Severance : Critique

Patrick Antona | 18 octobre 2006
Patrick Antona | 18 octobre 2006

Après un premier film qui confirmait le renouveau du cinéma fantastique anglais, Creep en 2004, Christopher Smith continue dans la veine horrifique en s'attaquant au genre du survival avec Severance. Mais plus ambitieux cette fois-ci, il essaie d'enrichir le propos en y ajoutant une forme de critique sociale (le commerce des armes au niveau des grandes compagnies), satire qui vire rapidement vers l'humour noir, avec cette pointe si british qui permet de flirter avec le grotesque tout en sollicitant le cerveau.

Dans une première partie essentiellement comique, avec ce stage d'entreprise qui tourne au vinaigre, permettant aux diverses individualités de se réveler dans un esprit proche du sitcom The Office, les comédiens britanniques démontrent une nouvelle fois leur aptitude à sonner juste, permettant une identification et une empathie assez rapide, la direction d'acteur évitant avec soin le gros trait qui aurait rendu la suite du film pénible. Et lorsque l'action violente débute vraiment dans la seconde partie, avec auparavant un petit intermède suspens de circonstance, le duo d'infortune constitué par l'employé branleur-fumeur de pétards (impeccable Danny Dyer) et la cadre timorée en besoin de reconnaissance (la surprenante Laura Harris) se dégage avec aisance et permet au spectateur de ressentir les effets du jeu de massacre qui est en train de se livrer.

 

 

Plus réussi et moins putassier dans sa démarche que le frelaté Hostel, le film de Christopher Smith assume son côté gore par le biais de séquences assez douloureuses (dont un pré-générique choc et fulgurant) où bien sûr l'humour n'est jamais absent mais ne vient jamais désamorcer le côté horrifique. On peut toutefois regretter que la mise en scène ne soit pas assez léchée en ce qui concerne la partie "traque" du film, Christopher Smith ayant choisi de tourner presque à l'arrache pour faire ressentir le côté urgence qui se joue pour les survivants du groupe. De même, le gag anti-Bush qui ponctue le récit à un moment donné peut sembler être de trop.

 

 

Mais malgré ces réserves, Severance dont le rapport avec Delivrance n'est absolument pas galvaudé, est un vrai film d'horreur qui évite avec soin de tomber dans un côté moralisateur mais tout en assurant au niveau violence et trash, comme au bon vieux temps du cinéma d'exploitation des 70's. Cinéma d'exploitation auquel le cinéaste n'hésite pas à rendre un ultime hommage au vu d'une séquence Girls with Gun du meilleur effet et qui ravira l'amateur, lassé par les bien trop prudes prestations de Jovovich et autres Angelina Jolie.

 

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