Party girl Critique : Party girl

Simon Riaux | 18 mai 2014
Simon Riaux | 18 mai 2014

Sous Ses airs de chronique sociale naturaliste, Party Girl dissimule un concept bien spécifique, puisque l'un des trois réalisateurs de ce film, remarqué lors de la dernière Quinzaine des réalisateurs livre ici, un récit à haute teneur autobiographique. La comédienne principale du métrage étant sa propre mère, dans un rôle qui ne serait pas évoquer sa propre existence, la frontière entre fiction et réalité est ici volontairement brouillée. Que vaut donc cette œuvre dont les ingrédients ne sont pas sans évoquer les plus tristes heures de l'auto-fiction franchouillarde.

Contre toute attente, c'est du côté de l'écriture des personnages et de la finesse psychologique que l'œuvre de Samuel Théis, Claire Burger et Marie Amachoukeli marque de nombreux points. Ce portrait cru mais élégant d'une entraîneuse sexagénaire tentant de se ranger recèle quelques séquences dont la précision et l'intelligence impressionnent. Au détour d'un plan, dans l'hésitation d'une voix, les comédiens (quasiment tous amateurs) parviennent à transpercer l'écran et par fulgurances le cœur du spectateur. C'est un portrait du doute, de la mélancolie autant que d'une certaine forme de narcissisme pervers qu'établit Party Girl à travers cette radiographie d'un prolétariat sentimental, dont la liberté de ton s'avère saisissante.

Hélas ce que le film gagne en subtilité et en impact émotionnel, il ne le traduit jamais esthétiquement. La faute peut-être à une forme qui à trop vouloir s'insérer dans les canons plastiques du cinéma vérité ne trouve jamais sa voie propre, à moins que la présence simultanée de trois auteurs n'ait étouffé les ambitions formelles du projet. Si la mise en scène n'est jamais déficiente à proprement parler, elle a ainsi bien du mal à s'imposer et à offrir via la photographie ou son découpage un langage qui permette au film de dépasser son statut de curiosité à l'humanité vibrante, faisant de son statut autobiographique une donnée plus parasitaire que porteuse de sens.

EN BREF : Un récit dont l'humanité et la justesse sont indéniables, mais minorés par une forme trop pauvre pour marquer l'œil du spectateur.


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