Critique : La Braconne

Christophe Foltzer | 2 avril 2014
Christophe Foltzer | 2 avril 2014

Premier film de Samuel Rondière, La Braconne s'affirme d'emblée comme une vraie proposition de cinéma : un film fortement social et très ancré dans un genre précis, le film noir.

 

On en a vu des caisses et des caisses des films partant du postulat de La Braconne : un vieux lion taciturne qui apprend la vie et le métier à un jeune loup un peu paumé. On pourrait craindre le pire si Samuel Rondière ne traitait pas son sujet avec beaucoup de finesse et de tendresse pour ses personnages. Si les premières minutes font peur car gavés des poncifs que l'on attendait dans une première œuvre (le p'tit gars énervé qui parle banlieue, les autres qui parlent Audiard) on se laisse finalement prendre par l'histoire à mesure que ces défauts se gomment. L'univers mis en place est simple mais dense et crédible, les personnages, colorés, sont attachants. Le traitement formel est lui aussi surprenant et confirme que Rondière connaît et maîtrise (en partie) son sujet : on pense aux Affranchis et à tous ces polars/thriller post Nouvel Hollywood par moments, sans oublier l'influence évidente d'une série comme Sur Ecoute pour son traitement naturaliste et qui tire volontiers vers le documentaire. Autour de cela, un cachet typiquement français, qui n'oublie jamais là d'où il vient et présentant une réalité sociale que l'on a peu l'habitude de voir au cinéma : la France des Z.I., des usines, des petits deals sur les parkings déserts. Du coup, le film entier fait écho à un quotidien extrêmement crédible qui renforce d'autant plus l'identification aux personnages.

Les comédiens sont, quant à eux, très bons. Si Patrick Chesnais est parfait dans son rôle de truand fatigué par la vie, charismatique et inquiétant tout autant que fascinant, le jeune Rachid Youcef n'a pas à rougir. Alors que les premiers instants laissent craindre le pire, il s'impose progressivement dans son rôle de petite frappe, lui apporte une densité inattendue pour finalement créer un personnage dramatique extrêmement plaisant, d'autant plus que le duo qu'il forme avec Chesnais fonctionne très bien.

Malheureusement, le film n'est pas exempt de défauts. Il est effectivement empreint d'un certain maniérisme qui peut fatiguer, ses dialogues sont beaucoup trop écrits et versent fréquemment dans l'artificiel et on sent bien que le réalisateur a, avant tout, pensé son film « à la manière de ».

 

EN BREF : Une bonne surprise que La Braconne. Un petit film dont on n'attendait pas grand-chose qui au final emporte l'adhésion. Gageons que les maladresses qui plombent le film ne soient que des erreurs de jeunesse. Quoi qu'il en soit, Samuel Rondière est un réalisateur à suivre.

Résumé

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