Critique : Au bout de la nuit

Laurent Pécha | 22 avril 2008
Laurent Pécha | 22 avril 2008

Entre Ellroy et la police de LA, c'est une longue et tortueuse « histoire d'amour ». Après un Dark blue pas assez convaincant, l'auteur du Dahlia noir ne démord pas et revient avec un scénario directement imaginé pour le grand écran. Ca s'appelle Street kings (Au bout de la nuit en français) et c'est un p... de bon film !

 

Un polar hard boiled qui n'est pas près de réconcilier Ellroy et ses « potes » en bleu. Tous pourris serait-on tenté de s'écrier à la vue de cette descente aux enfers de Tom Ludlow (Keanu Reeves, puissant) chargé des sales besognes pour faire « respecter » la loi au sein d'une section spéciale dirigée par le charismatique et influent capitaine Jack Wander (Forest Withaker, énorme) et qui va se retrouver suspecté de la mort d'un de ses collègues. A la barre du projet, David Ayer qui s'y connaît pour parler des corruptions policières, puisque déjà auteur du scénario de Training day et Dark blue et passé à la réal avec un sujet du même acabit (Bad times). Un cinéaste totalement habité par le matériau qu'il exploite ici, à l'image d'une séquence d'ouverture brutale délimitant parfaitement l'univers violent et sans concession dans lequel évolue Tom et ses « amis ».

 

Noir, c'est noir, et on n'est pas là pour rigoler dans les rues de Street kings, ce sera donc la devise d'un récit tendu qui a l'immense intelligence de fonctionner sur deux niveaux (ça marche aussi bien si on est ou non en avance sur l'enquête menée par Keanu Reeves). Totalement habité par son rôle (l'a-t-on déjà vu aussi bon ?), l'ex-Neo trimballe ses failles et son désir de vengeance avec un jusqu'au boutisme plus d'une fois tétanisant. Semant la mort partout où il passe, il arpente les rues de LA, obsédé par une quête de vérité qui risque de le mener à sa perte. Qu'importe, comme tout bon « héros » imaginé par Ellroy, la rédemption se paye forcement dans un bain de sang. Et Street kings ne déroge pas à la règle. Bien au contraire.

 

Désabusé, flirtant avec un nihilisme troublant, le film de Ayer, magnifiquement cadré et photographié, est une vraie révélation : Ellroy n'est pas qu'un écrivain de génie, c'est aussi un formidable scénariste.  

Résumé

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