La Maison du diable : critique indémodable

Sandy Gillet | 20 octobre 2007
Sandy Gillet | 20 octobre 2007

Difficile d'imaginer comme cela que le réalisateur de West Side Story ou mieux de La Mélodie du bonheur est aussi celui de cette Maison du diable. Et pourtant ce petit bijou de film d'épouvante honteusement « remaké » en 1999 par Jan « je n'ai fait que des daubes » de Bont s'inscrit bien dans la filmographie de Robert Wise entre ces deux incontournables (qu'on le veuille ou non) du cinéma mondial. Preuve s'il en est que le bonhomme pouvait en 1963 se permettre de réaliser ce qu'il voulait et de traiter à nouveau un genre qui le lança originellement dans le grand bain de la mise en scène.

 

 

C'est en effet en 1944 que Wise, remplaçant au pied levé un G.von Fritsch renvoyé pour lenteur, fit ses premières armes en tant que réalisateur à la RKO (il était jusqu'ici reconnu comme monteur émérite de Citizen Kane et La Splendeur des Amberson) avec La Malédiction des hommes-chats, vague suite ratée de La Féline de Tourneur. Wise fut aussi le réalisateur deux ans plus tard de Body Snatcher, véritable acte de naissance d'une filmographie qui comptera beaucoup de films importants et quelques authentiques chef-d'oeuvres dont cette Maison du diable en fait bien entendu éminemment partie.

 

 

L'histoire y est pour beaucoup où la simplicité de son argumentaire fait joliment écho à la complexité de son traitement faussement linéaire. Quoi de plus cinégénique en effet que de vouloir s'approprier les tribulations d'un petit groupe de personnes qui ayant tous vécus une expérience extrasensorielle se retrouve réuni dans un vieux manoir réputé hanté dans le but avoué de prouver l'existence de fantômes et autres esprits frappeurs ? Quoi de plus éculé aussi … Si ce n'est que le génial instigateur du Jour où la terre s'arrêta prend le parti pris de ne rien montrer ou si peu et axe son travail sur une mise en scène faite de cadrages quasi baroques, d'un découpage en porte-à-faux complet avec la rythmique hollywoodienne d'alors et d'une bande son extrêmement évocatrice voire éprouvante.

 

 

Le seul bémol que la patine du temps n'a pas arrangé est le côté un peu suranné du personnage campé par Julie Harris dont les motivations d'une autre époque et la psychologie de bazar décrédibilisent un tantinet cette rédemption par le mal qui prend la forme d'une volonté de se perdre corps et âme dans les entrailles d'une bâtisse qui se repaît de la peur de ses occupants. Reste qu'avec The Haunting Robert Wise signait là un film d'épouvante fascinant et encore aujourd'hui incroyablement effrayant et qui tout comme un Psychose de trois ans son aîné, aura repensé les codes du genre et marqué toute une génération de cinéastes. David Lynch et David Cronenberg en tête.

 

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