Critique : Bridget Jones : L'Âge de raison

Julien Welter | 3 décembre 2004
Julien Welter | 3 décembre 2004

Même si la routine a quelque chose de rassurant et de réconfortant, celle-ci provoque l'usure au sein d'un couple, quel qu'il soit. Sans vouloir inaugurer une consultation psy au sein du site, cette affirmation de comptoir résume, non sans ironie, l'ennui profond que l'on ressent à regarder la suite des aventures de Bridget Jones.
Indéniablement, les premières (mé)aventures cinématographiques de l'Anglaise rondouillarde avaient séduit le public et créé un lien entre le personnage d'Helen Fielding et ses spectateurs. Le célibat féminin à 30 ans et les atermoiements sur le prince charmant du XXIe siècle croquaient avec bonheur et légèreté un trait grandissant dans nos sociétés modernes. En multipliant en plus les liens avec l'époque de Jane Austen (la trame du Journal de Bridget Jones est très inspirée de celle d'Orgueil et préjugé ; Colin Firth a également joué Mark Darcy dans l'adaptation télévisuelle de ce roman du XIXe siècle), le film établissait légèrement quelques rapports sociologiques piquants sur la condition féminine actuelle.

Mais en mari sans imagination, Hollywood, avec cette suite, met le public à l'épreuve de la monotonie tant l'histoire et les situations dramatiques sont rigoureusement les mêmes. Tomber amoureux et rester amoureux n'est pas la même histoire, alors pourquoi les tergiversations de Bridget Jones à propos de son couple auraient-elles droit à la même scène de pull de Noël, au même trajet embarrassé vis-à-vis de son fiancé, et aux mêmes doutes que lors du premier épisode ? La psychologie du personnage n'ayant pas changé d'un iota, l'engourdie et envieuse « Londonienne girl » se transforme par la simple répétition de son caractère en psychopathe obnubilée par son homme et les prétendants qui frappent à son portillon. L'identification outragerait n'importe quelle femme.
En romancière inspirée, Jane Austen n'a jamais écrit de suite à Orgueil et préjugé, ce qui a visiblement posé un problème à Helen Fielding (auteur du roman et coscénariste du film) puisqu'elle bégaye la même histoire. De gags nuls en gags lourds, le long métrage est un programme puéril de redites, qui ne radiographie jamais franchement le couple.
Mais finalement, l'Hollywood d'aujourd'hui sait-il raconter autre chose que des coups de foudre ?

Résumé

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