigué et le montage cut. Ne rattrapant rien, la mollesse du scénario finit d'alourdir un rythme qui traînait déjà un peu la patte. Pâteux, le dispositif cinématographique peine à s'exprimer et finit par emprisonner dans la mauvaise caricature des acteurs dont le talent comique est ailleurs indéniable. Il suffit d'évoquer pour cela l'écharpe verte et le manteau beige d'Édouard Baer, la doudoune bleue et les lunettes d'Atmen Kélif, ou les hauts talons et les fesses nues d'Emmanuelle Béart pour comprendre qu'ils sont cantonnés, voire reclus, dans une atmosphère « Les Bronzés font du ski mais s'ennuient ».
Au final, le film ne restitue aucune impression, ou alors la bonne : celle d'un perplexe ennui.

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