Critique : The Face of Love

Sandy Gillet | 15 juillet 2014
Sandy Gillet | 15 juillet 2014

Si le nom d'Arie Posin ne vous dit rien, c'est normal. Israélien de naissance et de parents russes ayant fuit l'URSS brejnévienne pour migrer aux States, il n'a à son actif que deux longs métrages dont The Face of love qui de surcroît est le premier à être distribué dans nos salles. Projeté pour la première fois à Toronto en septembre dernier, doté d'un budget ridicule (4 millions de dollars) mais ayant su attirer trois belles têtes d'affiche, il est la preuve vivante que le cinéma américain sait encore générer en son sein des pépites dont la filiation est à rechercher ici du côté de Douglas Sirk.

 

Sans oublier un zeste hitchcockien version Vertigo. Le clin d'œil est d'ailleurs tellement appuyé que sur le moment on est décontenancé. À l'image du personnage interprété par Annette Bening qui croise dans le musée d'Art moderne de Los Angeles le sosie parfait de son défunt mari joué par Ed Harris. Que faire ? L'aborder ? Le suivre ? Courir très loin et ne plus y penser ? Ce qui pouvait s'apparenter les quinze premières minutes à un film déclinant les poncifs sur le deuil et l'hypothétique reconstruction d'une vie sans l'autre se transforme alors en une romance flamboyante et dangereusement schizophrène. La subtilité de l'écriture qui arrive à nous embarquer sans problème dans les méandres d'une histoire de prime abord rocambolesque n'est d'ailleurs pas la moindre de ses qualités. Il faut en effet y adjoindre la remarquable direction d'acteurs, qui permet à chacun de « s'épanouir » au gré de nuances psychologiques de moins en moins traitées au sein du cinéma américain.

Au-delà, voici un script qui donne la possibilité à des comédiens de nous émouvoir et de paradoxalement nous offrir une cure de jouvence à contre-courant du jeunisme outrancier qui fait office de mètre étalon dans nos sociétés dites modernes. Il faut voir avec quelle gourmandise Robin Williams s'approprie son second rôle de voisin transi d'amour pour une veuve inaccessible pour comprendre que ce type de scénario ne court plus les rues à Hollywood et que d'en être ce n'est pas seulement donner un coup de pouce (tous les comédiens ont revu leur salaire à la baisse) mais bien un plaisir nstantané d'acteur.

La réalisation de Posin accentue ce sentiment par le biais d'un cadre qui là non plus n'oublie pas de citer ses classiques et d'un découpage qui fait la part belle à un rythme délétère et finalement oppressant. On a l'impression de regarder un film de baroudeur qui sait exactement où nous emmener pour mieux nous perdre à la fin. C'est délicieusement anachronique, parfaitement aboutit et atrocement impeccable.

En bref : Un scénario et une mise en scène à la douceur et à la précision rares portés par deux acteurs au diapason pour un film qui rend hommage de la plus belle des manières à Sueurs froides de Sieur Alfred Hitchcock.

Résumé

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