Critique : Les Amitiés maléfiques
Quand le scénariste de Desplechin (notamment Comment je me suis disputé ) investit pour son second film les milieux estudiantins, on se dit que le cinéaste a matière à dresser un portrait sans concession d'une jeunesse dorée ivre de savoir et de connaissance. Aux carrefours des genres, Les Amitiés maléfiques répond effectivement à cette attente en nous entraînant dans un microcosme singulier où les tensions sont aussi réelles que feutrées. À un âge où l'influence règne encore en maître, Emmanuel Bourdieu suit les relations intimes d'une bande de jeunes écrivains en herbe qui vont tout à la fois se construire mutuellement pour mieux se détruire et se reconstruire.
Sur le mode romantico-vampirique, cette lutte d'influences juvénile fascine par l'aisance d'une mise en scène disséquant les moindres gestes et regards de ces héros pas encore hommes et par la maestria d'une troupe de comédiens habités par leur rôle. Prenant l'optique salvatrice de ne pas juger ses personnages forcement imparfaits donc terriblement humains et attachants, Bourdieu renvoie intelligemment le spectateur à ses propres turpitudes, incapable de savoir lequel de ces êtres de chair a sa préférence, sa reconnaissance.
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