Critique : L'Impossible monsieur Bébé

Laurent Pécha | 21 septembre 2006
Laurent Pécha | 21 septembre 2006

L'Impossible M. Bébé est à la fois l'une des oeuvres maîtresses de Howard Hawks, l'une des comédies les plus réjouissantes et parfaites que Hollywood ait jamais produite, et une démonstration cinglante du pouvoir de séduction féminin.

 

Précurseur des films mettant en vedette un duo comique qui se tire sans cesse dans les pattes pour finir par s'apprécier ou s'aimer (dans le cas présent), L'Impossible M. Bébé est un monument dans l'art d'enchaîner les événements burlesques les plus étourdissants. Cary Grant est ainsi littéralement happé par l'exubérante et passionnée Katharine Hepburn, transformant la première demi-heure du film en une succession ininterrompue de situations catastrophiques et embarrassantes pour notre héros masculin. De manière éclatante, l'actrice donne ses lettres de noblesse au dicton « Qui aime bien châtie bien » : à mi-chemin entre la véritable maladresse (la scène où elle emboutit la voiture de Cary Grant) et le stratagème de séduction diaboliquement féminin (par exemple lorsqu'elle lui fait croire, au téléphone, qu'elle est attaquée par un léopard afin qu'il vienne la secourir), elle incarne dans toute sa démesure et de manière irrémédiablement attirante LA femme, celle qui prend finalement toujours les devants lorsqu'elle a décidé qui serait l'homme de sa vie. Face à cette véritable tornade, machine à provoquer les catastrophes et à mettre des bâtons dans les roues dès qu'une situation ne lui convient pas (de manière volontaire ou involontaire), Cary Grant, en professeur coincé et ne voyant pas plus loin que le bout de son travail, est bien évidemment condamné à tomber sous le charme.

 

L'Impossible M. Bébé, c'est donc durant 100 minutes le jeu de séduction de ces deux êtres, avec un sens du tempo (qui rend géniale chaque comédie de Hawks) et du renouvellement incessant de situations farfelues, que les innombrables quiproquos et attaques déguisées à l'establishment ne font qu'enrichir. À l'image de la phrase prononcée par Cary Grant (« Je suis devenu tout d'un coup gai »), qui permet à Hawks et ses scénaristes de s'amuser à défier la censure de l'époque, tout en offrant à l'acteur de La Mort aux trousses de jouer de manière incroyable de son ambivalence sexuelle qui a continuellement été source d'interrogation à l'époque pour son public.

 

Boudé à sa sortie, signe évident de sa modernité, L'Impossible M. Bébé est devenu un classique incontournable à visionner sans modération, et notamment en s'amusant à noter les innombrables emprunts ou influences reprises depuis plus de soixante ans dans le cinéma.

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